• VOIR LE DEFI chez LES CROQUEURS DE MOTS

    jeudi en poésie avec Martine (Quai des Rimes)

     

    le temps d'avant

    POUSSIERE D'HIER

     

    Dans mes mains brunes 

    d'enfant du Nil

    s'épanouissent les fleurs de lotus

    cueillies pour le dieu Aton

    bienfaiteur de la vie

     

    Ton apparition est belle à l'horizon du ciel, ô Soleil vivant qui a vécu le premier

     

    De mes mains brunes

    les fleurs sont données

    aux belles Néfertiti, ses six filles

    et au pharaon Akhenaton

    le Nil roule, cheval solaire.

     

    Ton apparition est belle à l'horizon du ciel, ô Soleil vivant qui a vécu le premier

     

     

    Sur mes mains brunes, 

    les rayons divins caressent et soutiennent mon âme,

    humble Poussière d'Aton.

     

    Ton apparition est belle à  l'horizon du ciel, ô Soleil vivant qui a vécu le premier

     

    Agab

    09/19

     

    la phrase " Ton apparition est belle à  l'horizon du ciel, ô Soleil vivant qui a vécu le premier"

    est extraite du poème écrit par Akhenaton (ce poème ressemble beaucoup au psaume 104)

    voir ici

     

     


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  • Défi 223 avec Jeanne Fadosi

     

    Défi 223

    les croqueurs de mots  avec Jeanne Fadosi 

     

    Savez-vous que le mot blason au XVIe siècle ne désignait pas seulement les armoiries d’une famille sur un écusson (bouclier) mais aussi un genre poétique lancé par Clément Marot sous forme d’un concours pour faire connaître de jeunes poètes et promouvoir la poésie qui alors était principalement chantée.

    Et justement Maurice Scève a connu la notoriété en remportant ce concours en 1535 ou 1536 grâce à son blason du sourcil dont voici le début :

    Sourcil tractif en voûte fléchissant
    Trop plus qu’ébène, ou jayet noircissant.
    Haut forjeté pour ombrager les yeux,
    Quand ils font signe ou de mort, ou de mieux.
    Sourcil qui rend peureux les plus hardis,
    Et courageux les plus accouardis.
    Sourcil qui fait l’air clair obscur soudain,
    Quand il froncit par ire, ou par dédain,
    Et puis le rend serein, clair et joyeux
    Quand il est doux, plaisant et gracieux.

     

    Pour le défi n°223 de lundi prochain je vous invite donc à écrire en prose ou en vers sur ou à partir d’une partie visible de la tête (oreille, front, menton, bouche, joue, cheveux ou crâne si chauve …) ou d’une autre partie du corps humain (la main, le pied, le coude ou le genou, le nez ou l’épaule …) avec prudence et la décence joyeuse coutumière des croqueurs de mots.

     

    le nez

     

    N'en déplaise aux yeux, miroir de l'âme, reflet d'amour ou de commandement, aux quelques couleurs du bleu, du vert, du marron, du gris, quelquefois du noir,

    N'en déplaise à la peau, douce et laiteuse, charmant bébé, tavelée par les expériences jour après jour, moustiques, brûlures, opérations de la grand mère nonagénaire, à la peau élastique de la gymnaste,

    N'en déplaise au genou, au pied ou à l'épaule,  je broderai quelques ressentis sur le nez, mon nez, naseau au milieu de ma face, rond, et petit, avec une fosse déviée.

    Dès la naissance, son utilité est vitale. J'inspire, j'expire. Et c'est parti pour aller boire un biberon, pour faire connaissance avec le monde, maman, papa et les autres. Adulte, il pousse légèrement, s'arrondit, vit sa vie. Avec mon amour, puis quelques années plus tard, avec les enfants, se dire bonjour en se frottant le nez. Froncer le nez pour exprimer un contentement, un amusement aussi. Et aux oui,  de bas en haut, et aux non, de gauche à droite et tout cela vice et versa, le laisser aller et suivre le mouvement.

    Il est miraculeux, ce nez, comme le vôtre , comme tous les autres d'ailleurs, nez ou naseau ; j'aime de tout cœur respirer avec lui. Inspirer, sentir l'air passer par les fosses nasales, air frais, air du dehors, air nourrissant. Sensation forte de respirer, grâce à lui, avec lui. Puis expirer, l'air venant du ventre, de la poitrine, l'air sort et s'étale autour de moi, pour vous, pour toute la maisonnée.

    Le nez chante sa chanson, inspirons, le bleu - ciel intense, le rouge - passion de la grenade, le vert - harmonie des herbes et des arbres, le jaune - joie de vivre - pompon jaune des bonnets de ski - inspirons le blanc, brouillard ou vapeur des nuages chantilly. 

    L'air vient,  entre, s'échauffe , passant par notre grande tuyauterie. Et bien chargé de tout ce qui est le monde, l'air repart en sens inverse. Les souffrances, les malaises, les déprimes, les colères s'évacuent par le nez qui s'élargit, large, large. Bien souvent, aussi, notre chaud souffle vient réchauffer la pièce, les mains des tristes, les joues rouges des coléreux ou des joyeux.

    Le nez réclame ma mesure, inspirons, ça c'est volontaire et décidé, nous voulons encore vivre une seconde, dix ou vingt ans, oh une semaine suffira déjà. Et quand l'oxygène est bien entré, la poitrine se dégonfle, je donne au monde, mon amour, mon dernier souffle, oh pas aujourd'hui, une autre fois peut être.

    Le nez se sent plus rond, plus grand, plus large, il veut jouer, il veut vivre avec l'air. Il est au milieu de la face, difficilement comparable aux yeux, aux seins, aux mains, le nez, il nous fait vivre.  Louange à tous les nez ! 

     


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    Les mains

     

    Se souvenir

    de ses mains,

    longues, veines fines,

    La définir

    en élégante femme

    les gants lui allaient si bien

    Son majeur, son index, son auriculaire

    et le pouce

    et l'annulaire, qui portait une bague à la pierre d'agate

    achetée un été 68 à Aubenas en Ardèche,

    monture d'argent, 

    à un religieux vivant en Afrique.

    ses mains savaient cuisiner sucré - salé

    jardiner haricots et arroser les géraniums

    Ses mains,

    dansaient dans l'air

    tricotaient des pulls, tournaient les pages

    des livres de Cronin, Mauriac, l'Humanité Dimanche.

    - une cigarette mentholée avec sa tasse de café -

    et parfois, les jours de colère,  giflaient les joues rouges des chenapans.

    Se souvenir

     

     

     

     

     


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    Jeudi en poésie avec Asfree

    écrivez un poème à la manière de Robert Desnos « La fourmi »

    Une fourmi de dix-huit mètres
    Avec un chapeau sur la tête,
    Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

    Une fourmi traînant un char
    Plein de pingouins et de canards,
    Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

    Une fourmi parlant français,
    Parlant latin et javanais,
    Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

    Eh ! Pourquoi pas ?

     

    Jeudi en poésie avec Asfree

    Un extraterrestre de trois centimètres

    juché sur un champignon vert.

    Ça n'existe pas, ça n'existe pas !

     

    Un extraterrestre louant les bourdons,

    les fourmis et les charançons,

    Ça n'existe pas, ça n'existe pas !

     

    Un extraterrestre préférant

    les papillons aux grands savants,

    Ça n'existe pas, ça n'existe pas !

     

    Eh ! Pourquoi pas ?

     


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  • Défi 222 avec Asfree

     

    Capitaine Asfree  pour le défi du lundi, le dernier de la saison , propose : 

    Quelqu’un est sur le pas de sa porte, à votre avis que fait-il ?

     

    Sur le pas de sa porte, Roland se gratte la tête. Il ne sait pas quoi faire. Ce type venu remuer le passé, son passé, n'arrange rien ! 

    L'histoire commence le 6 juin 1944, Ouistreham, dans le ciel des parachutes, dans la rue des Anglais, des Allemands, du bruit et tous ces morts qui jonchent le sol. Il a 5 ans, pour lui, le sens de la guerre est incompréhensible, juste qu'aujourd'hui, sa mère, ses grands parents, sont aux fenêtres et parle des "boches" qui vont enfin payer pour ce qu'ils ont fait.

    Le 6 juin 1944, à Ouistreham, il est tout gamin, habillé d'un sarrau bleu, et il a ouvert la porte ; il est sorti pour retrouver Jean et Germain, jouer au ballon ; à 5 ans, la vie est normale que l'on soit en guerre ou pas et jouer est vital. Puis le ballon est perdu, dans la rue claquent des bruits d'armes, des mitraillettes et devant lui, deux morts, puis trois, et dix ; du sang, des armes à terres, des militaires et aussi des civils. Il se recroqueville dans un coin de la place, tout près d'un arbre, et un soldat se penche vers lui, le console et lui offre un pingouin en peluche, un tout petit pingouin grand comme ses mains. Déjà, il part plus loin, le laissant seul et fier de son nouvel ami.

    Aujourd'hui, 6 juin 1964, un homme a frappé à la porte, et Roland a ouvert. Peut être un représentant, un homme bien habillé, la quarantaine, venu vendre une encyclopédie. Seulement il n'a pas besoin d'une encyclopédie. L'homme se présente : "Aël Guillot" ; il hésite, il reste quelques secondes sans parler, regardant Roland . "Bonjour, j'étais dans le commando Kieffer, j'ai débarqué à Ouistreham en 1944 et j'ai appris par Monsieur le Fauconnier, maire de Ouistreham, que vous étiez le jeune  enfant à qui j'ai offert une peluche !".

    Derrière, Roland, arrive sa femme, s'essuie les mains sur son tablier et dit :"Entrez, Monsieur, entrez, vous boirez bien un café !". Les deux hommes sont intimidés et Lucie, petite abeille vive, tire une chaise, pousse un bouquet de fleurs, sourit et fait tout pour mettre à l'aise les deux hommes. Elle apporte un morceau de tarte à la rhubarbe. Et Aël reprend son histoire, toute son histoire, infirmier il était dans ce groupe, un grand jour où les décisions se prennent seul, dans l'instant, beaucoup de camarades morts, et des blessés, la peur que cela tourne mal, la joie de fouler le sol de la France et le souvenir de ce petit enfant, dans son sarrau bleu, de ses larmes. Lui offrir son fétiche, celui remis par tante Lisette avant son départ  de la maison en 42, il a 17 ans tout juste pour rejoindre le Général à Londres. 

    Les mots s'écoulent, torrent puis rivière, son regard est perdu dans le passé. Et soudain, il s'arrête : "Et vous, Roland, vous souvenez-vous ? Avez-vous encore le petit pingouin ? ". Le jeune homme ouvre sa bouche, un peu comme un poisson. Dire que l'on a encore un petit pingouin à 25 ans, qu'on l'a conservé, ce confident, cet ami dans les joies et les tristesses, pas facile pour un homme. Finalement, il se lève et va dans une pièce adjacente, revient tenant dans ses mains, une boîte ronde, bleue. Dedans, la peluche est couchée, bien un peu vieillie, les couleurs ternies, même du tissu utilisé pour ravauder les ailes. Et Germain de confier que sa maman est décédée peu de temps après la fin de la guerre ; elle avait marché sur une des nombreuses bombes laissées là. Tous ont eu beaucoup de chagrin et Dédé, son pingouin aussi ... 

    La boîte bleue est déposée sur la table, Aël remercie, dit qu'il va prendre congé. Les deux hommes se serrent la main, fortement, longuement. Il tend à Germain, sa carte de visite : "J'aimerais vous revoir, vous et votre épouse, je serai à Cabourg tout le mois d'août avec ma famille ".

    Sur le pas de sa porte, Roland se gratte la tête. Il tergiverse sur l'attitude à prendre. Lucie le prend par la main, elle ne se pose pas de questions. "Voyons Roland, nous irons à Cabourg avec Maurice, nous irons leur rendre visite."

    La porte se referme ; plus loin un homme sifflote, il est heureux. Il reverra Roland et sa petite famille. Il a vu beaucoup de livres chez l'homme, des romans, des livres de poésie. En son for intérieur, il songe à ce petit garçon qu'il n'a jamais eu, il songe à cet homme, peut être s'entendront-ils et voudra-t-il travailler avec lui dans sa maison d'édition ? 

    Note :

    A la radio, hier, un homme racontait son histoire de soldat, le débarquement comme infirmier, le petit enfant, le pingouin, puis la rencontre ... dans cette histoire l'homme a rencontré une jeune femme grâce à une émission de France Inter dans les années 60. Je l'ai senti déçu, il était presque muet, il était si certain que l'enfant était un garçon. J'ai voulu lui offrir une autre rencontre. Si vous souhaitez en savoir davantage sur lui, il s'appelait Gwen Aël Bolloré. 

     

     

     

     

     

     


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