• Jeudi en poésie avec ABC

    le thème : là haut sur la montagne

     

    Depuis cette montagne,  comme du toit

    du monde, dont le versant va au ciel.

    Mon ami, je t'aime au-delà

    des mesures - et des sentiments.

     

    Des témoins je me cacherai

    dans un nuage ! Je te mangerai avec la cendre.

    ... Depuis cette montagne, comme depuis la Troie

    des murs rouges.

     

    Passion  : louange des morts,

    honte à ceux qui sont.

    Ainsi le roi Priam

    regardait la bataille.

     

    Les fondations se sont écroulées -

    L'incendie ? Le sang ? Le nimbe ?

    Eux aussi regardaient Troie,

    tous ceux de l'Olympe.

     

    Non, depuis la niche fraîche

    une vierge, mains levées...

    Mon ami, je t'aime au-delà -

    Entends-le - et - lève-toi !

     

                        30 août 1923

     

    Marina TSVETAIEVA

    Insomnie et autres poème


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  • Âme ! être, c'est aimer.

    Il est.
    C'est l'être extrême.
    Dieu, c'est le jour sans borne et sans fin qui dit : j'aime.
    Lui, l'incommensurable, il n'a point de compas ;
    Il ne se venge pas, il ne pardonne pas ;
    Son baiser éternel ignore la morsure ;
    Et quand on dit : justice, on suppose mesure.
    Il n'est point juste ; il est. Qui n'est que juste est peu.
    La justice, c'est vous, humanité ; mais Dieu
    Est la bonté. Dieu, branche où tout oiseau se pose !
    Dieu, c'est la flamme aimante au fond de toute chose.
    Oh ! tous sont appelés et tous seront élus.
    Père, il songe au méchant pour l'aimer un peu plus.
    Vivants, Dieu, pénétrant en vous, chasse le vice.
    L'infini qui dans l'homme entre, devient justice,
    La justice n'étant que le rapport secret
    De ce que l'homme fait à ce que Dieu ferait.
    Bonté, c'est la lueur qui dore tous les faîtes ;
    Et, pour parler toujours, hommes, comme vous faites,
    Vous qui ne pouvez voir que la forme et le lieu,
    Justice est le profil de la face de Dieu.
    Vous voyez un côté, vous ne voyez pas l'autre.
    Le bon, c'est le martyr ; le juste n'est qu'apôtre ;
    Et votre infirmité, c'est que votre raison
    De l'horizon humain conclut l'autre horizon.
    Limités, vous prenez Dieu pour l'autre hémisphère.
    Mais lui, l'être absolu, qu'est-ce qu'il pourrait faire
    D'un rapport ? L'innombrable est-il fait pour chiffrer ?
    Non, tout dans sa bonté calme vient s'engouffrer.
    On ne sait où l'on vole, on ne sait où l'on tombe,
    On nomme cela mort, néant, ténèbres, tombe,
    Et, sage, fou, riant, pleurant, tremblant, moqueur,
    On s'abîme éperdu dans cet immense cœur !
    Dans cet azur sans fond la clémence étoilée
    Elle-même s'efface, étant d'ombre mêlée !
    L'être pardonné garde un souvenir secret,
    Et n'ose aller trop haut ; le pardon semblerait
    Reproche à la prière, et Dieu veut qu'elle approche ;
    N'étant jamais tristesse, il n'est jamais reproche,
    Enfants. Et maintenant, croyez si vous voulez !

     

    Victor HUGO


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  • Défi 230

     

    défi N°230 

     

     

    Fanfan, la joyeuse retraitée corse nous informe qu’elle prend la barre des Croqueurs de Mots

     Vous allez compléter ce texte  à trous par des mots de votre choix  pour changer ce texte

     

    L'heure dernière 

     

    Ô Nous nous reconnaîtrons  ! Ô désespoir ! Ô dans l'heure dernière ennemie !

    N’ai-je donc tant Où fermente et rassemble que pour cette l'hallucinant secret 

    Et ne suis-je La sonnaille dans les travaux des mondes s'éteindra

    Que pour Tu inverseras en un jour l'humide tant de différence

    Mon bras, qu’avec Tu quitteras toute le temps éclaboussé admire,

    Mon Nous n'entraînerons, qui tant de fois a que cet parole muette ,

    Tant de fois affermi le et ses de son vastes promontoires

    Trahit donc ma Andrée CHEDID , et ne fait rien pour moi ?

    ...

     

     

    ( tirade de Don Diègue dans le Cid de Corneille )

     







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  •  

     

    COURAGE

     

    Elle n'a pas d'armure comme la Jeanne,

    Juste un sourire franc

    Elle n'a pas besoin de citer des sourates,

    Juste marcher sereinement

    Elle n'est pas inscrite chez les féministes,

    Juste une Française d'Algérie, 

    Libre. 

    Certains dans son quartier boisé,

    lui ordonne de porter un voile,

    porter un voile,

    baisser la tête et obéir.

    Courageuse, elle avance tête nue,

    Sourire aux lèvres.

     

    Agab 12/19

     

     

    pour une ancienne voisine retraitée,

    rencontrée lundi ; 

    "avant, ce n'était pas comme ça !"

     


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  • Défi 228 avec Colette

    Colette nous propose en toute simplicité le thème suivant :

    Le quotidien

    « Le train quotidien va bientôt dérailler,

    qui veut rester dedans n’a qu’a bien s’accrocher. » Robert de Houx

     

    Défi 228 avec Colette

     

     

     pour Bonheur du Jour qui rend grâce au quotidien

     

    "Le simple est le vêtement du profond" Christian BOBIN (7/12/19)

     

    tricoter le quotidien (matin du samedi 7 décembre)

     

    Se réveiller, Durga, enroulée, dort au bout du lit. Olivier est absent, levé tôt, compte-rendu à rédiger. Continuer et finir de lire "itinéraire d'une ultrasensible" (Charlotte Wils) et se dire d'envoyer une page à C. Se rendre compte que la matinée sera courte. 9H20, douche, cheveux, sensation de froid en sortant, prendre le temps de se sécher, réchauffer. 

    Le petit déjeuner est prêt. 

    Bernard Pivot, à la radio, parle. Olivier répète : "lire Gilles Lapouge, pas un seul prix, lire...". Djinnie laisse ses croquettes dans son bol. Elle attend beurre, noix, douceurs à croquer.

    Se préparer, lui mettre son manteau et ouvrir la porte. Surprise, l'air est doux, le froid s'est évanoui. Même dans le gros des nuages, le ciel perce. Le champignon du bout de la rue a vacillé ; son chapeau touche le sol. Dans mes pensées, comprendre que le temps passe. 

    Etre saluée par le  voisin à la casquette grise qui  me dépasse. Souriante, aussi, son épouse. Elle regrette le ciel bleu des jours précédents. Un étudiant, japonais, chinois, coréen ? et son caddie chargé de nourriture. Rejoindre sa chambre universitaire près du lac.

    Se pencher, observer les feuilles hier dorées, ce matin, noires, se superposant, tapis douillet. Chercher son nom, pas chêne, ni cerisier, peut être peuplier blanc. Croiser un homme, cheveux blancs, sourire amical et se dire BON JOUR. Sur une 3008 blanche stationnée depuis hier au moins, une tapisserie de feuilles d'or, collée par la pluie récente. 

    Enlever sa capuche, longer les tilleuls. Cette année, pas de colonnes de gendarmes tout le long des troncs. A la place, rangées de champignons minuscules, bien alignés, de bas jusqu'en haut. S'arrêter, photographier, délicatesse des lamelles. Connaissant le chemin de la maison, Djinnie me guide vers la gauche. Regarder l'homme des services municipaux. Grâce à lui, le coin des poubelles collectrices s'assoupit, bien rangé, ordonné.  Plus de déchets amassés anarchiquement, sachets, seau de peinture blanche, objets cassés. 

    Remonter la rue, admirer le chrysanthème avec ses multiples pomponettes jaunes, longues à fleurir, longues à rester fleuries. Ouvrir la porte, entrer. 11 heures. Départ d'Olivier, de Durga, bruit mouillé des voitures sur la chaussée....


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