-
Dans la rue à la Jeanne,
Heureusement que les voisins
s'arrêtent, sourient, échangent.
Une voisine offre muguet
et roses à celle qui vient
de promener son chien.
Lui bricole dans son garage
et l'on papote à l'abri
de la pluie. Heureusement
qu'ils sont bien présents
pour embellir ces moments
où la famille manque.
Agab 1/05/20
10 commentaires -
Sur la fenêtre de toit
Ploc ! Ploc !
font les gouttes.
Les pollens se collent
à la terre mère.
L'escargot fringant
heureux de sa sortie.
Parapluies fleurissent
et brr ! marcher vite,
3 photos et rencontrer
mari, voisines d'ici
et de là. Toujours
triste celle qui a perdu
son chien durant un
détartrage de dents.
Là-bas, vol de plantes fleuries.
Le complice dans
son auto les embarque.
Courage du mari
Qui le semonce.
La vie, haut, bas,
va cahin-caha.
Agab 30/04/20
19 commentaires -
Nouveau cycle, le ciel
cligne du bleu à travers
les épais nuages. Lourds.
Nous ne déconfinerons pas
d'un claquement de doigts.
Le ministre martèle
"Apprendre à vivre avec !"
Comme nous l'avons
appris avec le sida, le cancer,
le nucléaire, ceux de Daech.
Le printemps finit sa
gamme de fleurs pour
préparer les fruits.
Le temps nous est donné
pour porter nos fruits.
Agab 29/04/20
15 commentaires -
Mais jamais Ludmila ne connaîtra en Widma autre chose qu'une mère. Jamais elle ne verra cette femme imposante diminuer à mesure que croissent ses enfants ; jamais elle ne connaîtra ce vertigineux retournement des choses de devenir plus grande qu'elle ; elle ne connaîtra pas, non plus, cette connivence pudique des femmes que peuvent avoir parfois les filles avec leurs mères. Jamais elle ne rendra la dette de sa naissance en accompagnant les vieux jours de Widma ; jamais elle ne vivra ce petit pincement qui étreint le cœur des enfants lorsqu'ils voient affleurer chez leurs mères une vulnérabilité que le grand âge ne leur permet plus de camoufler.
Car un jour les mères vieillissent et se laissent regarder pour ce qu'elles sont : des femmes. D'anciennes petites filles, aussi. Il arrive alors que leurs filles se retrouvent à laver ce ce corps-là, le corps secret dont elles sont sorties, dont elles se sont éloignées, et dont elles n'ont pas su grand-chose par-delà l'amnésie de la naissance. Ce jour-là, chaque passage du gant sur ce corps devenu dépendant retissera quelque chose d'ombilical. Et sous l'embarras, il y aura aussi une étrange jouissance : celle de poser encore notre empreinte sur ce corps, comme ces vergetures qui témoignent de notre passage à l'abri de ce ventre, distendu à cette occasion de façon si démente que sur la peau se fendent des crevasses indélébiles.
Marion MULLER-COLARD
Wanted Louise
5 commentaires