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La paix du monde sauvage
Quand le désespoir pour le monde monte en moi
et que je m'éveille la nuit au moindre bruit
en craignant ce qui peut arriver à ma vie, à celle de mes enfants,
je vais m'étendre là où le canard des bois
repose en sa beauté sur l'eau, là où le grand héron va se nourrir.
J'entre dans la paix du monde sauvage
qui n'accable pas sa vie du poids de la douleur
à venir. J'entre dans la présence de l'eau immobile.
Et je sens au-dessus de moi, aveugles de jour, les astres
attendant de dispenser leur lumière. Un instant
je repose dans la grâce du monde et je suis libre.
Wendel Berry
Nul lieu
n'est meilleur que le monde
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les mois s'égrènent un à un, juillet, août, septembre, octobre et sur la pointe des pieds arrive le 1er novembre.
Cependant l'automne est une si belle saison que je vous invite à participer à un nouveau partage qui a pour thème
l'automne
(la nature, les couleurs, les animaux, la pluie, les champignons ...)
Jusqu'au 5 novembre, vous pourrez envoyer vos photos (4 maximum) à mon adresse : agab57070@yahoo.fr
D'avance, je remercie celles et ceux qui souhaitent participer à ce partage sympathique.
Très bon week end de Toussaint.
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Il n'y a nulle part de bestiaire sans flore. Pas moins dans les cathédrales qu'ailleurs. A Saint Sulpice, un arbre a grandi sur l'encorbellement sud du premier parapet. A Saint Louis en l'Ïle, un buisson a réussi à prospérer à la base de la flèche. Ici et là, des graines apportées par les courants ou dans le tourbillon du vol des pigeons (reconnaissons-leur le mérite de féconder les pierres) sont parvenues à se développer dans la rainure d'une gargouille ou sur le rebord d'une façade, poussées sur une mince couche de terre elle-même déposée grain à grain par des vents très patients. Une promenade attentive dans la ville permet de ne pas désespérer de l'avenir des plantes.
Des signes prouvent qu'elle n'ont pas capitulé devant le goudron. De minuscules tiges en crèvent ici et là la croûte. Certaines germent dans les égouts et montent, rectilignes, à la verticale des plaques de fonte pour chercher la lumière dans le trou de serrure qui laisse passer le jour. D'autres tapissent le fond de minuscules cavités dans les meulières de soutènement des quais (aux Tournelles par exemple). Des lichens rampent sur le calcaire des pierres de taille accélérant l'arénisation de la pierre. Des lierres commencent à cascader des ponts métalliques. Des simples poussent à la base des façades d'immeubles, à l'angle qu'ils dessinent avec les trottoirs comme si elles voulaient les soulever par effet de levier. Et le comble, c'est que personne n'y prend garde. On se fout des herbes folles. Jamais un regard accordé aux frémissements du végétal. Pourtant, on devait prendre garde.
Ces présences à peine visibles attendent peut-être leur heure. Il est possible qu'elles occupent le terrain avant le grand assaut et qu'un jour elles déchaînent leurs forces pour reconquérir la ville qui les a spoliées du ciel. Le raz de marée de sève engloutira alors les habitations. Et le prochain règne sera végétal.
Sylvain TESSON
Notre-Dame de PAris
Ô reine de douleur
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