Lilou Soleil remercie le capitaine Dômi de lui confier la barre pour ce dernier défi de cette année. Je ne vais pas être originale, mais après le mois de novembre terrible, et je vous propose de nous conter une histoire. Oui un conte, un vrai,
Au milieu de tout cela, il peut y avoir, des lutins, des sorciers et sorcières,des elfes, des géants, des fées, sans oublier les animaux… Enfin tout ce qu’il faut pour faire un petit conte
(Vénus de Willendorff vers - 23 000 avant JC)
Je vais vous raconter l’histoire d’une fillette, Nei qui vivait aux temps anciens où la nature était reine sans partage et fit des rêves étranges qui changèrent sa vie durablement.
Elle n’avait pas plus de 8 ou 9 ans et sa vie consistait à suivre ses parents, Fro le chasseur et Ma, la femme mage, celle qui gardait la statue de la divinité féconde.
Elle n’avait pas plus de 8 ou 9 ans, et déjà ses cheveux blonds roux descendaient sur ses épaules et elle était vive comme une petite renarde. La tribu lui avait appris à cueillir, les petites boules rouges au jus sucré, aussi les orties, aussi les noix et les noisettes. Elle aimait courir au bord de la rivière nommée Ardèche dans un futur lointain, et trouver, cueillir ce qui donnait le sourire à Ma.
Et une nuit, elle rêva, qu’une autre Nei, la précédait dans ses songes, l’accompagnait et l’aidait. Double de Nei, lui montrait les endroits où se rendre, là où les noyers poussaient, et les chardons au cœur délicieux croissaient en nombre. Quelquefois, dans ses rendez-vous de l’invisible, la fillette avait un peu peur mais l’autre savait la rassurer, lui indiquer les lieux à éviter, rivières aux remous meurtriers, animaux farouches.
Seulement, dans la tribu, un enfant-no, un de ces enfants trouvés encore en vie, en dehors de toute tribu, et sans espoir de survie, un enfant-no qui fut recueilli par Fro dans sa chasse à l’ours, surprit les rêves de Nei et entendant le mot, LOUP, se décida à la suivre. Mo-no avait survécu à la faim et rien ne l’effrayait, il promettait d’être un grand chasseur et certainement choisi comme compagnon dans quelques années par une femme au sang fertile.
Alors que Nei, tout au conseil de Sœur de la nuit, sautait, bondissait, escaladait les roches, et soudain dans le creux d’un rocher, trouva le jeune loup, le louveteau à la patte cassée. Elle avait pris de quoi le nourrir, machant la nourriture elle-même avant de lui glisser dans la gueule. Il avait peur le loup gris à l’étoile blanche et pourtant sa faim fut la plus forte. Les instants passèrent, le soleil continuait sa course .. et ce qu’elle ne vit pas l’enfant préhistorique, c’est Mo-no qui la renversa, lui arrachant le jeune animal et courant au camp.
« Moi, Mo-No, j’ai trouvé un loup, il sera mon loup de chasse !!! »
Elle était déçue, la fillette et aussi très en colère. Elle ne pensait qu’à jeter des pierres aux coins aigus. Ici, tant jonchaient le sol, qu’elle aurait pû poursuivre Mo-No jusqu’au bout du ciel. Elle s’endormit ce soir là tristement et ayant rejoint, Sœur de la nuit, elle pleura, cria, hurla … tant d’imprécations que ni son double, ni Ma, ne purent la consoler.
Déjà, la saison des grands feux et des mains gelées approchait. RRRA le jeune loup s’habituait à l’odeur des hommes et s’amusait avec les autres loups-chiens. Son Maître Mo-No lui apprenait à le suivre … Seulement, seulement, Ma, sa mère sage femme demanda à Fro, d’emmener le jeune garçon dans une de ses chasses. Et Nei, et bien Nei, apprivoisa cet animal aux si beaux yeux. Elle hurlait comme lui et montrait les dents quand il jouait un peu durement avec elle.
Et alors que la fillette dormait profondément, au cœur de la grande nuit hivernale, sa sœur des songes lui apparut, plus présente et plus réelle que jamais. Elles folâtraient sur la neige de l’invisible, se lançant des boules d’un blanc parfait, admirant le soleil se refléter, mille facettes. La nuit allait dans son chemin tranquille, avertissant l’enfant, qu’il lui faudrait se réveiller .. et là, dans le face-à-face qui se terminait, elle demanda à Sœur de la nuit, qu’elle soit réunie pour toujours. Et là, le rêve fut interrompu, RRRA lui léchant le visage, il avait faim, il voulait jouer.
Surprise, elle vit Ma, la femme mère, à côté du jeune loup qui lui intima de la suivre dans une grotte proche. Elle fit un feu, lança mille et un grains de sable de la rivière et chanta une mélopée forte, stridulée, entêtante. « Moi, Ma, femme mage, femme sage, détentrice de la divinité féconde, je te reconnais comme celle qui accompagnera le clan et l’encouragera dans ses décisions. Sœur de la nuit, ton âme, va venir te rejoindre, te compléter. Le temps est venu pour l’accomplissement. Baisse la tête, que je prononce les mots-pierres. »
Nei soumise à sa mère, prit dans les mains la divinité féconde, s’agenouilla et baissa la tête. Les mots-pierres se répercutèrent contre les parois de la grotte et un éclair déchira son ventre, elle ressentit une vive douleur suivi d’un apaisement intense. Elle était complète, corps et âme liés pour toujours. Aussi un vent léger, soufflait, lui rosissant les joues. Et le loup sage, fier, se leva poussant un hurlement qui le surprit lui-même.
« Désormais tu seras Nei-Nei »
La fin approche et il m’est impossible de tout vous raconter, de tout vous narrer, tout ce que nous ignorons aujourd’hui, tout ce que nous oublions de transmettre, tout ce que nous oublions d’imaginer. Juste au fond de mon cœur, résonne l'aboiement d’un loup entre Nei-Nei et son compagnon choisi, le sauvage Mo-No et tous les enfants, humains ou animaux qui les entouraient.