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témoignage de rappelé (1939)
1939
... Il fut maintenu dans l'armée à cause de la guerre qui risquait d'arriver, changé de région pour former un bataillon de rappelés avec beaucoup de réservistes, pas loin de la frontière d'Espagne, pour garder dans les camps de pauvres gens qui fuyaient devant le caudillo.
Là, ils leur ont souvent rendus service. Avec eux, se trouvaient beaucoup d'officiers de réserve dont le capitaine de leur compagnie qui était commerçant à Roanne. Il leur demandait de garder mais pas de sévir. Il considérait lui que tous ces gens étaient des victimes d'une guerre fratricide engendrée par les gens du Caudillo. Le grand responsable en France de ces camps était un certain maréchal * qui n'avait qu'invectives au sujet ce ces pauvres gens ; il n'était pas ambassadeur chez le Caudillo pour rien.
Je peux affirmer qu'il y avait des gardes mobiles qui gardaient les portes d'entrée au camp pire que si cela avait été des criminels. D'ailleurs un jour qu'il était venu ; tous les corps et les bataillons du secteur avaient été réunis au Barcarès et dans son discours, il avait bien insisté sur le terme de crapule vis à vis d'eux et demandé aux gardes mobiles de punir ceux qui cherchaient à sortir en leur faisant creuser des fosses dans le sol comme cela se pratiquait aux colonies et de les mettre nus en plein soleil toute la journée sans manger ni boire.
Nous n'étions pas loin d'un certain Dodolf. Là-dessus après cette séance, le capitaine les avait convoqués et demandés de ne pas se rendre complice de telles pratiques. Et, comme quelques jours après avec d'autres camarades, ils voyaient les gardes mobiles maintenir des réfugiés allongés à plat ventre sur le sol, nus jusqu'à la ceinture et leur maintenant les portails d'entrée sur le dos, ils ont prévenus leur capitaine. Immédiatement, celui-ci a été rencontré le chef de bataillon pour qu'il fasse cesser de telles façons de faire. Ils sont partis tous les deux voir le commandant des gardes mobiles et lui ont dit de faire arrêter immédiatement ces brimades sinon ils y enverraient la troupe pour arrêter. L'autre se plia à leur demande. Ils eurent donc gain de cause. Seulement, deux jours après leur bataillon était envoyé vers un autre camp, pas besoin de chercher d'où le coup venait.
* maréchal PETAIN, ambassadeur de France en Espagne (mars 1939 - mai 1940)
Jean ROSSILLOL
(1917-2004)
(extrait de sa biographie)
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Commentaires
bravo à ton père ainsi qu'à tous ses condisciples, d'avoir pu (même pour un temps court) sauvegarder la dignité humaine ... nous assistons encore de nos jours à ces gestes de bravoure envers les réfugiés sans papiers qui sont pris en charge par des citoyens menacés de représailles par les pouvoirs de tutelles qui les voudraient chasser vers l'enfer qu'ils ont fui !
pensée à ton père
amitié .
Bonsoir Andrée. Bravo à ces soldats, dont ton père, plus humanistes que les autres ! Bonne soirée et bisous
Tous ces témoignages ne peuvent que nous rappeler l'horreur de la guerre, surtout lorsqu'ils nous sont si proches...
Grand merci Andrée pour ce très, très beau témoignage ! Tu peux être fière de ton père !!!
Bises♥
.. un témoignage fort émouvant.
Il est des actes, des paroles qui prouvent que l'homme est capable du pire mais aussi du meilleur..
Bises de Mireille du sablon
Témoignage très touchant...Heureusement qu'il y a eu des hommes qui nous rendent notre dignité d'êtres humains ...Tu peux être fier de ton père
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Un témoignage émouvant Andrée qui ne peut que corroborer ce qu'à vécu mon oncle et sa famille, catalans espagnols fuyant Franco et les exaction de ce régime en 1939.
Bises et bon jeudi