• Deux aminautes ont sorti leur livre presque la même semaine, presqu'en même temps : Marie GILLET "Avec la vieille dame", Marie qui jardine son blog "au bonheur du jour" avec tendresse 

    et 

    Martine Martin-Cosquer "Je dis ça mais je ne dis rien", Martine qui cultive un blog "Au quai des rimes" avec tendresse aussi.

    Toutes les deux sont des écrivaines, des auteures, des aventurières des mots. L'une décrit les aidants, ces donneurs d'amour, l'autre décrit le monde des servants, ces blogueurs qui aiment leur ville. Il m'est impossible de les décortiquer leurs livres dans cet article, juste vous les offrir, toutes deux pourraient se rencontrer chez François Busnel (la grande librairie).

    Si je vous dis qu'elles écrivent bien, c'est réel,  lisez leur blog respectif, Bonheur du Jour et Quai des Rimes. Vous trouverez ci-dessous le descriptif qu'elles ont choisi de communiquer.

    Je vous remercie toutes les deux. Un livre est une page sur le monde. Et chacune vous avez un style, une personnalité, et je suis allée jusqu'au bout avec plaisir. Et comme souvent dans les livres que nous aimons, nous regrettons qu'il n'y ait pas quelques pages supplémentaires. 

     

    lisez "Je dis ça mais je ne dis rien" et "Avec la vieille dame"

     

    Descriptif de "Je dis ça mais je ne dis rien" écrit par Martine

    Troulaville est un joli village paisible et animé jusqu’au jour où, en pleine campagne préélectorale pour les Municipales, un corbeau vient en troubler l’apparente sérénité en se permettant quelques facéties et en envoyant aux habitants les plus connus des lettres anonymes sur le thème des sept péchés capitaux et autres inconduites qui animeront les réseaux sociaux, un blog local, radiotrottoir et radio bistrot.Certains secrets inavoués se révèlent à tous et les masques tombent.Qui est ce mystérieux corbeau trublion ? Quelles sont ses motivations ? La vérité est surprenante.

    Descriptif de "la Vieille Dame" écrit par Marie

    Une femme tente de se reconstruire après la mort de ses parents. Devenus progressivement grabataires, elle s'en est occupée pendant dix ans, assumant pleinement son rôle d'aidante. Au fur et à mesure du récit, elle livre des bribes de ce qu'elle a vécu et progressivement, réalise que ce qu'il n'en est pas resté que douleur, sacrifice et deuil. Oui, il y a eu la perte d'êtres chers qu'elle a vus dépérir jusqu'à en perdre toute figure humaine, mais il y a eu aussi la joie, l'amour et la vie au-delà de la mort. Ce livre évoque donc une situation d'actualité, celle de aidants qui prennent soin de leurs parents âgés. Il décrit les petites morts successives de la perte d'autonomie ainsi que les sacrifices consentis par ceux qui restent jusqu'au bout auprès de ceux qu'ils aiment.

     

     

     

     


    10 commentaires
  • NETTOYAGE DE PAQUES

     

    Un après-midi lent,

    il pleut sur la page dix-huit du livre :

    le pleur des hommes !

     

    La pluie lave la poussière

    des étagères de l'âme,

    la rage

    des anges de l'impuissance :

    ils pleuvent les mots des poètes morts.

     

    Et puisque les femmes savent 

    que les vérités sont nombreuses,

    elles se taisent,

    mordent leurs lèvres et regardent

    la montagne qui descend dans la ville

    à la fin d'avril

    et transforme la pluie

    en flocons de neige hésitants :

     

    le pleur des femmes.

     

    Elles lèvent leurs mains en prière,

    en approchant d'un pas de plus 

    vers Dieu.

     

    Aksinia Mihaylova

    Le baiser du temps


    8 commentaires
  • LES IGUANES

     

    Ils gisent indolents dans la grise rocaille

    Des vestiges des temples qui leur indiffèrent

    Parfois ce n'est qu'une paupière qui bâille

    Corps gris minéral, roche à l'angle vif

    Mais les pattes sont lestes, et d'un bond furtif

    Ils happent les moustiques, c'est la grande affaire.

     

    Nous autres iguanes, d'une espèce récente

    Parquée face aux courbes des monnaies cassantes,

    Voyons les banques s'effondrer en silence.

    Pas même la colère, pas même un rire.

    Le temps ? Le pouvoir ? Cela va pourrir

    Et dans le jour neuf le soleil s'élance.

     

    Volker BRAUN


    10 commentaires
  •  

    La petite vie secrète

     

    Il y a quelques années, pour une émission de RFI, j'avais interviewé des écrivains sur leur travail. Mon propos était d'essayer d'entrevoir et de faire partager, à travers le reportage radio, ce qui est peu palpable dans l'univers d'un écrivain.

    ...

    J'avais rencontré trois femmes et deux hommes, de nationalité et d'âges divers, vivant tous plus ou moins à Paris et ayant publié plusieurs ouvrages. 

    ...

    Un auteur m'a donné rendez-vous au pied du Sacré-Cœur et un autre dans un café bondé à Belleville. Ils m'ont parlé du monde, de la beauté, du bruit, de leur place dans ce monde là. Les trois auteures m'avaient, elles, donné rendez-vous chez elle. Pendant que nous parlions de leurs livres, de la naissance de ceux-ci, des rituels, de la discipline, l'une d'entre elles a terminé une vaisselle et m'a fait un thé, une autre a rangé des jouets qui traînaient dans le salon tout en surveillant l'heure de la sortie de l'école. Cette dernière m'avait confié qu'elle se réveillait tous les jours à cinq heures du matin pour pouvoir écrire. Deux de ces auteures avaient "de jour", si j'ose m'exprimer ainsi des métiers très prenants.

    ....

    J'ai souvent repensé à ces trois femmes puissantes que j'avais rencontrées. Je me souviens d'avoir lu cette phrase de Stephen KING (121 livres, 1 femme, 3 enfants) : "Pour écrire il faut fermer la porte." Si seulement c'était si facile. Il n'y a pas si longtemps je discutais agréablement avec un écrivain qui voyage beaucoup et qui a trois enfants encore petits. Quad je lui ai demandé comment se passait son compartimentage à lui, il m'a répondu, un peu sèchement, que c'était du domaine privé mais qu'il avait beaucoup de chance. "Beaucoup de chance" c'est, je crois, une façon moderne de dire "j'ai une épouse formidable".

    Quelques données que j'ai glanées ça et là. Flannery O'Connor, Virginia Woolf, Katherine Mansfield, Simone de Beauvoir : pas d'enfants. Toni Morrison  : 2 enfants, a publié son premier roman à trente-neuf ans. Penelope Fitzegerald : 3 enfants, a publié son premier roman à soixante ans. Saul Bellow : plusieurs enfants, plusieurs romans. John Updike : plusieurs enfants, plusieurs romans. Bien sûr cela ne prouve rien mais ce n'est pas anodin non plus.

    Dans les salons du livre, les festivals littéraires, cette conversation sur la petite vie secrète des femmes (et peut-être de quelques hommes) existe peu. Je sens qu'il ne serait pas de bon ton d'en parler, comme si cela pouvait nous dévaloriser, nous "délégitimer", nous rendre moins "écrivains" sérieux. Pourtant, il y a, ici, toute une littérature, un pan entier d'un autre imaginaire - celui qu'on va chercher quand on n'a plus le temps de le maquiller en style, en tergiversations, en non-essentiel -, il y a de l'incarnation, de l'observation, de l'empathie, du temps qui passe et aussi, bien sûr, la conscience aiguë de sa propre mortalité.

    Natacha APPANAH

    chroniques 


    9 commentaires
  • Chemin faisant, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses.Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. » évangile de Luc

     

    Le problème de Marthe n'est pas qu'elle était à la cuisine au lieu d'être au salon ; c'est qu'à la cuisine, elle s'occupait de cuisine sans chercher le Christ. C'est que l'on peut cuisiner de deux manières bien différentes : on peut cuisiner pour réussir le plat, ou pour faire plaisir aux invités ; ce n'est pas sans lien, puisque pour faire plaisir aux invités, en général, il faut réussir le plat, mais l'état d'esprit est, il me semble, très différent.

    Dans un cas, vous préparez de la nourriture, et dans l'autre vous fabriquez de la communion. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Il y a du plaisir à réussir un œuf poché sans le casser, il y a du plaisir à goûter une sauce particulièrement réussie, mais c'est un plaisir bien différent que de passer son après-midi tout occupé des gens qu'on aime et pour qui on travaille. Cuisiner peut être un plaisir ou un fardeau, mais ce peut être aussi un acte d'amour.

    Si Marthe ne l'avait pas oublié, elle aurait choisi, elle aussi, la meilleure. Elle aurait découvert que ce qu'elle prenait pour un effort méritant une récompense, c'était déjà la récompense elle-même ; que la vie chrétienne, ce n'est pas s'épuiser à mériter un jour la vie éternelle, le Royaume de Dieu, mais c'est recevoir cette vie et ce Royaume qui nous sont déjà donnés ; que la vie chrétienne, ce n'est pas autre chose que la vie éternelle, la vie avec Dieu déjà commencée. 

    C'est que pour parodier une antique formule, pour peu que nous l'ayons laissé entrer, Dieu est aussi dans la cuisine. 

     

    Adrien CANDIARD

    A Philémon

    Réflexions sur la liberté chrétienne


    12 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique