-
pour Bonheur du jour
J'ai vu le grand poker mondial des Bourses jeter en cliquant des continents dans la famine.
J'ai vu les eaux monter inexorablement, avalant des villages de pêcheurs et les ours blancs tourner sans trouver le sommeil sur une banquise en loques.
J'ai vu des cyclones arracher des forêts, et des hommes se dessécher dans de nouveaux déserts.
Il y a même des endroits où on continue à couper le clitoris des femmes.
Les derniers hêtres vont quitter la Provence.
Et pourtant chaque matin certains d'entre nous se ruent sur leur ordinateur pour rejoindre les autres. Quand ils les croisent dans la rue, dans le vie, ils ne les voient pas.
Qui est responsable ? les hommes, la nature ? Le bien et le mal n'ont jamais existé dans le chaos de l'univers. Les étoiles font leur vie et s'en vont. Chacun de nous essaie de sortir un instant de la nuit, d'être aimé, d'éloigner la mort. Je ne suis ni pire ni meilleur que les autres, j'écris pour être aimé, pour comprendre ce chaos, notre folie, pour retenir ceux qui s'en vont.
La trace que je laisse n'a pas plus d'importance que la bave argentée d'un escargot. J'aime la blancheur de mon cahier, l'odeur du café dans un bol rouge et la lumière des saisons qui glisse derrière mes vitres comme si l'homme n'avait rien dérangé.
René Frégni
la fiancée des corbeaux
11 commentaires -
La coiffeuse aux tatouages
L’attente ne serait pas longue.
« la fiancée des corbeaux » remisée dans le sac.
La coiffeuse aux souples mains
Lava les cheveux
Et surtout massa, redonnant sérénité à la tête fatiguée.
Déjà « Venez, prenez place, j’arrive »
Le livre à nouveau sorti
Pour l’attente probable replongea dans le sombre.
La jeune femme demanda
J’indiquai « coupe plus courte, 5 cm et quelques ».
Les ciseaux, le peigne virevoltèrent.
Et les tatouages colorés dansaient
La conversation
Moment privilégié dans ce couple éphémère
Commença.
Djinnie, jagd-terrier, SPA, Nancy
Follette, fidèle, ferme.
Et elle, allant, venant,
Cheveux glissants sur le sol,
Spitz et colley,
L’un vif, l’autre plus doux,
Bichon chez papa, maman.
Les vétérinaires, prix surprenants,
Nervosyl, fleurs de Bach, agility…
La demi-heure s’envolait
Ma tête s’allégeait.
Il ne me serait plus possible de les sentir papillons frivoles,
Et curieuse, je lui demandai enfin
« Vos tatouages ? »
Aimable, elle se pencha découvrant
Son spitz tatoué dans un cadre orné
Son colley plus bas assis tendrement
Et son bichon, aussi.
« Jamais je ne les oublierai, jamais ! »
La coupe était bien un peu courte
Je n’avais lu qu’une page.
La tatouée généreuse
M’avait déjà tendu le blouson vert
Il était temps de partir joyeusement accompagnée de son sourire.
11 commentaires -
mardi : jeu de bulles
mercredi : plumetis en formation
jeudi : lilas et bleu ciel,
bon pour le moral
vendredi : qu'a fait cet arbre
pour subir cet outrage
samedi : trios jolis
dimanche : souvenons-nous
des horreurs des guerres
lundi : jaune je suis, soleil
souhaiterai
mardi : papillon à l'abri
mercredi : des figues peut être
jeudi : le coquelicot
attend un parapluie
en retard, pour mes regards en photos, j'ai choisi une décade plutôt qu'une semaine.
Juin rime avec crachin, mai avec mouillè.
15 commentaires -
-
Grisette est un petit chat gris,
qui illumine la vie d'une dame très âgée.
Elle est très gourmande et très curieuse
Ce jour là elle trônait à côté d'un des rares objets
qu'avaient ramenés les parents de mon beau père après l'invasion du Vietnam par les Japonais.
Et si elle se faisait dragon, la jeune demoiselle,
c'est qu'un chien noir essayait de vainement sauter pour l'embrasser.
14 commentaires