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Défi 223 avec Jeanne Fadosi
Défi 223
les croqueurs de mots avec Jeanne Fadosi
Savez-vous que le mot blason au XVIe siècle ne désignait pas seulement les armoiries d’une famille sur un écusson (bouclier) mais aussi un genre poétique lancé par Clément Marot sous forme d’un concours pour faire connaître de jeunes poètes et promouvoir la poésie qui alors était principalement chantée.
Et justement Maurice Scève a connu la notoriété en remportant ce concours en 1535 ou 1536 grâce à son blason du sourcil dont voici le début :
Sourcil tractif en voûte fléchissant
Trop plus qu’ébène, ou jayet noircissant.
Haut forjeté pour ombrager les yeux,
Quand ils font signe ou de mort, ou de mieux.
Sourcil qui rend peureux les plus hardis,
Et courageux les plus accouardis.
Sourcil qui fait l’air clair obscur soudain,
Quand il froncit par ire, ou par dédain,
Et puis le rend serein, clair et joyeux
Quand il est doux, plaisant et gracieux.Pour le défi n°223 de lundi prochain je vous invite donc à écrire en prose ou en vers sur ou à partir d’une partie visible de la tête (oreille, front, menton, bouche, joue, cheveux ou crâne si chauve …) ou d’une autre partie du corps humain (la main, le pied, le coude ou le genou, le nez ou l’épaule …) avec prudence et la décence joyeuse coutumière des croqueurs de mots.
le nez
N'en déplaise aux yeux, miroir de l'âme, reflet d'amour ou de commandement, aux quelques couleurs du bleu, du vert, du marron, du gris, quelquefois du noir,
N'en déplaise à la peau, douce et laiteuse, charmant bébé, tavelée par les expériences jour après jour, moustiques, brûlures, opérations de la grand mère nonagénaire, à la peau élastique de la gymnaste,
N'en déplaise au genou, au pied ou à l'épaule, je broderai quelques ressentis sur le nez, mon nez, naseau au milieu de ma face, rond, et petit, avec une fosse déviée.
Dès la naissance, son utilité est vitale. J'inspire, j'expire. Et c'est parti pour aller boire un biberon, pour faire connaissance avec le monde, maman, papa et les autres. Adulte, il pousse légèrement, s'arrondit, vit sa vie. Avec mon amour, puis quelques années plus tard, avec les enfants, se dire bonjour en se frottant le nez. Froncer le nez pour exprimer un contentement, un amusement aussi. Et aux oui, de bas en haut, et aux non, de gauche à droite et tout cela vice et versa, le laisser aller et suivre le mouvement.
Il est miraculeux, ce nez, comme le vôtre , comme tous les autres d'ailleurs, nez ou naseau ; j'aime de tout cœur respirer avec lui. Inspirer, sentir l'air passer par les fosses nasales, air frais, air du dehors, air nourrissant. Sensation forte de respirer, grâce à lui, avec lui. Puis expirer, l'air venant du ventre, de la poitrine, l'air sort et s'étale autour de moi, pour vous, pour toute la maisonnée.
Le nez chante sa chanson, inspirons, le bleu - ciel intense, le rouge - passion de la grenade, le vert - harmonie des herbes et des arbres, le jaune - joie de vivre - pompon jaune des bonnets de ski - inspirons le blanc, brouillard ou vapeur des nuages chantilly.
L'air vient, entre, s'échauffe , passant par notre grande tuyauterie. Et bien chargé de tout ce qui est le monde, l'air repart en sens inverse. Les souffrances, les malaises, les déprimes, les colères s'évacuent par le nez qui s'élargit, large, large. Bien souvent, aussi, notre chaud souffle vient réchauffer la pièce, les mains des tristes, les joues rouges des coléreux ou des joyeux.
Le nez réclame ma mesure, inspirons, ça c'est volontaire et décidé, nous voulons encore vivre une seconde, dix ou vingt ans, oh une semaine suffira déjà. Et quand l'oxygène est bien entré, la poitrine se dégonfle, je donne au monde, mon amour, mon dernier souffle, oh pas aujourd'hui, une autre fois peut être.
Le nez se sent plus rond, plus grand, plus large, il veut jouer, il veut vivre avec l'air. Il est au milieu de la face, difficilement comparable aux yeux, aux seins, aux mains, le nez, il nous fait vivre. Louange à tous les nez !
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Commentaires
ah le nez !! il en a fait couler de l'encre bravo pour ce défi relevé d'une main de maître !
Eh oui André, il parait que c'est mon nez qui a fait craquer mon Poux- Ronchon !
Bises et bon début de semaine
Magnifique ode à cet appendice vital que l'on dénigre un peu trop souvent sans lui l'odorat disparaît , où serait le plaisir d'apprécier les fragrances multiples naturelles ou non .
Bonne soirée
Bisous
oh oui, un bel hommage au nez, appendice indispensable et que l'on aime ou pas ! merci bises et belle soirée
C'est assez drôle, peu de personne disent aimer leur nez...le mien ne me dérange pas tant qu'il peut ...tenir mes lunettes!
Bises du jour
Mireille du sablon
en te lisant ma respiration sans le vouloir s'est faite plus ample et m'a accompagnée avec délices tout au long de ma lecture. Bises et bonne soirée
Du nez de Cléopâtre à celui de Cyrano, celui-ci en aura fait couler, de l'encre !
Notons que La Fontaine cependant est plus bref pour évoquer la naïveté du bouc :
"Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez"...
Le nez est essentiel au visage ! Il en trace la personnalité...
14Marie de CabardoucheMardi 17 Septembre 2019 à 19:48Moi je l'aime mon nez…..C'est une antenne qui me donne plein d'informations et me permet d'avoir du nez !!
Bravo, tu as eu du nez pour le défi de Jeanne :) Néanmoins... on ne peut pas vivre sans nez :)
Bisous.
Domi.
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Gloire au nez, cet appendice respiratoire qu'on ne regarde pas assez souvent de la sorte ;-) JB