Défi 137 des Croqueurs de mots
pour le Lundi 26 Janvier.
THEME “RETROUVAILLES”
Racontez en prose ou vers des retrouvailles qu’elles soient voulues,
de hasard ou même imaginaires avec :
soit une personne ( ancien ami, amour passé, proche, connaissance)
soit un objet, un lieu ou une perception visuelle, olfactive, auditive…
Retrouvailles
C’était un matin de janvier, il y a quelques jours, après les tueries injustifiées, après la mort des tueurs, drôles d’hommes subjugués par un monde où le paradis se gagne en versant le sang.
Dans mon rêve, car c’est là que je l’ai retrouvée, ma mémé, nous étions, ma sœur, son mari, mon frère et mon mari dans la maison familiale. La maison construite dans un jardin et englobant dans l’escalier, un puits de 1525. La maison où je passais mes étés chez les parents de ma mère et que nous avions vendu, il y a quelques années à la mort de mon oncle. En bas, avec Huguette, nous voyions que la fenêtre était un peu brisée, de l’air rentrait … et à travers, Djinnie trottinait toute contente de sa promenade solitaire. Car ici, bien avant, les chiens allaient et venaient librement. Jamais très loin, souvent se dorant au soleil.
Du haut, descendaient mon frère et Bernard. La toiture n’était pas très solide et elle était à refaire.
Et en face, je la vis, petite, souriante… je traversais la rue. Elle me prit par la main et m’emmena de l’autre côté, là où était le jardin … devenu la porte d’entrée du paradis. Ses mains étaient toujours menues et chaudes. Je traversais avec confiance. Nous discutions toutes les deux. Oui, papa était là, non maman n’était pas encore arrivée.
A côté dans le jardin, des tombes, avec des croix, des tombes pareilles à celles d’Angleterre dans le gazon des églises en pierre et j’entendais que cela roulait, comme si une pierre allait de l’avant à l’arrière. C’étaient les âmes en transit, elles se mettaient à deux, et allaient et venaient, couchées dans la terre, les pierres roulant au fur et à mesure, s’usant au fur et à mesure de leurs efforts solidaires. Francia n’était pas étonnée, alors moi non plus. Je sentais sa confiance en des jours meilleurs pour ceux-là.
J’avais traversé le chemin caillouteux, le temps était doux, des nuages flottaient, calmes, joyeux. Mémé Francia, petite ombre douce, me signifia qu’il était temps que je rejoigne les miens. Le temps viendrait où nous nous retrouverions définitivement.
Elle était gentille ma mémé, elle venait me rassurer simplement, naturellement.
Alors, sans nostalgie, ni regret, juste normalement, je revins dans la petite maison de 1860 préparer une soupe au potiron à mes proches.