défi 164 : qui lit pense, qui pense raisonne
défi 164 mené par le capitaine Dômi des croqueurs de mots
Pour compliquer un peu les choses, elle nous demande d’ouvrir cinq livres les plus proches de nous.
Nous devrons pour chaque livre ouvrir la page 5, prendre la cinquième phrase et l’insérer dans un texte.
Ce n’est pas plus compliqué que ça.. Connaissant notre talent, ça risque d’être très amusant.
Elle dormait. Elle rêvait. Elle était jolie, Marie. (1)
Car il était presque sûr que si elle avait été réveillée à cet instant précis et lui avait parlé, les derniers obstacles entre lui et sa décision se seraient enfin effondrés (2)… Il était militaire et hésitait à signer un nouveau contrat pour retourner en Syrie. Il aurait pu rester auprès de sa sœur qui élevait toute la petite famille, après le décès des parents dans un accident de voiture.
La vie à la maison nous paraissait normale à nous. (3) Marie, notre grande sœur, notre chêne, notre petite maman, au lieu de suivre des cours à la fac, pour enseigner l’italien qu’elle adorait ou l’histoire (surtout la renaissance), nous donnait sa jeunesse. Déjà Erwan était sous-marinier, Max à l’école de sous-officier, Béa, la dernière, en troisième.
Et là plutôt que de la seconder et lui offrir du temps libre pour passer des concours, rencontrer un compagnon, ou n’importe quoi d’autres … je souhaitais rempiler…
Me revenaient les dernières images :
« Tu lui as demandé son nom, tu as répété plusieurs fois Ismark ? Ismark ? » et il a mâché son chewing gum en riant. (4) lâchant « liberté égalité fraternité » en faisant le V de la victoire. Les deux soldats n’étaient d’ailleurs pas inquiets d’approcher ainsi de l’ennemi.(5)
Ismak, un ennemi, un fondamentaliste. Non ! Joseph et moi étions certains de son intégrité, de sa fidélité à un Coran prônant amour et justice. Et le lendemain, il fût trouvé égorgé près d’un puits avec d’autres jeunes Syriens. Je ne pouvais pas retrouver ma vie de citoyen paisible.
Ma décision était prise, signer pour une année supplémentaire, peut être plus.
Pour les Syriens, migrer vers des cieux peu accueillants seraient toujours une possibilité bancale. C’est sur place, que nous devions les aider.
(1) Serge Brussolo (Mangemonde)
(2) Kazuo Ishiguro (le géant enfoui)
(3) Richard Ford (Canada)
(4) Jérôme Ferrari (un dieu, un animal)
(5) Pierre Lemaître (au revoir là-haut)