• Déjà et toujours

    des râleurs remontés.

    Macron, pas à la hauteur.

    Respect pour les Chinois.

    Nous aurions dû

    faire comme ci,

    et la débâcle économique

    sera comme ça.

    Bruits de gorges,

    Râles intempestifs.

    Le corbeau est calme.

    Les chiens sortent.

    Et nous sommes à l'abri.

    Magasins alimentés.

     

    Agab 24/03/20


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  • Sortir ou ne pas sortir

    Discrètement, prendre

    une goulée, marcher

    d'un pas vif. Humer,

    tendre son dos,

    s'étirer, contempler.

    Nous sommes des fourmis

    reléguées dans leur terrier

    sans balcon, sans jardin,

    quelquefois sans fenêtre

    sur placette ou rivière.

    Un hôpital sans visite.

    Juste soif de la lune,

    du moineau, de l'herbe.

    Même le chat est étonné

    de nous voir toujours.

     

    Agab 23/03/20


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  • défi 234 avec les croqueurs de mots

    Avec les Croqueurs de mots 

     défi 234 du lundi 30 mars

    Avec le coronavirus, nous sommes contraints à limiter nos déplacements.

    J'en connais qui devaient découvrir Milan, d'autres New York et d'autres peut être Vesoul,

    alors je vous propose d'écrire une courte histoire (30 lignes maxi) sur une ville, une région, une montagne, tout simplement un endroit que vous connaissez ou que vous souhaiteriez connaître.

    Seule contrainte, vous mentionnerez  le nom d'un poète ou d'une poétesse dans votre texte.

     

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    Les habitudes sont affaires de transmission familiale, bien souvent. Quand il descend (déjà le terme descendre qui implique aller vers le sud est révélateur) en voiture tout le long des autoroutes, Dijon, Lyon, Valence, Aix en Provence, il roule à pleine vitesse et ne s'arrête que pour l'arrêt pipi, essence, café pour avaler au plus vite, les 900 kilomètres le séparant de la mer Méditerranée et du petit logement face au bleu et à l'arrière, vue sur l'Esterel. (du bleu, (azur, prusse, russe, pas porcelaine ni de Saxe et du rouge, avec cet or du soleil, à en devenir pierre lui-même, facile lorsque l'on se prénomme Pierre). 3 semaines à marcher le long du rivage, nager, lire Thomas Vinau,  et aimer Myriam, aimer avec Myriam. Et ensuite, le retour d'une traite, se séparer pour un an du logement chéri,  au lever du soleil et arriver à 19 heures si près du Luxembourg. 

    Seulement, cette fois-ci sa femme a demandé, souhaité, prié de dormir à Murat, de découvrir le Puy Mary. Pierre a hésité, son séjour sera réduit d'un jour de rendez-vous avec l'eau cristalline. Oh, il n'a pas maugréé, juste, enfin ... accepté. Le couple est parti tout doré, en bermuda clair et tee-shirt bleu. A l'arrière, le chien, aux longs poils dort. Après avoir longé la méditerranée, la route les attire vers le Massif Central. Ils sont assez nombreux. Puis dizaine de kilomètres après dizaine de kilomètres, un nuage blanc, deux et le bleu se rétrécit, gris souris et immenses ouates noires. Sur l'aire d'autoroute, les vacanciers revêtent des vêtements chauds. Trois gouttes de pluie, clapotent , les essuies-glaces font leur travail, hop et hop, puis hop, hop, hop.

    La chambre à Murat est coquette, rose, sous les toits, l'hôtesse, accueillante, souriante. Des baskets, un parapluie, un k-way et ils parcourent la ville. La pluie s'égoutte sur les lauzes noires. La ville est recroquevillée. Même, les escargots sont absents. 20 degrés de moins que dans le Sud, Pierre et Myriam sont transis. Ils découvrent un restaurant et ils commandent un pâté de pommes de terre et une salade. Le matin, il est désagréable de remettre les vêtements chauds. La pluie tombe toujours. Grise mine !

    Pierre espère une accalmie prochaine, Myriam également ! Après une heure de route, le temps ne s'améliore pas, un brouillard de plus en plus épais les enveloppe. Le paysage n'existe plus, seule règne la puissance de Water Music de Haendel. De plus en plus, le rien remplace l'arbre, les maisons. Ils suivent bien les panneaux de la route, Myriam raconte les vols en parapente de son frère Olivier, les photos de France, un ciel bleu, du vert, la montagne qui stupéfie. Paradis, éden, liberté, joie...

    Prudemment, Myriam aborde les virages, 30 kilomètres/heure. L'ascension est lente, mais où sont-ils ? Ils arrivent enfin près d'un café restaurant office de tourisme. Quelques flocons de neige accrochés sur les petites fleurs montagnardes. Pierre suit un peu le chemin, au bout de quelques mètres, il s'arrête, le café commence à disparaître. Tout est d'une telle platitude. Mais où est le panorama ? La petite chienne grelotte, les gouttelettes traversent sa fourrure blanche. Ils ont l'impression d'être en Bretagne, un jour d'août près de la pointe de Pen-Hir, à part les embruns parfumés les maltraitant. Ou en Normandie, sur la plage de Cabourg en avril. Ils se réfugient dans le café, l'atmosphère est celle d'hiver, le poêle chauffe, ils choisissent chocolat et thé bien chauds. La brume de leurs tasses s'entrecroisent. Le chien essuyé sèche. Et Myriam, toujours curieuse se rend vers la boutique, une immense carte est affichée. Elle n'en croit pas ses yeux, le paysage est époustouflant, les couleurs éclatantes, l'été, les voiles, les gens, les vaches. Cette réalité est à l'opposée de celle d'aujourd'hui. Les quelques rares touristes s'engouffrent dans la pièce, fermant rapidement la porte. 

    Elle prendra un dépliant pour s'imprégner d'un autre paysage. Pierre quelques années plus tard se souvient toujours de cet étrange lieu, si proche de l'Irlande ou du pays de Galles. Il n'oublie pas le rendez-vous manqué avec le Puy Mary bleuté, en ces moments de confinements, il y pensera avec tendresse. Toutes les beautés ne se dévoilent pas. Jamais il n'oubliera.

     

     


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    La petite vie secrète

     

    Il y a quelques années, pour une émission de RFI, j'avais interviewé des écrivains sur leur travail. Mon propos était d'essayer d'entrevoir et de faire partager, à travers le reportage radio, ce qui est peu palpable dans l'univers d'un écrivain.

    ...

    J'avais rencontré trois femmes et deux hommes, de nationalité et d'âges divers, vivant tous plus ou moins à Paris et ayant publié plusieurs ouvrages. 

    ...

    Un auteur m'a donné rendez-vous au pied du Sacré-Cœur et un autre dans un café bondé à Belleville. Ils m'ont parlé du monde, de la beauté, du bruit, de leur place dans ce monde là. Les trois auteures m'avaient, elles, donné rendez-vous chez elle. Pendant que nous parlions de leurs livres, de la naissance de ceux-ci, des rituels, de la discipline, l'une d'entre elles a terminé une vaisselle et m'a fait un thé, une autre a rangé des jouets qui traînaient dans le salon tout en surveillant l'heure de la sortie de l'école. Cette dernière m'avait confié qu'elle se réveillait tous les jours à cinq heures du matin pour pouvoir écrire. Deux de ces auteures avaient "de jour", si j'ose m'exprimer ainsi des métiers très prenants.

    ....

    J'ai souvent repensé à ces trois femmes puissantes que j'avais rencontrées. Je me souviens d'avoir lu cette phrase de Stephen KING (121 livres, 1 femme, 3 enfants) : "Pour écrire il faut fermer la porte." Si seulement c'était si facile. Il n'y a pas si longtemps je discutais agréablement avec un écrivain qui voyage beaucoup et qui a trois enfants encore petits. Quad je lui ai demandé comment se passait son compartimentage à lui, il m'a répondu, un peu sèchement, que c'était du domaine privé mais qu'il avait beaucoup de chance. "Beaucoup de chance" c'est, je crois, une façon moderne de dire "j'ai une épouse formidable".

    Quelques données que j'ai glanées ça et là. Flannery O'Connor, Virginia Woolf, Katherine Mansfield, Simone de Beauvoir : pas d'enfants. Toni Morrison  : 2 enfants, a publié son premier roman à trente-neuf ans. Penelope Fitzegerald : 3 enfants, a publié son premier roman à soixante ans. Saul Bellow : plusieurs enfants, plusieurs romans. John Updike : plusieurs enfants, plusieurs romans. Bien sûr cela ne prouve rien mais ce n'est pas anodin non plus.

    Dans les salons du livre, les festivals littéraires, cette conversation sur la petite vie secrète des femmes (et peut-être de quelques hommes) existe peu. Je sens qu'il ne serait pas de bon ton d'en parler, comme si cela pouvait nous dévaloriser, nous "délégitimer", nous rendre moins "écrivains" sérieux. Pourtant, il y a, ici, toute une littérature, un pan entier d'un autre imaginaire - celui qu'on va chercher quand on n'a plus le temps de le maquiller en style, en tergiversations, en non-essentiel -, il y a de l'incarnation, de l'observation, de l'empathie, du temps qui passe et aussi, bien sûr, la conscience aiguë de sa propre mortalité.

    Natacha APPANAH

    chroniques 


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  • partage de mars

     

    Nous sommes confinés depuis bientôt deux semaines et  cependant, le printemps nous partage sa joie, sa beauté. Le thème lui est consacré avec des photos d'aujourd'hui ou d'hier. 

    Si vous souhaitez participer, envoyez moi vos photos (4 maximum) jusqu'au 1er avril à agab57070@yahoo.fr

    Je vous remercie et vous souhaite surtout la santé. 


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