Aussitôt que la vie - listes de la colline et au delà - Journal - Marie GILLET
Aussitôt que la vie - listes de la colline et au delà - Journal
de Marie GILLET
Vers midi, le facteur a déposé une enveloppe un peu lourde, un livre offert par Marie GILLET, amicale et délicate attention.
Je me suis promis de le lire non à la vitesse d'une cigale, le livre aurait crissé de joie de tous ses mots, de tous ses paysages, mais au pas lent et certain de la tortue. Oui, suivre son chemin.
Chaque chapitre, histoire, est précédée d'une liste de mots. Ils font déjà rêver et tels des papillons se posent dans son journal au bon endroit. Ils résonnent dans la tête et m'invitent à les accompagner.
Marie aime sa Provence, son ciel bleu, ce vent qui de doux, fragile, caressant peut vous renverser, mistral impétueux. Oh, mais il n'y a pas que ça, les pâquerettes, les asphodèles, les chênes.
Alors ce livre de Marie, est un chemin à faire avec elle, telle un moineau, voletant d'arbre en arbre, ou telle un merle dont le chant fluté.
Elles chantent les asphodèles, chez nous, dans le vert très puissant du printemps, les cardamines au ton si sensible de mauve, se balancent dans la brise. Oui la nature, les violettes et les êtres aimés.
Et puis, j'ai tant apprécié les images, les sons, les senteurs qui virevoltaient, j'ai pris un stylo et ai écrit dans les marges toute cette beauté et cette profondeur qui faisaient bondir mon cœur. Oh cela ne m'arrive jamais, bien respectueuse, du prochain lecteur. Celui ci a été un livre du matin et il m'accompagnera encore un bout de chemin.
Je vous transcris trois extraits :
le premier choisi en ouvrant le livre au hasard.
"Sa forêt personnelle n'a pas pu naître. Dans celle de mon enfance, je sais que les chênes y sont aux mêmes places, immobiles, majestueux, tout prêts à accueillir un Roi qui viendrait y rendre la justice. En fermant les yeux, je sais retourner auprès de chacun, je ne me trompe pas de chemin car je peux suivre les empreintes de mes pas qui ne s'effaceront jamais. Je me dis que d'autres arbres poussent à leurs pieds, qu'ils agrandissent leur communauté. Une humanité de chênes."
page 128
le deuxième parce que comme elle je rentre les mains vides et me contente de mon apn pour me souvenir.
"Il est fort possible aussi qu'une des trois fleurs de l'amandier ait glissée dans le petit carnet, fleur que j'aurais précautionneusement arrachée avec moult délicatesse, le petit doigt en l'air peut être, ce qui m'aurait donné bonne conscience. Je ne le fais plus désormais et les vases sont inutilisés. Maintenant, je rentre les mains vides. Quand je jette des fleurs après qu'elles aient été fané, je trouve que c'est triste. Que peut ressentir une fleur qu'on cueille tout à coup ? Les êtres humains sont ils les seuls à ressentir de la douleur ? Cette fleur n'avait rien demandé et poussait jusque-là tranquillement... et puis voilà qu'un qui passe, qui la prend, qui l'exile de son herbe, qui la tue et qui la jette..."
page 68
le dernier extrait, plutôt quelques mots issus de sa liste du 15 février (jour de naissance de ma fille)
"bleu
ciel bleu
mer bleue
azur
bleu immense
bleu partout"
....
page 131
Ce livre est là, offert, pour être lu, surtout vécu. Je remercie chaleureusement Marie. Quel bonheur de te lire.