
30 avril 2018 : Défi numéro 204
pour les croqueurs de mots
Le capitaine Zaza nous invite à fêter la Saint Robert !
A nous de nous parler des Roberts célèbres ou non, du petit Robert,
de la ville de Robert, des roberts, que sais-je encore… !!!
En prose ou en rime, et surtout de tenter de nous faire sourire.
A la Saint-Robert, tout arbre est vert
Devant l’ascenseur, il attend et Monique rit d'une de ses blagues toujours bienvenues. Ils sont en vacances et pour Robert, c'est jouissif, il a réussi à organiser cette semaine à Lanzarotte pour plusieurs amis dont lui et Monique, en fauteuil.
Pourtant, lorsqu'il avait chuté, il était cordiste de métier, et venait d'opérer un nettoyage de l'église Saint Jacques, perché bien haut, il avait été très en colère. Il avait chuté d'un cerisier, oui d'un cerisier, en ramassant ces délicieux petits fruits rouges pour confectionner un clafoutis. A l'hôpital, le chirurgien, lui avait annoncé qu'il ne remarcherait plus jamais ; il l'envoyait en centre de rééducation mais peut être, il apprendrait à marcher deux trois pas pour lui permettre de se déplacer chez lui, mais être cordiste (voltigeur) serait désormais impossible.
Il avait 42 ans, un métier qui l'envoyait aux quatre coins de l'Europe, une femme aimée et 3 bouts de chou de moins de dix ans. Franchement ce n'était pas rigolo. Marie-Eve, son épouse l'adorait, mais faisait quand même la moue lorsqu'elle venait lui rendre visite au centre de rééducation. Lucien, Marion et Gauthier ne reconnaissaient plus leur papa et plus d'une fois, Marion s'échappait dans le parc.
3 mois avaient passé, il avait rencontré Michel, un ouvrier tourneur qui s'était pris le bras dans une machine, un type bien différent de lui, préférant un bon match devant la télé qu'un tour de vélo dans la campagne. Michel racontait des blagues qui le détendait :
Je me suis déjà mis à la place d'un handicapé, surtout à celle de parking (Gaspard Proust)
Un an avait tourné et Robert tournait les roues de son fauteuil avec dextérité. Au centre, il avait rencontré Monique, qui lui parla de Marco et sa salle de gym ; depuis, il avait des muscles puissants . Çà l'aidait bien ! Contrairement à ses premières pensées assassines, il n'était pas foutu ! Sa vie arrêtée et rouillée. Céline, sa kinésithérapeute l'avait entraînée à ses cours de yoga où il avait appris à respirer profondément et même à se relaxer. Sans compter qu'elle était fine, Céline, elle savait les muscles à travailler, les pensées à éliminer.
Deux ans après, il travaillait à nouveau ; un poste de télé-travail, juste le vendredi, une réunion au siège de l'entreprise. Il y allait en bus (les entrées étaient prévues pour les personnes handicapées) ou en voiture (son fauteuil pliable dans le coffre). Robert était heureux, les voyages ne lui manquaient pas, enfin pas trop, il voyait ses enfants chaque jour et eux, ils étaient contents de savoir leur père présent, toujours prêt à leur expliquer un problème de maths, quoiqu'il préférait de beaucoup l'histoire et la poésie.... et surtout à jouer, et rire de son humour.
Deux ans après, il avait toutefois envie de voyager, et pas seul, en compagnie de ses potes en fauteuils. Il s'était bien débrouillé et avait réservé dans un hôtel où on accueillait aussi bien les bien-portants, les handicapés et les chiens aussi.
Et nous voilà aujourd'hui, dans la salle de restaurant, Robert se déplace avec aisance avec son assiette d'entrées sur les genoux. Déjà, dans sa tête, il prépare l'excursion qu'ils feront demain sur l'île noire !
ps
avec les défis, l'étonnement et la surprise sont souvent présents ; mais où veulent nous faire cheminer les matelots ?... et là, il y avait en moi la figure de cet homme, environ 55 ans, cheveux gris, blancs, alerte, joyeux dans son fauteuil roulant, faisant rire une copine elle aussi en fauteuil, passant leurs vacances dans le même hôtel. J'ai eu envie de lui rendre hommage, de lui imaginer une vie.Il y avait aussi sur LCP un film sur le yoga, fait par un homme sortant d'un fort handicap. Et aussi dans cet hôtel de Lanzarote, des fauteuils roulants à disposition , pour finir merci à Zaza, aimant la vie, les autres (hommes et bêtes) , et sa Bretagne.