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Photos, poésie, extraits de livre
humanité en déroute
Humanité en déroute
10 ans, peut-être Dans la presque nuit Le garçon au teint basané Quête une pièce. Sa mère l’attend. |
25 ans, à peine plus, La jeune femme roumaine Se trouve un nouveau logis Amant, amie ou autre. Ne plus retourner là-bas. |
35 ans, même moins Le Syrien quête aussi Deux ans qu’il est ici. Son pays est foutu La neige glisse sur son blouson. |
60 ans, et davantage, Assis devant l’étroite Entrée de la poste Le vieil homme tend la main. Chaque menue pièce est bienvenue |
A quel moment, notre dignité s’efface-t-elle Pour qu’à notre tour, nous tendions la main ? |
trois amis en quête de sagesse (Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard)
Christophe André :
J'ai été très touché par une expérience récente lors d'un colloque sur la souffrance dans un monastère zen. Il devait y avoir 150 personnes dans la salle, et un monsieur dévasté se lève pour raconter que son fils est schizophrène, qu'il délire régulièrement, casse tout à la maison et qu'il est hospitalisé en ce moment.
Il ne sait pas que faire et nous demande conseil.
Je suis bien embêté, parce que, dans les cas compliqués et lourds comme celui-ci, il faudrait des heures pour comprendre, et une vie pour accompagner. Mais se dérober et esquiver en disant "c'est trop compliqué pour me contenter de quelques mots, ou pour conseiller" n'est qu'une solution de facilité, une dérobade.
Un des maîtres zen présents lui dit alors quelque chose que je trouve juste, conceptuellement, mais dur humainement : il lui parle d'impermanence et d'acceptation, si je me souviens bien. Je vois à la tête du monsieur que cela ne le console guère, et je pense intérieurement : "Qu'est-ce que je pourrais dire qui l'aide, en peu de mots et de temps ?".
J'ai pris la parole sans savoir et je me suis entendu lui dire quelque chose comme : "Ecoutez, vous êtes impuissant à l'aider, ça fait des années que vous n'y arrivez pas, alors acceptez cette impuissance, sans renoncer à être présent à ses côtés, lui montrer que vous l'aimez même si vous ne pouvez pas l'aider, et l'accepter tout au fond de vous. Car, pour l'instant, rien d'autre ne semble possible".
C'est une attitude qu'on adopte souvent en médecine : d'abord accepter d'être impuissant à aider comme on voudrait le faire. Le papa souhaite légitimement que son enfant souffre moins, mais tant qu'il n'accepte pas de ne rien pouvoir faire, il souffre doublement : il est affecté par la situation de son enfant et il s'inflige une autre dose de souffrance en n'acceptant pas son impuissance.
Ensuite, être le plus présent possible. J'ai dit ensuite à ce papa endolori :"Quoi que vous fassiez, chaque fois que vous serez aux côtés de votre fils, que vous lui parlerez, que vous tenterez d'établir un lien avec lui, cette présence sera quelque chose d'important pour lui, à un point sans doute que lui, vous, moi, ne mesurons pas."
J'ai eu l'impression que ces mots l'avaient apaisé et, à la fin de la journée, il est venu me parler pour me remercier. Je ne sais pas ce qu'il est advenu : c'est compliqué, parfois on fait du bien aux gens sur le moment, mais dans le temps ? Est-ce que ces paroles lui ont finalement ouvert un chemin et ont diminué durablement son tourment ?
Christophe André (médecin psychiatre, est l'auteur de imparfaits, libres et heureux - méditer jour après jour - n'oublie pas d'être)
Alexandre Jollien (philosophe, a vécu 17 ans dans une institution spécialisée pour personnes handicapées, est l'auteur d'éloge de la faiblesse - petit traité de l'abandon - vivre sans pourquoi)
Matthieu Ricard (moine bouddhiste depuis 40 ans, vit au Népal où il se consacre aux projets humanitaires de Karuna-Shechen, est l'auteur de le moine et le philosophe - l'art de la méditation - plaidoyer pour le bonheur -plaidoyer pour l'altruisme - plaidoyer pour les animaux)
TROIS AMIS EN QUETE DE SAGESSE
Le monde est un arbre (suite et fin) de Zéno BIANU
Le monde est un arbre (suite et fin)
arbres
qui habitez les haïkus
je vous écoute
j'écoute votre sève de silence
et Ryôkan m'émerveille
le monde est devenu
un cerisier en fleurs
...
Le monde est un arbre
et nous feuillons infiniment
entre la mort et la vie
...
arbre d'étoiles recueillies
chemin de cœur chemin de vie
chemin que prennent sans répit
les cyprès de Vincent
en poussière d'étoiles
cyprès galaxies
eaux vives de l'instant
émergeant toujours du présent
cyprès foudroyés foudroyants
hors du mesurable
énergie pure
discontinuité créatrice
vision d'une vie enfin complète
le monde est un arbre
et nous sommes les feuilles
de ses branches
un arbre dressé
qui regarde les veines du ciel
un arbre perdu
qui pousse au centre du monde
un arbre éperdu
qui se couche lentement sur le lit du vent
Zéno BIANU
(le désespoir n'existe pas)
Le monde est un arbre (suite) de Zéno BIANU
Le monde est un arbre (suite)
le monde est un arbre
et nous sommes les feuilles
de ses branches
nous feuillons infiniment
entre splendeur et souffrance
je n'y suis pour personne
dit l'arbre nu d'Emily Dickinson
chaque arbre est un dessin d'herbier
lui répond Sylvia Plath
chaque arbre
ouvre à la plus haute qualité d'attention
chaque arbre dit
son infinie révérence
à tout ce qui est
chaque arbre écoute
notre éclosion
arbre de coeur arbre de vie
chemin de veine en paradis
Zéno BIANU
(le désespoir n'existe pas)
Le monde est un arbre de Zéno Bianu
Le monde est un arbre
un arbre dressé
qui regarde les veines du ciel
un arbre perdu
qui pousse au centre du monde
un arbre éperdu
qui se couche lentement sur le lit du vent
le monde est un arbre
le monde est un arbre
et nous sommes les feuilles
de ses branches
c'est l'arbre étoilé d'anges
que vit un jour
le tout jeune William Blake
au milieu d'un champ
....
ce sont les arbres-poumons d'Amazonie
qu'il faut défendre pour l'éternité
ce sont
avant tout et à jamais
les oliviers de Giotto
oliviers bienveillants
frères arbres
attentifs à la descente du bleu
dans l'esprit de Saint François
attentifs à descendre
pour mieux s'élever
descendre
au plus profond des racines
pour atteindre le fond du ciel
...
Zéno BIANU
(le désespoir n'existe pas)
Défi 178 .. le seul truc pas chouette c'est qu'au paradis ............
« Le seul truc pas chouette c’est qu’au paradis,
on va manquer de saucisses et de chips.
Dieu ne veut pas qu’on ramène des choses d’en bas.
Il a crée le paradis, donc c’est parfait… Point !
Et on en a pour l’éternité »
défi proposé par LilouSoleil
Si la vie n’est qu’un passage, dans ce passage au moins, semons des fleurs
Montaigne
Mal au crâne, jambe qui brûle, bras cassé, Kévin se réveille :
« j’étais mieux dans l’au-delà ! » confie-t-il à sa mère.
Samedi soir, après une soirée bien arrosée (pas fous les gars, la bouteille de vodka était dans la voiture) et à fricoter avec quelques filles bien roulées, nous sommes rentrés, dans la vieille twingo de Jérémie et ……… un chat blanc, minuscule … il a voulu l’éviter et l’embardée, les tonneaux, le choc, l’impression que nous étions dans un film sans fin.
Un moment gris souris, l’impression de tenir la main de Jérémie et de Nono, bien, j’étais bien, bien, bien … comme lorsque nous sautons dans la suave Ardèche du cirque de Gens, près de Chauzon (Ardèche). Délassé, chaud, libre, une sensation d’être un poisson, la respiration oubliée, juste être une truite arc-en-ciel. Les deux autres semblaient parfaitement heureux et nous nous laissions emmener par le courant.
A travers l'eau, le soleil dardait ses rayons, nous étions fous de joie. Même Nono ne ricanait plus, ne regrettait pas son éternel paquet de chips et sa Stella Artois. Des bulles irisées sortaient de sa bouche, « même pas faim, même pas soif ! ».
Jérémie, lui, qui d’habitude râle et rôte à qui mieux mieux, filait doux. Et ronronnait presque. La rivière s’élargissait, des bulles nous chatouillaient, la musique était trop classe : on aurait dit Adèle.
Moi, qui m’ennuie pour rien, jamais sans zique, sans face de bouc, sans un pote, tu vas doucement rigoler, c’était le pied et je ne demandais rien, trop heureux d’être. Nous n’étions plus seuls, des vieux, des jeunes, des noirs, des blancs, des vaches, des ours, des souris et des mésanges. Cela devenait presque comme une chorale. Les gens s’envoyaient de petits sourires, les mésanges s'adaptaient vite à leur nouvel élément.
Devant nous, j'ai vu Nicole, ton ancienne collègue (elle envoyait un baiser) et aussi, Guy Corneau, celui qui est en photo sur le livre posé sur ta table de chevet.
Nous ne cherchions pas à nous faufiler comme d’habitude, non, nous étions si cool d’être ensemble. Les couleurs se mixaient, se mouvaient, nous caressaient. Jamais senti quelque chose d’aussi agréable, d’aussi bon. Et ma main a lentement glissé de celles de mes potes. Jérémie, qui jamais ne m’oubliait, de Nono, avec qui j’étais copain depuis le CP.
Au creux du ventre, un petit pincement, près du cœur, une voix chaude me glissant « il est temps que tu rejoignes ta mère, elle a besoin de toi. »
Et me voilà, maman, j’ai mal, je souffre,, je pleure, maman, je t’aime, prends moi dans tes bras.
à vous qui êtes dans l'au-delà
- Guy Corneau décédé le 5 janvier 2017, psychanaliste, a écrit de nombreux livres (la guérison du coeur, revivre, le meilleur de soi ..),
- Nicole A. décédée le 23 novembre 2017,
- Christophe décédé le 28 décembre 2016.
neige
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Les anges se sont lâchés Plus léger que la fleur de coton Plus doux que la laine angora Plus soyeux que le cachemire Leur souffle subtil Embrasse de blancheur neigeuse Les arbres et herbes et maisons. |
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L’air est doux Moelleux L’air Suspendu, lumière La neige Allège, libère Illumine Respiration espiègle ! |