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Photos, poésie, extraits de livre
Défi 224 avec les croqueurs de mots
A la barre, Martine du quai des rimes chez les croqueurs de mots
Martine nous a proposé de choisir comme thème PASSE, PRESENT ou FUTUR. Après avoir composé un poème jeudi sur le thème du passé, aujourd'hui ce sera PRESENT et entre SAUF-CONDUIT POUR AUJOURD'HUI ou AUJOURD'HUI INEDIT, comme titre, je fais le choix de :
AUJOURD'HUI INEDIT
A la librairie des ormes, le personnel s'affaire, aidé aujourd'hui par Raphaëlle, la fille de Madame AURORE et Louis, notre client préféré. L'automne signifie rentrée littéraire et prix à gogo pour vendre et faire tourner la boutique. Les esprits chagrins ne manqueront pas de souligner le côté mercantile de ces prix littéraires. Mais regardez Madame AURORE, elle jubile, elle va et vient comme une reine. Raphaëlle, 24 ans est son lutin bleu ; elle ouvre les paquets avec rapidité, et regarde les titres, le nom des auteurs. Elle nous les donne, et fermement commande :" ceux-là, et ceux-ci, à préparer pour la vitrine" Louis, le jeune homme à la crinière de lion, confirme d'un oui franc ou chipoteur.
Nous sommes lundi et d'habitude, la librairie somnole, chacun profite de son week-end. Depuis plusieurs années, ce jour d'automne est fête. Manou, Brigitte et moi adorons lire et conseiller nos clients. En 2015, quand mon mari est parti avec une jeunesse de 20 ans, non c'est faux, simplement c'est moi qui ne le supportait plus ; à la maison, les enfants ne devaient pas le déranger et moi, mon rôle était de prendre soin de la maison, des enfants, de lui et de notre chat Fripouille. Alors je suis partie avec une valise, juste une valise. Les enfants étaient majeurs et je me suis dit que c'était le moment. L'annonce de Madame AURORE a été une opportunité.
Louis me taquine : "Martine, dans la lune ou déjà en train de penser à votre prochain roman !". Les trois-quarts des cartons sont ouverts. Raphaëlle quelquefois, tire un livre et le regarde, ouvre une page au hasard et le confie à sa mère. Il est passé 13 heures, tout est rangé, soit dans la réserve, soit déjà mis en avant sur les étagères. Nous avons mal au dos, faim, et attendons la suite. Car après le travail, autour de pizzas et tarte au fromage livrées par Mina et Lou, nous mangeons et buvons un verre de Sylvaner vieille vigne de chez Rietsch à Mittelbergheim. Madame Aurore, toute en rondeur et cheveux blancs auréolant son visage, est légèrement ivre. "Et maintenant, chers amis, prenons connaissance des livres choisis par Raphaëlle ; êtes vous toujours prêts à en lire un ou plusieurs et à faire une jolie fiche que nous suspendrons avec un joli noeud rouge, pour ceux à ne pas rater, joli noeud vert pour les livres qui font du bien, et autres couleurs selon vos choix".
"Cette année, plus de 500 livres sont parus ; il m'a été impossible de tous les commander ; je lis au fur et à mesure leurs titres : Victoria MAS, le bal des folles, premier roman (Manou, toujours rapide, le voilà pour toi), Jean Pierre DUBOIS, Tout le monde n'habite pas le monde de la même façon (Louis, oui je sais tu adores cet auteur), ....... Natacha APPANAH, le ciel par dessus le toit (une belle écriture est-il dit, à la Virginia Woolf, Raphaëlle je te le tends)... et le dernier ..Jacques CHIRAC (chants maritimes ) (après capitaine au long cours, le bateau brûle, ... une magnifique cantate à l'océan, Martine, ce sera pour toi). "
Au revoir Louis, Au revoir Manou, comme d'habitude, celui qui a lu un livre primé offre gâteau et thé au jasmin, au revoir ... bises et à demain. J'ai pris ce livre de Jacques CHIRAC, choix aujourd'hui inédit, moi qui essaie de lire des auteures aux mots pareils à ceux des hommes, Joyce Carol Oates, Amélie Nothomb, Rosa Montero, Tracy Chevalier, et en ce moment le premier roman d'Agustina Bazterrica, Cadavre exquis. Vite ce soir, vite après la vie quotidienne, me mettre dans les pas de l'auteur. Il est écrit sur la quatrième de couverture : à 17 ans, s'est embarqué sur un bateau marchand, est devenu capitaine au long cours, naviguant sur toutes les mers et océans, à 55 ans, s'est installé à Binic d'où il écrit des romans mêlant les hommes et l'océan.
je rends hommage à Jacques CHIRAC, notre président qui à 17 ans s'est embarqué comme apprenti marin
aussi à tous les écrivains qui nous ouvrent au monde, vent des ailleurs et des ici bas
et à notre capitaine au long cours DOMI et son second pour ce défi Martine
pour finir à l'auteure Françoise Gehannin pour son capitaine au long cours
jeudi en poésie avec Martine (Quai des Rimes)
VOIR LE DEFI chez LES CROQUEURS DE MOTS
le temps d'avant
POUSSIERE D'HIER
Dans mes mains brunes
d'enfant du Nil
s'épanouissent les fleurs de lotus
cueillies pour le dieu Aton
bienfaiteur de la vie
Ton apparition est belle à l'horizon du ciel, ô Soleil vivant qui a vécu le premier
De mes mains brunes
les fleurs sont données
aux belles Néfertiti, ses six filles
et au pharaon Akhenaton
le Nil roule, cheval solaire.
Ton apparition est belle à l'horizon du ciel, ô Soleil vivant qui a vécu le premier
Sur mes mains brunes,
les rayons divins caressent et soutiennent mon âme,
humble Poussière d'Aton.
Ton apparition est belle à l'horizon du ciel, ô Soleil vivant qui a vécu le premier
Agab
09/19
la phrase " Ton apparition est belle à l'horizon du ciel, ô Soleil vivant qui a vécu le premier"
est extraite du poème écrit par Akhenaton (ce poème ressemble beaucoup au psaume 104)
voir ici
promenade photographique du 16 au 31 août 2019
promenade photographique du 1er au 15 août 2019
jeudi en poésie avec Jeanne FADOSI
la natte
Natte tressée
brune, épaisse, dense,
d'une longueur à en faire
une corde pour sauter
dans un monde meilleur
Natte tressée
volontaire, opiniâtre,
au rythme fier des migrants
rejetés de partout
cherchant un monde meilleur
Même dans ses cheveux
brille la lumière de l'espérance.
Nestor, le bébé ragondin (Thomas Vinau - Ici ça va)
Il faut se lever, plusieurs fois dans la nuit, pour faire téter la bestiole. Savez-vous à quel point il est dur de sauver quoi que ce soit ? Ema s'y applique avec dévotion. Elle fait ça très bien. Dans une vraie harmonie entre ce qu'elle est au fond d'elle-même et ce qu'elle construit. Certains humains sont plus doués que d'autres dans ce domaine. Certains sont faits pour pour accomplir. D'autres pour détruire. D'autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Ils sont là, beaux et inutiles comme des anachronismes. Comme des cheveux sur la tête d'un caillou. Heureusement, certains d'entre nous sont des anomalies capables de tendresse et de curiosité. C'est ce qui fait que rien n'est écrit. Et qu'un rongeur rose et aveugle peut prétendre à la vie. Malgré les chiens. Malgré l'hiver.
Thomas VINAU
Ici ça va
jeu de filtres (gare de Metz)
Défi 223 avec Jeanne Fadosi
Défi 223
les croqueurs de mots avec Jeanne Fadosi
Savez-vous que le mot blason au XVIe siècle ne désignait pas seulement les armoiries d’une famille sur un écusson (bouclier) mais aussi un genre poétique lancé par Clément Marot sous forme d’un concours pour faire connaître de jeunes poètes et promouvoir la poésie qui alors était principalement chantée.
Et justement Maurice Scève a connu la notoriété en remportant ce concours en 1535 ou 1536 grâce à son blason du sourcil dont voici le début :
Sourcil tractif en voûte fléchissant
Trop plus qu’ébène, ou jayet noircissant.
Haut forjeté pour ombrager les yeux,
Quand ils font signe ou de mort, ou de mieux.
Sourcil qui rend peureux les plus hardis,
Et courageux les plus accouardis.
Sourcil qui fait l’air clair obscur soudain,
Quand il froncit par ire, ou par dédain,
Et puis le rend serein, clair et joyeux
Quand il est doux, plaisant et gracieux.
Pour le défi n°223 de lundi prochain je vous invite donc à écrire en prose ou en vers sur ou à partir d’une partie visible de la tête (oreille, front, menton, bouche, joue, cheveux ou crâne si chauve …) ou d’une autre partie du corps humain (la main, le pied, le coude ou le genou, le nez ou l’épaule …) avec prudence et la décence joyeuse coutumière des croqueurs de mots.
le nez
N'en déplaise aux yeux, miroir de l'âme, reflet d'amour ou de commandement, aux quelques couleurs du bleu, du vert, du marron, du gris, quelquefois du noir,
N'en déplaise à la peau, douce et laiteuse, charmant bébé, tavelée par les expériences jour après jour, moustiques, brûlures, opérations de la grand mère nonagénaire, à la peau élastique de la gymnaste,
N'en déplaise au genou, au pied ou à l'épaule, je broderai quelques ressentis sur le nez, mon nez, naseau au milieu de ma face, rond, et petit, avec une fosse déviée.
Dès la naissance, son utilité est vitale. J'inspire, j'expire. Et c'est parti pour aller boire un biberon, pour faire connaissance avec le monde, maman, papa et les autres. Adulte, il pousse légèrement, s'arrondit, vit sa vie. Avec mon amour, puis quelques années plus tard, avec les enfants, se dire bonjour en se frottant le nez. Froncer le nez pour exprimer un contentement, un amusement aussi. Et aux oui, de bas en haut, et aux non, de gauche à droite et tout cela vice et versa, le laisser aller et suivre le mouvement.
Il est miraculeux, ce nez, comme le vôtre , comme tous les autres d'ailleurs, nez ou naseau ; j'aime de tout cœur respirer avec lui. Inspirer, sentir l'air passer par les fosses nasales, air frais, air du dehors, air nourrissant. Sensation forte de respirer, grâce à lui, avec lui. Puis expirer, l'air venant du ventre, de la poitrine, l'air sort et s'étale autour de moi, pour vous, pour toute la maisonnée.
Le nez chante sa chanson, inspirons, le bleu - ciel intense, le rouge - passion de la grenade, le vert - harmonie des herbes et des arbres, le jaune - joie de vivre - pompon jaune des bonnets de ski - inspirons le blanc, brouillard ou vapeur des nuages chantilly.
L'air vient, entre, s'échauffe , passant par notre grande tuyauterie. Et bien chargé de tout ce qui est le monde, l'air repart en sens inverse. Les souffrances, les malaises, les déprimes, les colères s'évacuent par le nez qui s'élargit, large, large. Bien souvent, aussi, notre chaud souffle vient réchauffer la pièce, les mains des tristes, les joues rouges des coléreux ou des joyeux.
Le nez réclame ma mesure, inspirons, ça c'est volontaire et décidé, nous voulons encore vivre une seconde, dix ou vingt ans, oh une semaine suffira déjà. Et quand l'oxygène est bien entré, la poitrine se dégonfle, je donne au monde, mon amour, mon dernier souffle, oh pas aujourd'hui, une autre fois peut être.
Le nez se sent plus rond, plus grand, plus large, il veut jouer, il veut vivre avec l'air. Il est au milieu de la face, difficilement comparable aux yeux, aux seins, aux mains, le nez, il nous fait vivre. Louange à tous les nez !
Jeudi en poésie avec Jeanne FADOSI
Les mains
Se souvenir
de ses mains,
longues, veines fines,
La définir
en élégante femme
les gants lui allaient si bien
Son majeur, son index, son auriculaire
et le pouce
et l'annulaire, qui portait une bague à la pierre d'agate
achetée un été 68 à Aubenas en Ardèche,
monture d'argent,
à un religieux vivant en Afrique.
ses mains savaient cuisiner sucré - salé
jardiner haricots et arroser les géraniums
Ses mains,
dansaient dans l'air
tricotaient des pulls, tournaient les pages
des livres de Cronin, Mauriac, l'Humanité Dimanche.
- une cigarette mentholée avec sa tasse de café -
et parfois, les jours de colère, giflaient les joues rouges des chenapans.
Se souvenir