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Défi des croqueurs de mots : Vocalise de Rachmaninov

28 Mai 2015, 12:13pm

Publié par durgalola

Aujourd’hui pour ce défi notre amie Lilousoleil nous demande d’ouvrir nos oreilles…

Le morceau s’appelle « VOCALISE » composé par un certain Rachmaninov

Vous êtes inspirés par la musique, par le titre, par le compositeur ou encore par l’interprète.

Vos textes sont à poster pour le 01 juin

Et n’oubliez pas les jeudis poésie le 27 mai et le 4 juin poèmes libres

Et maintenant musique maestro

Première version

http://www.youtube.com/watch?v=R5IiC1kAdzM piano Emil Gilels

deuxième version

http://www.youtube.com/watch?v=5ZIQ2pHaJ1I Natalie Dessay

 

 


 

 

Comme bien souvent, Mona aimait à s’allonger sur le canapé. Elle se laissait porter par la musique. Comment se faisait-il qu’elle appréciait particulièrement  les musiques mélancoliques ? Celles qui remuent l’âme et vous font sentir plus vulnérables. Celles qui remuent vos gouttes de sang, les faisant vibrer une à une dans l’incroyable réseau filaire.

Mona écoutait radio classique aujourd’hui. Le ciel était doux, quelques nuages blancs, coton, transporteurs d’âmes calmaient les esprits humains. Et la musique, Vocalise de Rachmaninov s’imprégnait partout, dans son petit salon beige. Toufou dormait à ses pieds, Léonard, au garage, préparait sa moto pour une sortie « dans le vent ».

La voix s’élevait pure, créant un espace dans le temps … Toufou ne s’aperçut même pas de la disparition de Mona. Pas seulement dans une rêverie, mais entièrement, pieds nus, mollets, lentement, précisément, ventre, seins, mains, bras, cou et tête se dématérialisaient, s’effaçaient.

La montée fut lente, douce. Sans à coup, comme transportée dans les bras généreux d’un dieu ? d’un ange ? Mickaël, Raphaël ? Elle ne bougeait pas, seule une odeur printanière, marguerite, feuille de menthe et seringa mêlés, la prenait toute entière.

Monter, pour décrire une ascension qui n’en était pas une .. car ascension dit effort, dit visible élévation, là elle ressentait un calme de son cœur, doux, doux, lent.

Personne n’était présent pour l’accueillir, aucune vision, aucune nuée, juste la sensation d’être touchée, embrassée, caressée, un son cristallin d’une voix enfantine dans le lointain. Elle qui aimait voir, regarder, admirer, une coccinelle au dos d’une feuille, une fleurette embrassant une voisine, une cerise près de rougir, sa vue n’était plus.

L’instant, le temps, l’ère … impossible de calculer, s’était dissous. L’amour l’entourait. Chaud, bruissant, consolateur. La voix de sa grand-mère peut être, celle de Béatrice aussi, dont le rire jouait avec celui de l’enfant … et en  fond, tout en fond, résonnait  un hymne doux et vivifiant : « aime, aime, aime, aime », sur tous les tons, en dehors et en elle. La musique l’enroulait.

Mona ouvrit les yeux, la musique avait fondu, elle était seule, mélancolique, mélancoliquement heureuse, d’une mélancolie appelant l’amour toujours, espérant surtout. Elle mit ses chaussons roses, caressa le chien et prit son casque … rouler avec Léonard dans le vent.

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une photo par jour du 12 au 18 mai

26 Mai 2015, 18:12pm

Publié par durgalola

une photo par jour du 12 au 18 mai

une photo par jour du 12 au 18 mai

mardi : le bonheur est dans le pré

mercredi : coccinelle française, chinoise ou russe ... toute profite d'un moment ensoleillé

jeudi : les coquelicots s'ouvrent, les grands très très rouges, on dirait des Andalouses ou les petits, graciles, légers comme du plumetis

 

une photo par jour du 12 au 18 mai

une photo par jour du 12 au 18 mai

une photo par jour du 12 au 18 mai

vendredi : juste avant la floraison, les mûriers sont dans la finesse

samedi : le temps est frais et d'autres fleurettes attendent une douceur propice

dimanche : du bleu et s'en abreuver

lundi : une églantine mignonne a fleuri ; maintenant elle se déshabille pour offrir son coeur.

une photo par jour du 12 au 18 mai

une photo par jour du 12 au 18 mai

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triptyque : jeune famille

26 Mai 2015, 18:02pm

Publié par durgalola

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Le témoignage est un combat (biographie de Germaine TILLION) de Jean LACOUTURE

26 Mai 2015, 16:23pm

Publié par durgalola

 

Germaine TILLION (1907/2008), ethnographe, résistante de 1940, déportée à Ravensbrück, sociologue du nazisme, interlocutrice des combattants algériens, ennemie de la torture, avocate de l'émancipation de la femme méditerranéenne. Un hommage lui est rendu aujourd'hui au Panthéon

 

"... entre 1939 et 1945, j'ai cédé comme beaucoup à la tentation de formuler des différences, des mises à part : "ils" ont fait ceci, "nous" ne le ferions pas.. Aujourd'hui, je n'en pense plus un mot et je suis convaincue au contraire qu'il n'existe pas un peuple qui ne soit à l'abri du désastre moral collectif dont ce livre ne décrit qu'un secteur (Ravensbrück II)."

Et pour mieux marquer ce refus catégorique de germaniser la mal, d'enfermer le "désastre moral" dans quelque frontière que ce soit, Germaine Tillion tient à ajouter à son livre un "appendice n° 5", récit fait par son amie Nelly, assistante sociale arrêtée en Algérie par un groupe de parachutistes au motif qu'elle était réputée entretenir des relations avec le FLN. Avant d'être acquittée par un tribunal militaire après cinq mois de détention, cette jeune femme avait été sauvagement torturée par les subordonnés du capitaine Faulques, si sauvagement qu'un ancien SS allemand, engagé dans la Légion et affecté à la garde des prisonnières, faisait en comparaison, auprès d'elles figure de geôlier modèle...

 


 

 

"Vivre et agir sans parti pris n'est pas concevable : la vie n'est qu'options, et moins celles-ci sont évidentes, plus elles nous égarent. Tous tant que nous sommes nous n'optons pas qu'entre les partis, nous optons aussi sans cesse entre les êtres, entre les actions, entre les explications des êtres et des actions, et nous sommes constamment orientés, fibre par fibre, vis-à-vis de cet immense réseau d’événements et d'enchaînements qui tisse l'histoire. (...)

Il n'existe pas (...) de vrais indifférents, de vrais neutres, mais seulement des êtres qui n'ont rien compris. L'expérience est un patrimoine secret, très difficilement communicable, expliquant cette lucidité aiguë, pénétrante, qui peut se rencontrer entre adversaires ayant partagé le même drame et qui est parfois la sœur d'une amère et clairvoyante pitié. Ne comptons donc pas trouver des témoins sans "parti pris", mais le parti pris, lorsqu'il est de bonne foi, n'est qu'une des innombrables causes d'erreurs involontaires que l'on devra redouter, et les précautions générales que nous prendrons contre l'ensemble de celles-ci nous prémuniront du même coup contre lui..

Il restera naturellement au "parti pris" le domaine des interprétations d'où il est difficile de le débusquer - mais inversement l'absence totale de "participation" affective à un événement est un élément d'incompréhension quasi radical. Entre le parti pris et l'incompréhension la porte est étroite - mais cette étroitesse fait partie des données du problème historique et même, tout court, du problème humain." (Ravensbrück III)

 

 

Jean LACOUTURE

Le témoignage est un combat

une biographie de Germaine TILLION

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LIRE

25 Mai 2015, 16:31pm

Publié par durgalola

LIRE

pour Cécile

 

 

Lire

Entendre bruire les mots

Se lier à la voix intérieure

Siri* décrit

ses tremblements sauvages

Les fauteurs de trouble

dans son univers tranquille

et pour finir ...

fait la paix avec cet autre elle-même.

Sergueï* des accents proches de Rimbaud

et foule la campagne, la ville

l'ivresse, les filles, le ciel

Ses lieds

accompagnent ma route.

Et lui, Sandro*, l'Italien,

glace mon sang.

De son écriture fluide, humaine,

rivière chantante, glougloutante.

En l'enfant innocent,

il révèle un bourreau.

Dans le jardin jungle, décrit l'extermination

d'un animal sage : la tortue.

Est révélée la possibilité du mal

pour soi, pour les autres.

 

Les mots, un à un

égrènent leur chanson

et à eux, je suis liée

corps et âme.

 

A.G. 05/2015

 

* Siri HUSTVEDT (la femme qui tremble - une histoire de mes nerfs)

* Sergueï ESSENINE (le journal d'un poète)

* Sandro VERONESI (un coup de téléphone du ciel)

 

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une photo par jour du 5 au 11 mai

24 Mai 2015, 15:56pm

Publié par durgalola

une photo par jour du 5 au 11 mai

 une photo par jour du 5 au 11 mai

mardi : du petit bleu, tout petit bleu, pour s'inviter sans façon dans nos coeurs.

mercredi: un p'tit trèfle à 4 feuilles s'offre tout simplement.

jeudi : le grand bleu pour de petites jaunes en devenir

vendredi : p'tite famille lorraine en balade - bébé dort et les autres marchent - voici ma p'tite famille

samedi : j'adore les persévérants, qui entre bordure de trottoir et macadam, pointent leur nez - et là un p'tit bout de rien du tout - une exquise fleurette

dimanche : leur maman sera contente, les chenilles ont bon appétit et mangent prestement leur pitance. (pas trouvé leur nom) 

lundi :bébé et les trois copines

une photo par jour du 5 au 11 mai

une photo par jour du 5 au 11 mai

une photo par jour du 5 au 11 mai

une photo par jour du 5 au 11 mai

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bouche d'or, insecte secret et sceau terrestre

23 Mai 2015, 20:59pm

Publié par durgalola

 

 

 

 

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Siri Hustvedt - la femme qui tremble

20 Mai 2015, 17:25pm

Publié par durgalola

.. On sait à présent que des bébés âgés de quelques heures à peine imitent activement les expressions d'un adulte qui les regarde. Il semble que ce soit un trait inné. Non que les nouveau-nés aient une image corporelle de leur propre visage en train de bouger pour imiter le visage d'autrui. Ils n'ont pas conscience d'eux-mêmes. Ils ne sont pas encore les héros de leurs propres vies, mais leur réactivité aux visages est puissante.

Après la naissance de ma fille, j'ai passé des heures à la regarder, et elle me regardait. Je ne me sentais jamais rassasiée du visage de cette enfant et de ses grands yeux attentifs qui s'accrochaient aux miens. Ma mère a dit un jour à propos de mes sœurs et moi : "Quand vous étiez petites, je me régalais de vos visages." Cette expression résume bien l'émotion communiquée par le regard maternel, parce qu'elle se concentre sur le plaisir de regarder, sur le besoin de le faire.

De très petits bébés, âgés de quelques semaines, vous répondront aussi. J'en ai fait souvent l'expérience. Si vous parlez à un nourrisson et puis que vous attendez (il faut lui laisser le temps), il réagira en émettant des sons proches de la parole. Les débuts du langage sont imitation. Nous sommes des miroirs les uns pour les autres.

...

D.W. Winnicott écrit : "dans le développement émotionnel, le précurseur du miroir est le visage de la mère."

 

Siri Hustvedt

La femme qui tremble 

une histoire de mes nerfs

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La femme qui tremble de Siri Hustvedt

20 Mai 2015, 17:13pm

Publié par durgalola

Sans doute serait-il utile de décrire différents degrés de conscience.

Après tout, même quand j'écris, c'est inconsciemment qu'est engendrée une bonne partie de ce que j'écris. Je devine sous mes mots un monde préconscient d'où je les extrais, pensées non encore articulées mais potentiellement présentes, et quand je les trouve je crois à leur justesse ou à leur fausseté.

Oui voilà ce que je voulais dire. A quoi mesurer cela ? Ce n'est pas extérieur à moi.

Je ne possède aucun notion objective de la phrase parfaite qui exprimera au mieux ce que je veux dire. C'est au-dedans de moi que je le sais et, pourtant, cet intérieur verbal n'est-il pas pétri de l'extérieur, de tous les livres que j'ai lus, des conversations que j'ai eues et de leurs traces mnémiques ?

J'aime les expressions "ça me trotte dans la tête" et "je l'ai sur le bout de la langue", qui désignent ces vagues réminiscences sous-jacentes. 

 

 

Siri Hustvedt

la femme qui tremble

une histoire de mes nerfs

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Sergueï Essenine : journal d'un poète

20 Mai 2015, 17:04pm

Publié par durgalola

Heureux qui par un frais automne

largue son âme comme pomme au vent

et contemple le soc du soleil

fendre l'eau bleue de la rivière.

 

Heureux qui extrait de sa chair

l'incandescent clou des poèmes,

et revêt le blanc vêtement de fête

en attendant que l'hôte frappe.

 

Apprends, mon âme, apprends à garder

au fond des yeux la fleur de merisier ;

avares sont les sens à s’échauffer

quand du flanc coule un filet d'eau.

 

Les étoiles carillonnent en silence

Telle la boue à l'aube, telle la feuille blanche.

Nul n'entrera dans la chambre haute,

je n'ouvrirai la porte à personne.

 

Sergueï Essenine

1918

 

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