• Col du Donon (16 août)

    nous rendions nous au Tibet ? en Irlande ? 

    Col du Donon (16 août)

     

    uniquement au temple de Mercure (reconstitution datant de 1869, musée jusqu'en 1958)

    dans les Vosges, en ce jour brumeux, magique

    Col du Donon (16 août)

    au  Donon près de Schirmek (1009 m)

    Col du Donon (16 août)

     et la vue immense sur la vallée ne nous fut pas révélée ;

    toute cette brume nous rappela plus précisément qu'au Néolithique le site était déjà occupé.

    De nos jours, nombreux sont les visiteurs, même par ce jour gris et pluvieux.

    N'écoutant que nos coeurs, nous sentions toute l'énergie dégagée par ce lieu impressionnant.


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  • Son souffle 

    s'est suspendu,

    un instant, une éternité 

    dans le cœur duveteux

    d'un nuage gris.

     

    C'était hier

    c'était dimanche

    elle était et ne sera plus.

     

    Envolées les 90 années 

    dans sa maison, sa rue, son Borny

    disparue la présence vivace

    de cette Lorraine fidèle.

     

    Sa maison,

    du raisin pour le vin paternel

    son histoire

    où les Messins endimanchés 

    fréquentaient la guinguette proche.

    Son village 

    à l'heure allemande

    où le maire choisit

    les familles à "virer".

    Le train,

    sa grand-mère malade

    le voyage vers la Dordogne

    son père à Toulouse.

    Trouver à manger, se loger,

    la Dordogne était pauvre.

    Elle pédalait

    pédalait, à ses 16 ans

    sur les chemins creux.

     

    Au retour,

    la maison dépouillée

    les objets chez les voisins,

    le vélo à nouveau,

    travailler dans un garage

    au milieu d'hommes

    L'accident,

    l'opération, l'année

    couchée dans son lit,

    le corset ...

     

    Elle grandissait Lucie

    Un jour, après,

    Robert est venu

    l'a épousée.

    Ouvrier, il travaillait

    dans les usines actives,

    La vallée de la Fensch,

    désamiantant les installations.

    La mort de la mère,

    la naissance de Vincent

    Toujours présent,

    le grand père aimait l'enfant.

    Et le maire

    vendit le village

    à l'affamée messine.

    Bradant ses terres,

    Du blé, des pâtures ;

    une baguette technologique

    les changeant en immeubles serrés

    en boîtes à ouvriers,

    puis à migrants.

     

    Modernisme effréné,

    l'enfant grandissait.

    Elle, affairée,

    conduisait le foyer

    droit comme un sillon de blé.

    Les maisons serrées

    entre Cora, Buffalo Grill,

    Jardiland,

    Terres transformées

    en technopole, ZAC Sébastopol.

    Robert se mourait,

    l'amiante le minait.

    Elle l'aimait

    le pleura.

     

    Elle se courbait

    les ans passèrent,

    et peu à peu,

    son champ rétrécit.

    Elle souffrait 

    Ses petits enfants devenaient grands

    Son fils a pris quelques rides .

     

    Et avec ténacité,

    elle maintenait le cap

    85 ans, 90 

    et un AVC la sortit

    de la maison natale.

    Les jours d'été

    se sont effeuillés

    Elle était toute fragile

    Elle m'a regardé

    longuement de ses yeux

    où brillait fortement

    son âme. 

     

    Elle était ma voisine

    depuis 20 ans

    Et je l'aimais.

    Paix à son âme.

     


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  • Je n'aime que les livres dont les pages sont imbibées de ciel bleu - de ce bleu qui a fait l'épreuve de la mort. Si mes phrases sourient c'est parce qu'elles sortent du noir. J'ai passé ma vie à luter contre la persuasive mélancolie. Mon sourire me coûte une fortune.

    Le bleu du ciel, c'est comme si une pièce d'or tombait de votre poche et qu'en l'écrivant je vous la rendais. Ce bleu en majesté dirait la fin définitve du désespoir et ferait monter les larmes aux yeux.

    Vous comprenez ?

     

    Christian BOBIN

    l'homme-joie


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  • défi 148 proposé par les croqueurs de mots

    On l'a rimé, on l'a chanté sur tous les rythmes et tous les tons, à toutes les époques...

    C'est l'océan, la mer, le grand bleu...

    Choisissez votre océan ou votre mer et rendez-lui hommage...

     


     

    Guillemette et le capitaine

     

    Guillemette était une petite fille rousse. Son sourire était lumineux. Sur le bateau de son oncle, elle trépignait de joie. Pour la première fois, il avait accepté de l’emmener avec lui. Ensemble, ils naviguaient vers Tamatave pour charger vanille et épices.

    L’enfant admirait Baptiste, 47 ans, crâne rasé, boucles d’or aux oreilles. Quatre boucles rondes et larges, lourdes aussi. Ne lui avait-il pas confié qu’en mer, il se sentait toujours aimé. La boucle à son oreille droite, lui rappelait son épouse, Marie-Bleue. Les trois à celle de gauche, placées en bon ordre, l’une près de l’autre représentaient ses enfants, Suzanna, Lucien et Neptune.

    Guillemette se penchait et regardait les vagues éclabousser la coque. Le soleil se levait et se couchait, s’étirant, largement, baillant d’or et de lave sauf quand la pluie jouait un oratorio, un opéra ou une légère sonate.

    Quelquefois, l’envie lui prenait de sauter dans l’ami-bleu, puissant et un rien viril et de se laisser aller comme la baleine blanche aperçue l’avant-veille, va et vient puissant dans l’onde maîtresse.

    Il lui arrivait de s’endormir à la belle étoile. Son oncle l’emportait, toute légère, plume au vent,  dans sa couchette.

    Baptiste était débordant d’histoires. De nombreux tatouages, fermement dessinés, selon une architecture mathématique, étaient chacun, une expérience, une morale, un conte.

    Un crâne sur le bras droit et un deuxième . « Ah, confiait-il, celui-là vient de Macao. Le tatoueur le lui avait conseillé pour éloigner les démons, tu sais fillette, protecteur comme les gargouilles des cathédrales. Le deuxième, parce qu’à 2, ils forment une belle équipe… »

    « Sache qu’ainsi, jamais, je n’ai plus eu de voleurs à mes trousses, d’accidents sur le bateau. Au fond, ce sont mes anges ! » Et il clignait de l’œil et ils éclataient de rire, la poussette et le grand homme.

    Les vagues s’enroulaient, les oiseaux à tire d’aile les dépassaient. Tamatave approchait.

    Guillemette allait reprendre le chemin de la maison, se promettant de tout raconter à Pépita, sa chatte-doudou.

    Quand elle serait grande, elle écumerait les mers. Promis ! juré !


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