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  • Je n'appelle, ni ne pleure, ni ne regrette rien,

    tout passe comme brume de pommiers en fleurs.

    Miné désormais par l'or de défloraison

    Je ne connaîtrai plus la jeunesse.

     

    Tu ne battras plus comme avant

    désormais, cœur transi,

    plus ne t'incitera à flâner pieds nus

    la terre du bouleau et du calicot.

     

    Esprit follet qui attisa mes lèvres

    comme tu te fais rare, rare aujourd'hui.

    Flots d'émotion, pétulance du regard,

    ô ma fraîcheur d'âme perdue.

     

    De désirs même je deviens avare.

    Ma vie ! Ou ne fut-ce qu'un songe ?

    Comme si par un bruissant matin de printemps

    j'eusse passé au galop sur un destrier rose.

     

    Tous en ce monde, tous sont périssables,

    lentement s'écoule le cuivre de l'érable...

    Béni sois-tu néanmoins dans les siècles

    toi qui es venu éclore et mourir.

     

    Sergueï Essenine

    1921


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  • Heureux qui par un frais automne

    largue son âme comme pomme au vent

    et contemple le soc du soleil

    fendre l'eau bleue de la rivière.

     

    Heureux qui extrait de sa chair

    l'incandescent clou des poèmes,

    et revêt le blanc vêtement de fête

    en attendant que l'hôte frappe.

     

    Apprends, mon âme, apprends à garder

    au fond des yeux la fleur de merisier ;

    avares sont les sens à s’échauffer

    quand du flanc coule un filet d'eau.

     

    Les étoiles carillonnent en silence

    Telle la boue à l'aube, telle la feuille blanche.

    Nul n'entrera dans la chambre haute,

    je n'ouvrirai la porte à personne.

     

    Sergueï Essenine

    1918

     


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