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Par durgalola le 9 Juin 2020 à 14:00
Le rêve de l'artiste
Est d'être l'arbre
Qui rassemble et mûrit
Les fruits tombés trop tôt
Etre l'arbre et son ombre
Les branches et le soleil
Le parfum et le chapeau de paille
Etre libre
La mémoire en fuite
Et les moineaux déroutés par le vent.
Tahar Ben Jelloun
Douleur et lumière du monde
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Par durgalola le 3 Juin 2020 à 14:00
Certains mots
sont doués de vie
Ils tombent
Dans un pot de couleurs
Vives et agitées
Ils sortent habillés
Quand la solitude suinte
sur les murs
Alors ils deviennent
une pluie solaire.
Tahar Ben Jelloun
Douleur et lumière du monde
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Par durgalola le 30 Mai 2020 à 16:22
L'herbe a si peu de chose à faire,
C'est une sphère de simple verdure
Avec seulement des papillons à couver,
Et des abeilles à recevoir,
Elle n'a qu'à s'agiter tout le jour selon les jolis airs
Que les brises amènent,
Et à tenir le soleil sur son coeur
A saluer toutes choses ;
A enfiler les gouttes de rosée toute la nuit comme des perles,
A se faire si belle
Qu'une duchesse serait trop commune
Pour une telle splendeur.
Et lors même qu'elle meurt, à passer
Parmi les odeurs divines,
Telles de secrètes épices qui s'endorment
Ou des amulettes de pin.
Et alors elle habite dans des granges souveraines
et passe les jours à rêver.
L'herbe a si peu de choses à faire,
Je voudrais être une touffe de foin !
Emily Dickinson
Poèmes choisis
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Par durgalola le 28 Mai 2020 à 10:00
Dieu donna un pain à tous les oiseaux,
A moi rien qu'une miette ;
Je n'ose la manger, même quand je meurs de faim ;
Cette miette est mon luxe émouvant.
La posséder, la toucher, c'est preuve légale
Que cette boulette est mienne ;
Je suis trop heureuse de mon sort de moineau
Pour en désirer davantage.
Il pourrait y avoir la famine autour de moi,
Je ne manquerais pas d'un épi,
Tant l'abondance sourit sur mon buffet,
Tant mon grenier paraît garnir.
Je me demande ce que peut éprouver un riche,
Un prince hindou, un comte.
Je pense qu'avec rien qu'une miette
Je suis leur souveraine à tous.
Emily Dickinson
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Par durgalola le 13 Mai 2020 à 14:00
à ma fille Théa
Tandis que j'essaie d'habiller
le monde derrière la porte vitrée
en couleurs chaudes
elle plonge un pinceau
dans le ciel de ses cinq ans
et son rire se met à couler
de l'horizon de la serrure
vers le seuil.
Un jour elle comprendra que chacune de nous a son fleuve
où elle se réveille avec des yeux de femme,
puis entasse des silences dans sa gorge,
les lie en barques de papier
et s'endort avec des yeux de poisson.
A présent son rire gonfle les toiles
de toutes les barques
ensablées dans le delta du monde.
Aksinia Mihaylova
Le baiser du temps
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