DEFI 160 proposé par les croqueurs de mots
Pour lundi 22 février 2016 :
Un personnage de roman sort du livre. Il converse avec son créateur, ou évoque celui-ci.
Un personnage de roman ou de bande dessinée. Issu de la fiction, il (ou elle) prend pied dans la réalité.
Je souhaite soit un face à face entre les deux dans un salon ou en extérieur (à chacun de poser le décor),
soit un monologue du personnage.
Les assassins - thriller de RJ ELLORY
RJ Ellory, qu’avez-vous appris en vous plongeant dans le monde des serial killers ?
Ces gens sont, pour moi, l’incarnation du diable. Ils n’ont pas d’âme, aucune humanité et pas de cœur. Et on a du mal à s’expliquer et à comprendre ce phénomène, c’est quelque chose qu’on ne peut pas rationaliser. On a envie de trouver une explication à la raison pour laquelle ces gens tuent, mais on ne l’a pas. Dans le même temps, c’est un roman positif, je crois. Certes il traite de la face la plus sombre de l’être humain, mais au final, celle-ci ne représente qu’une part infime de la population mondiale. La très grande majorité des gens sur cette planète aspire juste au bonheur.
extrait d'un interview sur métronews
Ce livre nous raconte des meurtres en série. Cela se passe à New-York. Trois personnages traversent ce roman : l'inspecteur Ray Irving, la journaliste Karen Langley qui lui permettra de prendre comme assistant John Costello. Celui-ci adolescent avait été attaqué avec son amie par un tueur en série. Lui seul avait échappé à ce drame.
J'ai imaginé que la journaliste était sortie du livre.
Un mail, oui, un mail, je vais lui envoyer à ce cher homme, celui qui a créé ma vie, oui lui dire, lui écrire que foi de Karen Lengley, malgré tous mes remerciements, oui, sans lui, je ne serai pas, sans lui je n’aimerai pas l’inspecteur Ray Irving.
Sans lui, il n’y aurait pas eu John Costello, cet homme, mon collègue au journal, cet homme qui a réchappé d’un meurtre organisé, d’un meurtre en série en 1984. Ils étaient deux, et lui a réchappé et elle est morte, emportée, abîmée, supprimée.
Une lectrice éveillée, réveillée, émerveillée, a suivi ma vie, celle de l’homme, inspecteur, ours mal léché, celle de l’homme brisé, mon collègue, presque mon petit frère ; une lecture a craqué le livre, créé le passage. Il est vrai qu’elle était si fort dans notre histoire, qu’il ne lui importait plus de savoir qui était l’assassin, qui était l’auteur des meurtres en série, des meurtres copiés, des meurtres anciens.
Seul lui importait nos vies, nos abîmes, nos failles, nos âmes. Et comme mon corps n’est pas apparent, pas réel, juste mon âme, cher Roger Jon, je suis venue vous demander, d’écrire, pour moi, pour Irving, une nouvelle page : John n’est pas mort, John est seulement blessé, John survit.
Tout le long du livre, vous nous avez aimés, vous nous avez choyés. Quand je criai un peu fort parce que l’inspecteur n’avait pas de savoir-vivre, pas de savoir-aimer, pas de savoir parce qu’il ne savait pas, parce qu’il ressentait juste un petit creux dans son cœur. Oh Régis Jon, offre moi un chat noir et blanc, un chat comme tu les connais, un chatte nommée Jacky, parce que belle, intelligente et grâcieuse. Tu sais les hommes ne savent pas toujours déclarer leur flamme, mais ils savent caresser un chat, le flatter, le dorloter, se mettre à ses pieds et revenir jour après jour.
Quant à John, il fallait le sacrifier, c’est ça, c’était lui ou Irving. Tu as fait le choix de me laisser Irving. Alors, je rêve qu’il ne soit pas mort, qu’il se relève un rien ensanglanté, me lançant un « je vous l’avais dit, cela continuerait » et au journal, il reviendrait et le samedi, il noterait "diner chez Karen".
Tous les trois, ensemble, famille improbable, nous marcherions dans la ville étoilée.
Si seulement, vous pouviez écrire une page pour nous, je vous en serais reconnaissante éternellement.
Karen