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Résolument végétarien, l'auteur sud-africain né au Cap affiche des positions proches de l'antispécisme - cette idée que l'espèce d'un animal ne doit pas influencer notre manière de la traiter ou de la considérer. Son dernier livre, l'Abattoir de verre, accorde une grande place à ce sujet. A travers sept histoires morales, Coetzee met en scène son double littéraire, Elizabeth Costello, une écrivaine australienne vieillissante.
.... plus loin, Costello vit avec des chats férals. Elle a choisi de "tourner le dos à (sa) tribu - la tribu des chasseurs - et de (se) placer du côté des chassés", priant pour un monde où les hommes n'auront plus droit de vie et de mort sur les autres espèces. A la fin du recueil, l'héroïne envisage de construire au cœur d'une ville un abattoir en verre pour réveiller les consciences. Et pointe notre ambiguïté. "Si nous sommes préparés à infliger la mort à autrui, pourquoi souhaitons-nous lui épargner la douleur ?".
Le livre se clôt sur un reportage sur une ferme-usine où les poussins mâles, qui ne font pas partie du "business plan" sont broyés pour être transformés en nourriture pour bétail ou en engrais. "C'est pour eux que j'écris. Leur vie fut tellement brève, si facile à oublier", déclare Costello. A travers ses mots se dévoile, indéniablement, l'engagement profond de J.M. Coetzee.
Gladys Marivat
LIRE - décembre 18/janvier 19
(chat féral : chat qui retourne à l'état sauvage)
En parallèle à la place de l'animal, l'auteur nous parle de la vieillesse, de la grande vieillesse que va bientôt aborder Elisabeth Costello.
"La vérité, c'est que tu es une vieille dame qui a besoin de soins...."
Sa mère secoue la tête.
"Pas cette vérité-là. Dis-moi l'autre vérité, la vérité vraie."
Mais je ne n'y suis pas arrivé. Je n'ai pas pu lui dire en face ce que je n'ai aucun mal à t'écrire maintenant : " la vérité vraie, c'est que tu es en train de mourir. La vérité vraie, c'est que tu as un pied dans la tombe. La vérité vraie, c'est que tu est déjà sans défense, que demain tu seras encore plus démunie, et ainsi de suite, jusqu'au jour où il n'y aura plus d'aide du tout.
.... la vérité vraie, c'est que tu ne peux plus dire Non. Tu ne peux pas dire Non au tic-tac de la pendule. Tu ne peux pas dire Non à la mort. Quand la mort dit Viens, il te faut courber la tête et partir. Alors accepte. Apprends à dire Oui...
Laisse derrière toi cette maison... laisse tes objets familiers, viens vivre dans une institution.... ne te braque pas. Dis Oui. Dis Je suis d'accord. Dis je suis entre vos mains. Fais au mieux"
J.M COETZEE
(lauréat du prix Fémina étranger, prix Nobel de littérature en 2003)
L'abattoir de verre
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Les osselets
La mésange à tête bleue
au midi scintillant
pose ses pattes propres
sur la corne d'une charogne
pousse trois trilles et puis repart
touffe de poils dans le bec
les pattes légèrement moins propres
on peut chanter dans les décombres
construire son nid d'osselets fins
chaque jour commence un nouveau jour
les oisillons ont besoin de chaleur
pendant qu'une drôle de musique
s'aiguise dans le ventre
du chat du voisin
Thomas VINAU
C'est un beau jour
pour ne pas mourir
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Métiers improbables
(jusqu'à la page 137)
Croc, dans sa nouvelle, propose d'être écouteuse "Je suis là, tous les après-midi, je vous écoute". Quelle tendresse ! car souvent aujourd'hui, tout va très vite, et aussi être écouteuse, ce n'est être ni prêtre (qui d'ailleurs a à peine le temps d'entendre trois phrases de vos mots, réunions à n'en plus finir, nouveau découpage des paroisses, et le pape leur reproche de ne pas consacrer assez de temps à la préparation de leur prêche), ni psychologue, ni psychiatre, avant tout des professionnels, souvent adeptes d'une école, et tarifés (attendre 3 mois au moins, sinon 6 pour obtenir un RV chez le psychiatre, temps de tomber en profonde dépression) , écouteuse c'est être amicale et savoir recevoir les dons venant du coeur.
Et j'ai rencontré des libellules, le lama de Monsieur le curé, une aigrette garzette (ayant même son attachée de presse).
Une larme de tendresse est tombée en lisant : l'essuyeur de lunettes. "un petit bonhomme qui avait trouvé une astuce pour ramener quelques euros à la maisonnée". "et sa bonhommie touchait les gens". Je vois bien les mamies lui faire un bisou sur la joue et partir guillerettes de leur rencontre.
Je ne peux pas passer sous silence le "réveilleur de livres". Je pense à mon mari, à Bonheur du Jour, à Quichottine, à Martine, à François qui ont plein de mots dans le cœur et souhaitent être lus, discutés, appréciés. Ils passent par des éditeurs qui leur promettent beaucoup et finalement, leur soutirent des euros (pas toujours des sommes disproportionnées) pour une édition un peu secrète. Leurs livres ne garniront jamais les rayons des librairies. "un réveilleur de livres, c'est un amoureux de la lecture qui pense qu'un livre non lu, mais où son auteur avait exprimé le meilleur de lui-même, où le lecteur s'était retrouvé, ne doit pas connaitre une fin ... funeste".
Et voici le "chasseur de brise-bise" avec deux si jolies photos du spécialiste. "On monte en haut d'un escabeau, beau, et on enfile un cerf-volant". Et zou, on vole dans le ciel, on fait l'oiseau, léger et libre (sans moteur, c'est génial), attention aux vents forts qui vous élèvent vers le soleil, on peut se brûler les ailes. Il faut que j'en parle à mon mari, grand oiseau devant l'éternel, qui s'est retrouvé déjà dans des arbres bien emmêlés avec les fils du parapente. Et me voilà à la page 137.
Encore de nombreuses pages devant nous, et moi aussi, je trouve ce livre très réussi, je crois bien que nous avons encore grandi ... A bientôt.
"Saviez-vous que les ombres que l'on voit sur la lune ne sont ni des montagnes, ni des mers ?
Non l'ombre que l'on aperçoit est en réalité celle d'un petit bonhomme assis sur son âne."
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Parfois on ne le sait jamais
J'aime assez ce moment
dans la rue dans les gares
sur un banc
lorsqu'on ne sait pas encore
si le type en face
qui parle tout seul
en remuant les bras
est un psychotique
ou un homme d'affaires
avec une oreillette
Thomas VINAU
C'est un beau jour
pour ne pas mourir
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