-
Par durgalola le 19 Février 2024 à 14:00
Je vais m'exprimer autrement : un artiste doit il s'adapter à la stupidité de ceux qui l'entourent ?
L'hostilité de ces ultimes propos dissipa toute gêne chez moi.
En insultant l'intelligence des gens, vous perdez toute chance de les éduquer, et en refusant la justesse de leur point de vue, vous vous privez vous-même de l'intérêt principal de créer des oeuvres artistiques.
Ce fut Ebrahim Golestan qui reprit la parole.
Qui est ?
Établir un lien, dis je. Pas juste entre une idée et une autre, mais entre les gens.
Jasmin Darznik
L'oiseau captif
ce livre raconte l'histoire de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad (1935/1967)
Tanha sedast ke mimanad - Il n’y a que la voix qui reste
Pourquoi m’arrêterais-je, pourquoi?
Les oiseaux sont partis en quête d’une direction bleue
L’horizon est vertical
L’horizon est vertical, le mouvement une fontaine
Et dans les limites de la vision
Les planètes tournoient lumineuses
Dans les hauteurs la terre accède à la répétition
Et des puits d’air
Se transforment en tunnels de liaison.
Le jour est une étendue,
Qui ne peut être contenue
Dans l’imagination du vers qui ronge un journal
Pourquoi m’arrêterais-je?
Le mystère traverse les vaisseaux de la vie
L’atmosphère matricielle de la lune,
Sa qualité tuera les cellules pourries
Et dans l’espace alchimique après le lever du soleil
Seule la voix
Sera absorbée par les particules du temps
Pourquoi m’arrêterais-je?
Que peut être le marécage, sinon le lieu de pondaison des insectes de pourriture
Les pensées de la morgue sont écrites par les cadavres gonflés
L’homme faux dans la noirceur
A dissimulé sa virilité défaillante
Et les cafards...ah
Quand les cafards parlent!
Pourquoi m’arrêterais-je?
Tout le labeur des lettres de plomb est inutile,
Tout le labeur des lettres de plomb,
Ne sauvera pas une pensée mesquine
Je suis de la lignée des arbres
Respirer l’air stagnant m’ennuie
Un oiseau mort m’a conseillé de garder en mémoire le vol
La finalité de toutes les forces est de s’unir, de s’unir,
À l’origine du soleil
Et de se déverser dans l’esprit de la lumière
Il est naturel que les moulins à vent pourrissent
Pourquoi m’arrêterais-je?
Je tiens l’épi vert du blé sous mon sein
La voix, la voix, seulement la voix
La voix du désir de l’eau de couler
La voix de l’écoulement de la lumière sur la féminité de la terre
La voix de la formation d’un embryon de sens
Et l’expression de la mémoire commune de l’amour
La voix, la voix, la voix, il n’y a que la voix qui reste
Au pays des lilliputiens,
Les repères de la mesure d’un voyage ne quittent pas l’orbite du zéro
Pourquoi m’arrêterais-je?
J’obéis aux quatre éléments
Rédiger les lois de mon coeur,
N’est pas l’affaire du gouvernement des aveugles local
Qu'ai-je à faire avec le long hurlement de sauvagerie?
De l’organe sexuel animal
Qu'ai-je à faire avec le frémissement des vers dans le vide de la viande?
C’est la lignée du sang des fleurs qui m’a engagée à vivre
La race du sang des fleurs savez-vous?
Forough Farrokhzâd
Merci à Gisèle pour la découverte de cette poète et aussi pour cette auteure qui rend si bien sa vie. Ses parents sont partis d'Iran pour se réfugier aux Etats Unis emportant dans leur valise, un livre de poèmes de Forough.
12 commentaires -
Par durgalola le 14 Février 2024 à 19:10
Apprendre à aimer votre voisin
Tous. Pas seulement ceux qui font leurs courses le matin,
le promeneur du chien qui glousse, les couples
avec leurs enfants fraises des bois. Ceux-là sont la base.
Affichez votre bonté rebelle en lettres beaucoup trop grandes
au dos de votre veste. Les enfants vous dévisageront,
les chiens aboieront. Les portes claqueront. Peu importe, avancez.
Vos semelles s'useront, puis vos genoux.
Vous sentirez le froid de toutes parts, l'absence de pluie.,
une sécheresse de bienfaits. Votre visage effacé.
Non loin, derrière les rideaux couleur terre, une femme
qui met son hidjab - se préparer à affronter la rue
du jour - appellera son mari : Viens voir.
Ces deux-là s'agenouilleront à leur fenêtre.
La miséricorde porte des éclairs en bandoulière. Elle a des reflets
de feu dans ses cheveux blancs. Le visage du soleil.
Barbara Kingsolver
Apprendre à voler (en dix mille leçons faciles)
10 commentaires -
Par durgalola le 25 Janvier 2024 à 15:19
perce-neige
Sais-tu ce que je fus ? Comment je vécus ? Toi qui sais
ce qu'est le désespoir ; alors,
l'hiver devrait avoir un sens pour toi.
Je ne m'attendais pas à survivre,
la terre m'ayant supprimé. Je ne m'attendais pas à
me réveiller à nouveau, sentir
dans la terre humide mon corps
capable de réagir à nouveau, se souvenir
après si longtemps comment éclore à nouveau
dans la lumière froide
du printemps précoce -
apeuré, oui, mais à nouveau parmi vous
à pleurer, oui, risquer la joie
dans le vent cru du nouveau monde.
Louise Glück
L'iris sauvage
6 commentaires -
Par durgalola le 19 Décembre 2023 à 15:00
FECONDE
(juin 2005)
Parfois l'esprit féconde
D'innombrables créations
Au temps de ma jeunesse
J'étais inépuisable
Fructueuse
Productive
Productrice
J'épousais tous les temps
Maintenant sans promesses
Recherchant ce temps
Recherchant un lieu
Je suis partout
Je suis nulle part.
Andrée CHEDID
(l'étoffe de l'univers)
11 commentaires -
Par durgalola le 11 Décembre 2023 à 15:00
Qui sommes nous ?
Qui est au corps
De son corps
De son âme
De son être
Qui est au logis
dans l'intime de l'Etre ?
Et veille sur la demeure ?
Qui ?
Qui
Dans la demeure du coeur
Ou de l'âme
A conscience du secret de nos vies ?
Qui prête attention à moi ?
Qui s'enferme au logis ?
Qui observe les fonds ?
Qui
dans l'intensité première
Au centre de nous-mêmes
Prête attention à Lui ?
Andrée CHEDID
l'étoffe de l'univers
11 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique