défi 248
Défi 248 avec les croqueurs de mots
Pour le lundi 29 mars
A mon tour de prendre la barre, chères moussaillonnes et chers moussaillons. Je vous souhaite bonne écriture.
extrait du journal IX - GRATITUDE de Charles Juliet (2004/2008)
"On m'a demandé d'indiquer les dix mots que j'affectionne. Les dix mots qui ont pour moi une signification particulière.
Quand j'ai voulu les rassembler, j'ai préféré ne pas trop réfléchir. Il fallait qu'ils viennent spontanément. Je les livre en désordre, car il ne peut y avoir entre eux de hiérarchie.
COMPASSION - MERE - TERRE - MUTATION - LUMIERE - CENTRE - SOURCE - VOIX - REGARD - ECOUTE.
..."
Vous écrirez un texte avec ces dix mots ou si vous le souhaitez, avec vos dix mots préférés.
Sur la Terre Mère, dans les montagnes aux neiges éternelles, vit un peuple de rescapés de la Grande-Mutation, explosion nucléaire bouleversant l'ordre des choses, vie des hommes, vie des animaux. Une source au centre de la vallée, a sauvé leur vie. Tout a été bouleversé, et il a fallu se passer des ordinateurs, de Facebook, des fraises venues de France, des voitures, des télévisions.
Pour ces rescapés des villages de l'ancien Népal, la transition se fit naturellement. Les anciens savaient cultiver de façon traditionnelle, et toutes les montagnes les protégèrent. Les médecins redevinrent peu à peu chaman et retrouvèrent le bienfait des plantes médecine. Pieds Bleus étaient une petite fille très espiègle, préférant accompagner son grand père chaman dans ses tournées, plutôt qu'aider ses parents. Elle s'appelait ainsi parce qu'au moment de sa naissance, l'hiver fut particulièrement froid et ses petits pieds bleus. Seul le chaman avait réussi à lui réchauffer les pieds. Et aussi une voisine, pleine de compassion avait offert des chaussons faits en peau d'ours isabelle.
La vie était rude et seulement depuis 50 ans, un climat moins froid, plus supportable se rétablissait. Peu d'enfants naissaient et chaque couple, veillait au mieux durant leurs premières années de vie. Non seulement les parents protégeaient les enfants, aussi toute la communauté. Un enfant n'était jamais laissé seul. Jusqu'à ses dix ans, il portait un cordon avec une pierre rouge autour du cou.
Pieds Bleus avaient tant insisté auprès de sa famille, que la pierre ne fut pas rouge mais bleu, une turquoise donnée par sa grand-mère. Elle avait un tel regard empli de lumière, que son grand père ne lui interdit plus de l'accompagner. Elle s'asseyait à côté des personnes malades, prenaient leur main, les regardaient et de sa voix mélodieuse entonnait Resham phiriri, Resham phiriri, (Mon coeur flotte au vent comme de la soie, je ne peux pas me décider à m'envoler ou à m'asseoir sur la colline).
A son écoute, les malades ne bougeaient plus, enchantés par la chanteuse à la pierre bleue et grand-père Gurungi pouvait mieux les soigner, remettre un os luxé, nettoyer une plaie, faire boire un breuvage amer. Puis un jour, Pieds Bleus voulut soigner elle aussi, alors le vieil homme lui posa une devinette : "Pour me respecter, il faut me donner,
pour me donner, il faut m'avoir, Que suis-je ?" (1) Avant de me donner une réponse, jeune fille, assieds toi sous l'arbre et réfléchis.
Pieds bleus a-t-elle répondu ? oui certainement car quelque temps plus tard, elle remplaça le vieil homme. Plus tard son fils, Arc-en-Ciel, l'accompagna, il jouait du vamsa aux pieds des malades (flûte traversière)
Et la réponse à la devinette peut être la confiance, l'amitié, le choix, la vie, le temps.
(1) devinette trouvée sur ce site