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Photos, poésie, extraits de livre
Publié depuis Eklablog
promenade photographique du 1er au 15 juin 2020
Ecoute grincer mon poème (Anise Koltz)
Ecoute grincer mon poème
je le mélange
au sang et aux pierres
J'apprends à crier
aux rapaces
ensemble
nous secouons la mort
---
Mon poème se fera-t-il
dans une négociation de paix
ou dans la violence ?
A la fin
je me soumets aux mots
comme à la mort.
Anise KOLTZ
Somnambule du jour. Poèmes choisis
S'adonner au silence
S'adonner au silence
Expulsé par la mer
le coquillage gît sur la plage
à peine a-t-il conscience de vivre
mais il recèle
entre ses valves entrouvertes
un profond mystère
Peut-être la chanson
jamais chanté d'un noyé
ou la senteur désespérée
d'une plante sous-marine
Il est difficile
de garder ce mystère
quand le soleil brûle
et que le vol rapide
d'une mouette
l'ombrage brièvement
mais la mer connaît
ce qui est son bien
tous les coquillages
elle les a comptés
Anise KOLTZ
Somnambule du jour. Poèmes choisis
Le soleil (Anise Koltz)
Le soleil
Le soleil est un vieil animal domestique
le matin il traîne ses membres engourdis
à travers la cour
et grimpe péniblement dans l'acacia
il y est assis pendant des heures
et se chauffe
au plumage des oiseaux
Anise KOLTZ
Somnambule du jour. Poèmes choisis
contempler en ce jour gris si doux
Contempler en ce jour gris si doux,
un syrphe, petite mouche abeille,
corps fuselé, ailes dentelles,
délicate, au vol suspendu comme
jamais je ne pourrais être,
quoique dans l'amour,
la légèreté transcende.
Un syrphe dans le liseron ouvert,
Un syrphe dans le coquelicot,
Un syrphe sur la fleur à la couronne.
Deux, trois, quatre, légers, suspendus,
Comme si aujourd'hui
était leur jour de naissance,
leur jour de baptême.
L'un d'eux danse dans l'espace
qui m'entoure, tout en grâce.
S'oublier pour les contempler.
Nous sommes un jour divin
remercier les anges d'ici.
Agab 06/20
le camping aux oiseaux - bords de Loire (juillet 2019)
Presque comme avant
Presque comme avant,
prendre le bus pour la première fois depuis avant,
masqués, eux et moi ;
se rendre chez l'ophtalmologue au centre ville,
masqués, eux et moi
la femme dans la salle d'attente a tant craint
pour ses parents âgés, malades l'un, l'autre.
Le médecin sursaute en me voyant toucher ce masque
"Oh attention les personnes âgées !".
Marcher dans la rue et voir à nouveau les mendiants
assis dans leurs habitudes, smartphone, chien.
Et une file masquée devant la pharmacie aux prix doux.
Presque comme avant, presque.
Devant la médiathèque, trois bibliothécaires parlent,
masquées ou non comme celle ayant eu le covid19,
Tête de pasionnara espagnole, rousse et souriante.
Déposer ses livres (en quarantaine avant d'être touchés),
Se laver les mains, être moins de cinquante.
Peu de monde malgré la réouverture, comme s'ils craignaient
une rencontre inévitable, discrète, maladive.
Afficher sa joie d'être là, de regarder les livres sages sur les rayons,
de saluer les gens du livre, derrière la barrière plastique
"Nous aussi, nous aussi !" répondent-ils en choeur.
S'en aller chargée, Don Quichotte pour enfin faire sa connaissance,
Keigo Higashino, chasseur d'images, le monde des religions...
satisfaite presque comme avant ; enlever son masque,
s'arrêter, admirer les perruches vertes tournoyant au dessus de soi.
Agab 06/20