rencontres au salon du livre d'histoire
Se rendre au salon du livre d’histoire pour voir des livres, rencontrer des auteurs, acheter peut-être un livre pour offrir à Noël sur les lignes de chemin de fer ou les anciennes usines. La salle ronronne ; en quelques années, le salon est connu, les visiteurs nombreux.
Regarder les couvertures, les titres, lire la 4ème de couverture et avancer vers la personne suivante. Car un livre, avant d’être un objet aux pages frémissantes, est une personne, un auteur. En levant les yeux, je rencontre cet autre « écrivain ».
Certains discutent, celui-là me fait rire en se targuant d’être psychiatre pour wouah ! wouah ! Il me conseille même de susurrer à l’oreille de Djinnie un poème ! Il rit, enchaînant les jeux de mots à une vitesse de bolide sur l’autoroute. Qui croirait qu’il vend des livres de poésie, sur les femmes, sur la foi (symphonie à la foi) ! A côté, une femme à l’allure paisible, la laissant paraître « ex » bonne élève d’école privée, studieuse, appliquée, attentive. Elle surveille ses bébés, trois forts gros romans relatant les aventures d’un vétérinaire à Metz au XVIII ème siècle.
Je vais de livre en livre, tout comme Olivier, chacun à son rythme. Lui, discute avec un ancien diplomate, vingt pays au moins où il fut en poste, ex prof de fac. Mon mari est admiratif, redevient le jeune homme épris de Corto Maltèse. Ces deux-là parlent d’âme à âme.
Mon tour est achevé, mon choix fait, le psychologue pour wouah wouah me reconnait. Je choisis son recueil de poème « symphonie à la foi ». Lui qui sonde l’Insondable dans ses poèmes intimes fait le clown pour ne pas dévoiler son âme. Tout en m’abreuvant de mots loufoques, il m’écrit une dédicace.
A côté, je vois les yeux de la mère au vétérinaire aventureux du XVIII ème siècle. Son regard est triste presque mélancolique. Comme chaque auteur ou presque, elle attend de vendre au moins un livre, peut être deux ou trois ou plus. Personne ne sait, comme elle, l’amour donné, le temps aussi à écrire ces histoires. Elle n’est pas révoltée par l’injuste choix des éditeurs qui pour vendre (vivre ou survivre) recherchent ce qui attire le lecteur vu surtout comme un consommateur.
Les biographies de personnes en vues, même une ex. Daech ou une étoile du cinéma ou de la chanson, écrits par des journalistes ou écrivains se vendant si bien, font du tort aux êtres dont leur livre serait bien meilleur à mettre entre les mains d’un lecteur.
La bienveillante dame montre son livre comme on présente son enfant bien-aimé. Olivier m’a offert le livre de poèmes édité chez Edilivre qui est plus un imprimeur qu’un éditeur.
J’achète le premier tome des aventures messines. L’écrivaine est contente. Peut-être comme son voisin, mettra-t-elle un bâton ou croix pour indiquer l’achat ?
Ce soir, elle pourra peut être annoncer à son conjoint : « j’en ai vendu 5 ! et j’ai échangé avec des visiteurs sympathiques. Même avec un couple et leur petit chien noir si vif. L’an prochain, je participerai à nouveau à ce salon. »