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Si nous savions regarder le réel de chacun de nos jours (Christian BOBIN)
J'ai toujours dû la vie à ce que je voyais de pur. Si nous savions regarder le réel de chacun de nos jours, nous tomberions à genoux devant tant de grâce. Dans un fossé du parc de la Verrerie, quelques myosotis triomphent des ténèbres par innocence de leur bleu et leur enfantine soumission aux ordres contradictoires du vent. Ces petites fleurs ne semblent flotter sur aucune tige, comme un ciel second égaré parmi nous. Un regard aimant sur elles et elles sont délivrées, remontant aussitôt au ciel premier à l'intérieur duquel - selon le prophète Hénoch - les anges forgent leurs épées et leurs cuirasses.
Me croira-t-on si je dis que les myosotis sont plus beaux de fleurir au Creusot à l'ombre des usines asthmatiques ! C'est un même secret que la grâce et l'infortune, une même vue donnée sur l'éternel par la puissance et la douceur.
Christian BOBIN
Prisonnier au berceau
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Commentaires
merci pour ce bien joli et si vrai texte du moins pour les nuages car les fleurs là ou elles sont jamais vues. jamais été...voilà enfin tout fini sur mon blog OUF. Bisous bisous
6gazouMercredi 26 Août 2020 à 17:37Un magnifique hommage poétique de Christian Bobin au myosotis , une petite fleur bien discrète mais dont l'éclatant bleu peut faire oublier bien des noirceurs .
Bonne soirée
Bises
Bonjour Andrée. Le joli bleu des myosotis peut illuminer une journée tristounette, si l'on sait s'émerveiller... Bisous
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Quel beau texte !