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Le camp des autres (le camp des autres)

29 Novembre 2018, 20:23pm

Publié par durgalola

Dans le ventre sauvage d'une forêt, la nuit est un bordel sans nom. Une bataille veloutée, un vacarme qui n'en finit pas. Un capharnaüm  de résine et de viande, de sang et de sexe, de terre et de mandibules. Là-haut, la lune veille sur tout ça. Sa lumière morte ne perce pas partout mais donne aux yeux qui chassent des éclairs argentés. Gaspard est recroquevillé contre le chien. A  moitié recouvert par lui, il le serre dans ses bras trop courts. Le feu n'empêche pas d'avoir froid, le maintient dans un demi-sommeil parcouru de sursauts. Le feu n'empêche pas d'avoir peur, le monde entier autour d'eux grouille comme une pieuvre sombre. Le vent siffle, souffle, gémit, gonfle les buissons comme des poitrines et fait craquer les branches. On entend les insectes sous les écorces, les becs de rapaces qui fouillent dans les goitres égorgés, les petits os craquants sous les mâchoires des rongeurs. On dirait que c'est le sol tout entier qui bouge. Et au loin, parfois, lorsque tout se calme, un hurlement éventre le vide noir qui les entoure. Il y a des loups, ou des hommes quelque part, qui se déchirent l'âme, il y a des peines, des cris, des grognements tout autour qui givrent jusqu'à l'aube. ... Au moment où la nuit s'enfuit en un souffle et se grise en fils de brouillard, une bête s'est approchée jusqu'à renifler la fumée piquante et humide de sa manche. Gaspard en un sursaut qui ouvre tout à la fois ses grands yeux et ses petits bras le chasse d'un cri aigu, sans comprendre pendant cette seconde encore suspendue au sommeil qu'il voit détaler sous les épines le panache roux d'un cul de renard. Prenant soin de caresser le chien, il se relève alors un peu plus faible, abîmé et frigorifié que la veille.

 

Thomas VINAU

Le camp des autres

 

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Le crapaud de Victor Hugo (1)

29 Novembre 2018, 19:24pm

Publié par durgalola

Le crapaud
Que savons-nous ? qui donc connaît le fond des choses ?
Le couchant rayonnait dans les nuages roses ;
C'était la fin d'un jour d'orage, et l'occident
Changeait l'ondée en flamme en son brasier ardent ; 
Près d'une ornière, au bord d'une flaque de pluie,
Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ;
Grave, il songeait ; l'horreur contemplait la splendeur.
(Oh ! pourquoi la souffrance et pourquoi la laideur ? 
Hélas ! le bas-empire est couvert d'Augustules,
Les Césars de forfaits, les crapauds de pustules,
Comme le pré de fleurs et le ciel de soleils !) 
Les feuilles s'empourpraient dans les arbres vermeils ;
L'eau miroitait, mêlée à l'herbe, dans l'ornière ;
Le soir se déployait ainsi qu'une bannière ;
L'oiseau baissait la voix dans le jour affaibli ;
Tout s'apaisait, dans l'air, sur l'onde ; et, plein d'oubli,
Le crapaud, sans effroi, sans honte, sans colère,
Doux, regardait la grande auréole solaire ; 
Peut-être le maudit se sentait-il béni,
Pas de bête qui n'ait un reflet d'infini ;
Pas de prunelle abjecte et vile que ne touche
L'éclair d'en haut, parfois tendre et parfois farouche ;
Pas de monstre chétif, louche, impur, chassieux,
Qui n'ait l'immensité des astres dans les yeux. 
Un homme qui passait vit la hideuse bête,
Et, frémissant, lui mit son talon sur la tête ;
C'était un prêtre ayant un livre qu'il lisait ;
Puis une femme, avec une fleur au corset,
Vint et lui creva l'œil du bout de son ombrelle ;
Et le prêtre était vieux, et la femme était belle. 
Vinrent quatre écoliers, sereins comme le ciel.
– J'étais enfant, j'étais petit, j'étais cruel ; –
Tout homme sur la terre, où l'âme erre asservie,
Peut commencer ainsi le récit de sa vie. 
On a le jeu, l'ivresse et l'aube dans les yeux,
On a sa mère, on est des écoliers joyeux,
De petits hommes gais, respirant l'atmosphère
À pleins poumons, aimés, libres, contents ; que faire
Sinon de torturer quelque être malheureux ? 
Le crapaud se traînait au fond du chemin creux.
C'était l'heure où des champs les profondeurs s'azurent ;
Fauve, il cherchait la nuit ; les enfants l'aperçurent
Et crièrent : « Tuons ce vilain animal,
Et, puisqu'il est si laid, faisons-lui bien du mal ! » 
Et chacun d'eux, riant, – l'enfant rit quand il tue, –
Se mit à le piquer d'une branche pointue,
Élargissant le trou de l'œil crevé, blessant
Les blessures, ravis, applaudis du passant ;
Car les passants riaient ; et l'ombre sépulcrale
Couvrait ce noir martyr qui n'a pas même un râle,
Et le sang, sang affreux, de toutes parts coulait
Sur ce pauvre être ayant pour crime d'être laid ; 
Il fuyait ; il avait une patte arrachée ;
Un enfant le frappait d'une pelle ébréchée ;
Et chaque coup faisait écumer ce proscrit
Qui, même quand le jour sur sa tête sourit,
Même sous le grand ciel, rampe au fond d'une cave ; 
Et les enfants disaient : « Est-il méchant ! il bave ! »
Son front saignait ; son œil pendait ; dans le genêt
Et la ronce, effroyable à voir, il cheminait ;
On eût dit qu'il sortait de quelque affreuse serre ;
Oh ! la sombre action, empirer la misère !
Ajouter de l'horreur à la difformité ! 
Disloqué, de cailloux en cailloux cahoté,
Il respirait toujours ; sans abri, sans asile,
Il rampait ; on eût dit que la mort, difficile,
Le trouvait si hideux qu'elle le refusait ; 
Les enfants le voulaient saisir dans un lacet,
Mais il leur échappa, glissant le long des haies ;

(à suivre)
 
Victor HUGO

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promenade à Riquewihr

28 Novembre 2018, 17:55pm

Publié par durgalola

promenade à Riquewihr

 

promenade à Riquewihr

 

promenade à Riquewihr

 

promenade à Riquewihr

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Jouons

23 Novembre 2018, 20:14pm

Publié par durgalola

Jouons,

Jouons au crocodile.

Là et là, la mare

Et quand je m'approche

Tu m'attrapes.

Là et là, la mare

Et moi, je me défends.

Jouons,

Rires et rires,

La jeune enfant toute en énergie

ne craint pas la crocodile

que je suis, pleine dents. 

Jouons,

Encore et encore,

au crocodile dans sa mare.

 

Agab - 11/18

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électricité dans l'air

23 Novembre 2018, 20:08pm

Publié par durgalola

Electricité dans l'air

L'énervement se communique

d'homme à femme à enfant

Clôture de nos champs intérieurs.

L'orage secoue, l'orage crache.

Le dragon échappe à notre raison.

Certains crient des propos infamants,

D'autres tirent sur les ennemis :

Pan, rage au ventre, pan, se venger.

L'énervement rompt l'humanité

Le dragon, sans amour, implose.

 

Agab - 11/18

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promenade photographique du 16 au 31 octobre

23 Novembre 2018, 14:31pm

Publié par durgalola

promenade photographique du 16 au 31 octobre

 

promenade photographique du 16 au 31 octobre

 

promenade photographique du 16 au 31 octobre

 

promenade photographique du 16 au 31 octobre

 

promenade photographique du 16 au 31 octobre

 

promenade photographique du 16 au 31 octobre

 

promenade photographique du 16 au 31 octobre

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promenade dominicale messine / octobre 2018

16 Novembre 2018, 21:05pm

Publié par durgalola

promenade messine un beau dimanche d'octobre

 

 

promenade messine un beau dimanche d'octobre

 

 

promenade messine un beau dimanche d'octobre

 

 

promenade messine un beau dimanche d'octobre

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défi 212

15 Novembre 2018, 19:18pm

Publié par durgalola

 Voici à la barre du navire pour ce défi 212, Lénaïg qui nous présente deux photos de Street Art,

ou Art de la rue, dont nous pourrons disposer à notre guise, ou en choisir une autre,

ou ne pas mettre d’image du tout MAIS le défi va consister à écrire une petite histoire

en y incluant au moins l’une des propositions suivantes :

  • un regard bizarre,
  • les murs ont de grandes oreilles,
  • la chance me sourit.

défi 212

La rue, longue et encore éclairée, rue de quartier tranquille, bordée d'immeubles ouvriers, la rue attend son passant. 

Les arbres feuillus somnolent, là haut, les étoiles et quelque avion venant des îles Canaries, donnent du piquant au ciel.  A cette heure presque tardive, les volets baissés, les habitants regardent une série Westworld, ce monde fabriqué. D'autres sont accrochés à leurs écrans.  La rue "Eugène Sue" patiente. Un homme ordinaire, jean et casquette vissée sur la tête, fume une cigarette. La dernière de la journée, et remonte rejoindre son amante. Un chat miaule, crie même, poursuivant une grisette pas du tout énamourée. La rue s'assoupit, laisse échapper quelque brume. Seulement les murs ont de grandes oreilles et ronronnent "une silhouette, une femme, une demoiselle, une arpette".

Elle avance à pas rapides, la nuit est fraîche, elle s'emmitoufle dans son écharpe rousse. Vite, rejoindre sa voiture, garée dans une rue voisine. Tard, elle est restée trop tard dans ce café à échanger avec ses copains d'avant, rire des blagues idiotes, bref, oublier les heures à rallonge dans son travail de graphiste. Dessiner des arbres aux ramures délicates, cela prend des heures et la revue "Herbages" la presse, comme toujours, de terminer au plus vite pour la publication. Elle marche, court presque lorsque soudain elle se trouve en face du mur. Un immense chat, peint sur le mur par un grapheur pas très talentueux. Elle pense déjà à ce qu'elle aurait dessiné.

La rue retient sa respiration, les murs n'en croient pas leurs oreilles. Après la surprise, elle (Ermandine), passe à travers le mur. Les yeux du chat ont cligné. Comme d'habitude, seulement, la peur n'a pas rendu la passante héberluée, affolée, se sauvant comme les autres, ou s'évanouissant. Les yeux du chat ont cligné, une fois deux fois après son passage. Sa jambe arrière, non gainée de soie, non chaussée d'escarpin, enfin disparaît. 

La nuit noire s'est évaporée, limbes roses de début d'aurore, et les yeux du chat ont perdu leur brillant. Les enfants avec leur sac à dos, se hâtent de rejoindre l'école, un petit chien brun et blanc, oreilles dressées renifle, les arbres dont les feuilles bruissent, allongent leurs branches. La rue silencieuse et les murs qui ont des oreilles attendent la nuit. Reviendra-t-elle ? Reviendra-t-elle ? A moins que, ... ou .. chut, intime la rue, patientons ! 

 

De l'autre côté,

du sable,

du sable et la mer,

le chat entraîne l'humaine

loin, loin, loin

vers l'oasis, palmiers et glouglous des fontaines.

La-bas, des chats, seuls, à deux, en groupe 

des chats ! 

et quelques humains attirés au hasard des villes. Elle reconnaît Colette, aussi Chateaubriand et son chat Micetto,

Elle s'avance, sourire aux lèvres ....

 

petit clin d'oeil au passe-muraille de Marcel Aimé

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promenade photographique du 1er au 15 octobre

11 Novembre 2018, 20:38pm

Publié par durgalola

promenade photographique du 1er au 15 octobre

 

promenade photographique du 1er au 15 octobre

 

 

promenade photographique du 1er au 15 octobre

 

 

promenade photographique du 1er au 15 octobre

 

 

 

promenade photographique du 1er au 15 octobre

 

 

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jeudi en poésie avec Josette

7 Novembre 2018, 14:48pm

Publié par durgalola

Josette pour le deuxième jeudi en poésie propose une poésie inspirée d’une fenêtre  ouverte ou fermée !

 

la fenêtre est ouverte !

champs labourés, 

voitures sautillantes sur la chaussée

la fenêtre est ouverte !

chat épiant les passants

grand mère curieuse des voisins

la fenêtre est ouverte !

plus pour longtemps

plus pour toujours

demain, la ferme d'antan

disparaîtra écrasée et jets de poussière

disparaîtront les souvenirs des vaches paissant

des blés engrangés

et le paysan, calot sur la tête,

passera en pleurant. 

la fe...

 

Agab

 

 

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