• Presque comme avant,

    prendre le bus pour la première fois depuis avant,

    masqués, eux et moi ;

    se rendre chez l'ophtalmologue au centre ville,

    masqués, eux et moi

    la femme dans la salle d'attente a tant craint

    pour ses parents âgés, malades l'un, l'autre.

    Le médecin sursaute en me voyant toucher ce masque

    "Oh attention les personnes âgées !".

    Marcher dans la rue et voir à nouveau les mendiants

    assis dans leurs habitudes, smartphone, chien.

    Et une file masquée devant la pharmacie aux prix doux.

    Presque comme avant, presque.

    Devant la médiathèque, trois bibliothécaires parlent,

    masquées ou non comme celle ayant eu le covid19,

    Tête de pasionnara espagnole, rousse et souriante.

    Déposer ses livres (en quarantaine avant d'être touchés),

    Se laver les mains, être moins de cinquante.

    Peu de monde malgré la réouverture, comme s'ils craignaient

    une rencontre inévitable, discrète, maladive.

    Afficher sa joie d'être là, de regarder les livres sages sur les rayons, 

    de saluer les gens du livre, derrière la barrière plastique

    "Nous aussi, nous aussi  !" répondent-ils en choeur.

    S'en aller chargée, Don Quichotte pour enfin faire sa connaissance,

    Keigo Higashino,  chasseur d'images, le monde des religions...

    satisfaite presque comme avant ; enlever son masque,

    s'arrêter, admirer les perruches vertes tournoyant au dessus de soi.

     

    Agab 06/20

     

     


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  • Bien mis sur l'édredon

    Corps et queue allongés

    Le chat vit son matin.

    Premiers pas au dehors

    du lit - chaleur - livre 

    polonais - replié les lunettes.

    L'autre félin gras

    à souhait me tire

    vers la gamelle vide.

    Aurais-je la ténacité

    de chanter l'écrivaine

    la nature et Blake ?

    Le soleil se rince

    dans une frange nuageuse

    Le bleu aussi. Traces de givre.

     

    Agab

    (janvier 2020)

     


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  • Nous les avons rencontrés sur la jetée à La Tranche sur Mer. Le coucher de soleil bat son plein, il a sur ses genoux, un apn, clin d'oeil, moi aussi et sa femme à côté (ressemblant à une amie, joie de vivre et douceur) . Tout de suite, ils nous ont reconnus, notre caravane est à 100 m de leur mobile home avec une rampe spéciale. Dans son fauteuil roulant, un vrai petit bolide qu'il utilise facilement. Depuis plusieurs années, ils logent au camping quelques semaines . Vite, ils nous expliquent, le camping, les enfants qui ont succédé aux parents, la ville à côté et nous papotons. Son fauteuil a été payé de ses deniers, quand il a expliqué au contrôleur sa nécessité pour suivre sa femme à vélo, être ensemble, quoi ! L'administratif a refusé, il avait déjà une voiture spécialement aménagée. Que diable, simplement désirer vivre avec sa femme comme avant ! et l'autre n'a pas compris. Et comme Olivier, le matin, et même l'après midi, il part en promenade solitaire et d'autres moments, il suit sa femme en vélo, à moins que ce ne soit le contraire. 

    Tous deux sont Normands et le lendemain, il me montre ce qu'il réalise. Des maisons-nids, des maisons à la façade normande, à colombage. Des maisons nids qu'il assemble et peint durant l'hiver, dans son petit chalet installé au bout du jardin. L'été, il découpe toutes les pièces. Les nids sont pour les mésanges, il a préparé le trou à la bonne taille. Puis il s'installe pour le vide grenier et les vend, peintes ou non, comme chacun veut.

    Du bruit, le voilà qui descend la rampe d'accès. Tous deux s'apprêtent à se rendre au marché.

     

     

     


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  • Après une quinzaine de kilomètres de déviation, dans une campagne calme, et un peu de fatigue, nous choisissons de passer la nuit dans un tout petit camping 1 étoile. Le cadre est bucolique, un grand étang, des arbres et seuls quelques camping car et caravanes. Bien sûr, Olivier choisit de se mettre face à l'étang. Les libellules vont et viennent. Il sort son petit avion radiocommandé, même pas 50 centimètres de long et vite il est rejoint par le camping cariste à gauche de notre caravane. Grand, sympathique, retraité, il partage vite avec Olivier ; plus jeune, il réalisait des maquettes à grande échelle d'avions qu'il faisait voler. Les hommes parlent et Olivier sort son jouet favori, un drône de 800 g avec lequel il réalise de belles photos. Et l'homme devient plus disert, son fils déjà a survolé l'étang et le village. Le sien, plus grand, plus puissant. Et le voisin nous parle de son épouse atteinte d'un cancer de la cornée, et de lui qui a besoin d'un respirateur la nuit. Leur camping car a spécialement été aménagé en Allemagne : leds dans les placards, puissance adéquate pour le respirateur suivi directement par l'hôpital. 

    Il s'installe près de nous, et poursuit, il était musicien, a fait Woodstock, maintenant c'est fini, mais il continue à animer des stages pour les jeunes ; il raconte, raconte puis soudain, nous confie nous ne voyons plus notre fils depuis 3 ans. Il a fait le choix de la famille de son épouse. De la peine qu'il surmonte, mais de la peine quand même.

     

     


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