• La proposition

     

    l'année sur la Terre chasse l'année.

    Le livre rouge s'épaissit, celui des espèces disparues...

     

    Il y a de moins en moins de cygnes blancs

    d'aigles

    de saïgas rapides

    de daims et de cerfs...

    Il y a de moins en moins de fleurs arc-en-ciel, déjà rares :

    leurs racines sorties de terre ont pourri...

    Est-il possible que la steppe disparaisse à jamais

    le stipe argenté

    l'animal en liberté

    et l'oiseau

    le pourpre de la petite fleur d'avant l'aurore ?

    Il n'y aura donc plus que des nuages de poussière brûlante ?

    Au nom de tout ce qui vit

    sur la Terre

    tendez l'oreille au sifflement et au cri.

    Pour ne pas nous retrouver dans la cendre et la poussière

    ouvrez ce livre de deuil.

    Il y a déjà longtemps qu'il faut y inscrire

    au nom de la vie commune sur la planète

    des faits, qui depuis la nuit des temps ont été en honneur

    afin que nos enfants ne les oublient pas.

    Inscrivons-y l'Amour et la Bonté

    l'idée d'Honneur et celle de l'Amitié

    la Sensibilité vivante, la Pureté du coeur :

    armes d'une Haute Humanité.

    Inscrivons-y tout ce à quoi nous accordons du prix

    tout ce qui reste sacré dans nos esprits, qu'il fasse beau, qu'il fasse laid.

    L'un dans l'autre nous ne faillirons pas

    si à l'unisson nous nous inclinons devant la Nature.

    Le principe de toutes les principes divins

    niche au sein de la nature depuis la nuit des temps...

     

    Le cheval a henni

    Le veau a meuglé

    et l'oiseau dans le ciel a crié quelque chose...

     

    Les pages tremblent.

     

    Et le jugement du sévère livre rouge nous dévisage.

    ***

     

    Shomishbai Sariyev


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  • Un maître de l'Orient a vu un scorpion se noyer et décida de la tirer de l'eau, et lorsqu'il le fit, le scorpion le piqua. Par l'effet de la douleur, le maître lâcha l'animal qui de nouveau tomba à l'eau en train de se noyer.

    Le maître tenta de le tirer nouvellement et l'animal le piqua encore.

    Quelqu'un qui était en train d'observer se rapprocha du maître et lui dit :

    - Excusez-moi, mais vous êtes têtu ! Ne comprenez-vous pas que à chaque fois que vous tenteriez de le tirer de l'eau, il va vous piquer ?

    Le maître répondit :

    - La nature du scorpion est de piquer et cela ne va pas changer la mienne qui est d'aider.

    Alors, à l'aide d'une feuille, le maître tira le scorpion de l'eau et sauva sa vie et continua :

    - Ne change pas ta nature si quelqu'un te fait mal ; prends juste des précautions.

     


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  • La beauté est un mystère en pleine lumière. Il y a beaucoup de mystère autour de nous. Les uns, comme l'origine et la mort, sont sombres, opaques, effrayants. Les autres sont légers et gais. On dirait presque transparents. La beauté est un mystère qui danse et chante dans le temps et au-delà du temps. Depuis toujours et à jamais.

    Elle est incompréhensible. On a essayé de l'expliquer. Le plus souvent en vain. A coups de chiffres et de mécanismes. Le nombre d'or. La symétrie et la dissymétrie. Des influences. Un code. Une culture. Des rapports, des contrastes, des souvenirs, des surprises. Le hasard, comme toujours, et la nécessité. Pourquoi un temple est-il beau ? Pourquoi une musique est-elle belle . Pourquoi un être est-il si beau ? Pourquoi un livre est-il beau ? 

    Die Rose est ohne warum. Sie blühet weil sie blühet.

    "La rose est sans pourquoi. Elle fleurit parce qu'elle fleurit".

     

    Jean d'Ormesson

    Un  jour je m'en irai sans avoir tout dit 


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  • La liberté n'est pas de faire ce que l'on veut,

    car les désirs de l'homme sont illimités.

    Il vaut mieux faire décroître ses désirs...

    Taisen DESHIMARU


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  • Comme nous nous trompons ! Comme je me suis trompé ! Il me semble, tout à coup, que j'ai passé ma vie à me tromper. Nous ferions mieux de nous taire, de renoncer à toute action, de ne jamais rien écrire, de n'avoir aucun sentiment et aucune opinion.

    Nous commençons à savoir  - les exemples sont innombrables - que la seule leçon de l'histoire depuis les temps les plus reculés jusqu'à hier et aujourd'hui est que nos décisions et nos rêves sont toujours contrariés par la suite des évènements. Socrate avait raison de prétendre qu'il ne savait rien. Montaigne va plus loin encore. Il refuse de dire qu'il ne sait rien. C'est déjà trop. Sa formule est : "Que sais-je ?".

    Jean d'Ormesson

    Un jour je m'en irai sans avoir tout dit 


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