• promenade photographique du 1er au 15 mars

     

    promenade photographique du 1er au 15 mars

     

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  • L'arbre innommé

    élevé

    regarde à son pied

    les humains

    aller venir grandir mourir

    berceaux  trottinettes

    gambettes cannes et

    fauteuils roulants.

    Le défilé incessant

    les dimanches bénis.

    L'arbre oubliant

    les sécheresses les vents.

    l'arbre tend se tend

    vers le ciel.

     

    Gardez-nous mêlés

    liés rassemblés

    là-haut -  là-bas - ici

    supplie le feuillu.

     

     

    Agab 03/19

     


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  • la tyranie de l'évaluation

    ... de faire en sorte que notre vie s'apparente à un curriculum vitae, une ligne sur laquelle on va, à chaque situation, éviter les points X qui demandent un pari et exposent à courir des risques.

    ...

    Aujourd'hui, les nouvelles pratiques d'évaluation permanente, dont les évalués sont eux-mêmes acteurs, font que chaque individu devient un bilan de compétences utiles dans vie, un bilan qui accompagne la machine dans son fonctionnement... Du berceau au cercueil, on désire être évalué, pour mieux éviter d’exister, pour essayer d'être des machines performantes. 

    Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ceci n'est pas réservé au "petits employés et ouvriers", bien au contraire : tout le monde est invité, toute sa vie, à se vivre comme un bilan de compétences. 

    Ainsi, lors de mes passages plus ou moins heureux par l’université, j'ai pu constater qu'un tel n'allait pas écrire un article qui ne concernerait pas exactement son domaine, par peur de représailles. J'ai connu des lieux où l'odeur de la peur était permanente, je ne m'attendais pas à trouver la même odeur dans les salles universitaires... On fera le doctorat, le postdoc et la carrière qui serviront son curriculum, en laissant de côté toute affinité ou curiosité élective (quand elle existe). Ainsi les gens qui réussissent bien dans l'élite ne vivent-ils souvent pas non plus : ils font bien attention à fonctionner. Ils passent leur temps à se dire que demain ils pourront faire ce qu'ils veulent, mais demain arrivent de nouvelles surcontraintes - non pas des contraintes de vie, mais des surcontraintes disciplinaires, de peur, de bêtise. 

    Tout cela fait que ce n'est jamais le bon moment pour faire quelque chose.

    Voilà comment on fabrique, d'un côté, des jeunes terrorisés parce qu'ils doivent faire un curriculum et, de l'autre, des vieux qui campent au-dessus de leur curriculum.

     

    Miguel BENASAYAG

    Fonctionner ou exister ?


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  • Défi 218 auprès de mon arbre

     

    Imaginez, pour le défi de ce lundi, que vous êtes un arbre (chêne, bananier, charme, ce que vous préférez) et racontez votre histoire en une trentaine de lignes.

    Au début de votre texte, vous insérerez une citation ou un proverbe relatif à un arbre.

     

    Les mots sont comme les glands. Chacun d'eux ne donne pas un chêne, mais si vous en plantez un nombre suffisant, vous obtiendrez sûrement un chêne tôt ou tard.

    William Faulkner

     

    Je me souviens d'une promenade dans la campagne lorraine. Le printemps éclatait, le vert se multipliait et les oiseaux bâtissaient leurs nids. Je me pressais, l'orage approchait et soudain la pluie m'éclaboussait. La chienne tirait fortement sur la laisse, sous l'emprise d'une frayeur incontrôlable. Sous un chêne, je trouvais un abri. Les éclairs claquaient, fouets d'un ciel en désordre. Une lumière zébra le sol, un craquement sinistre l'accompagna. 

    Quand je relevai la tête, sensation étrange, je ne sentis plus mes deux mains. "Étais-je dans le coma, chamboulée par l'éclair ?" La pluie tombait drue et mes sensations changeaient ; j'étais heureuse de cette pluie qui s'éparpillait sur mes feuilles. 65 ans, tout comme moi, tiraillements des branches, de grandes en petits embranchements, fleurs qui me grattouillaient. J'étais le chêne ! Sooooannnnnnnnn, le vent s'infiltrait, dansait à travers les branches. Etre un chêne, ne plus trembler comme une feuille, vibrer à l'unisson de tout : feuilles, animalcules, oiseaux, racines et air. Se nourrir, mes racines profondes avaient trouvé le chemin du ruisseau et envoyait la sève du bas en haut. La pluie cessa, à mon pied, vase évasé, formidablement puissant, mon corps d'humaine endormi, fragile et limitée humaine. Le chien était couché tout contre et diffusait sa chaleur.

    Vibrer chêne, mes feuilles s'égouttaient, un couple de geai jasait ; la femelle couvait cinq oeufs blancs aux tâches verdâtres, attendre patiemment la naissance puis les cris, les premiers vols. Des fourmis grimpaient sur mon tronc, à la rencontre des pucerons. J'agitais mon houppier et voyait le soleil se coucher, jaune, rouge, or flambant. Quelle magnificence ! Incroyable cette sensation d'étirement, de largeur, de profondeur. Des mésanges s'approchèrent pour se coucher. Pas très loin des vaches brunes et blanches rejoignaient leur abri. Elles venaient les moments de soleil dardant, se coucher sous mon ombre, quelquefois même, elles se frottaient contre mon écorce pour stopper les piqûres des infernales mouches.

    J'étais un chêne et mes souvenirs d'humaine s'estompaient, ceux d'une femme qui devaient encore marcher une heure avant de retrouver sa voiture. Oublié le dérangement climatique, oublié la centrale nucléaire aux nuages gros et ronds, dépassé les tracas quotidiens et même les moments doux à lire les livres des trois amis ou les poèmes de Thomas Vinau. Je me balançais en rythme avec les feuilles nouvelles et savourait la sève nourricières. Des mésanges, quelques moineaux se posèrent et repartirent. Le pré se piquait de fleurs de pissenlits. Tout près de mon tronc, dans sa petitesse admirable, une fleur nouvelle haute comme trois rouge-queue veillait sur moi. La nuit s'approfondissait,  la lune tentait la hulotte. Une petite brume enveloppa le corps de l'humaine.

    Je me sentais vaste comme le monde, vaste ; plus loin un chêne cousin m'envoya ses effluves amicales. Je comprenais comme le monde était relié. Et à l'aube vivifiante, le pissenlit se tourna et me chuchota, "il est l'heure, dame blanche, il est l'heure, vos frères vous attendent". Le brouillard se fit épais et dense, lentement, précautionneusement, mon corps de femme se réveilla. Des tremblements me saisirent, Le chien, queue en panache, heureux, me lècha. 

    Je n'étais plus chêne  juste une femme âgée  dans un monde à la grande beauté souvent menacée. Et  je gardais au fond de moi l'espérance d'un monde où tous les vivants nous vivrons tous reliés : vent, étoiles, abeilles et renards argentés. Le chêne continua sa mission, élever des glands pour qu'ils poussent par milliers.  Et il m'arrivait d'aller m'asseoir sous lui et de vibrer à l'unisson.


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  • Frédéric LENOIR : Ce qui est assez français : on n'est jamais contents...

    Thierry JANSSEN : C'est un fait.

    Et en tant que francophone vivant en Belgique, cela m'interpelle beaucoup. Un tiers de ma famille est français, je voyage beaucoup en France mais aussi en Suisse, au Québec. Et je constate qu'il règne en France beaucoup de négativité et même un climat dépressif. Or la dépression naît souvent d'un sentiment d'impuissance et d'une forme de résignation.

    Je ne retrouve pas cela en Belgique, en Suisse et au Québec. Pourtant la situation économique de ces pays n'est pas vraiment meilleure, le niveau de vie y est équivalent, la culture assez semblable. Mais la façon de penser n'est pas la même. Peut-être parce que l'inconscient collectif n'attend pas la même chose.

    Il y a quelques années j'ai été intrigué de découvrir que la Déclaration des droits de l'homme française promet que l'Etat créera le bonheur des citoyens. Alors que la Déclaration d'indépendance américaine, qui est antérieure de quelques années, promet que l'Etat mettra en  place les conditions qui permettront à chaque citoyen de créer son propre bonheur... Le message est très différent.

    Il semble que, plus que n'importe quel autre peuple, le peuple français attend beaucoup d'une autorité extérieure qui, après avoir été incarnée par la personne du roi, est à présent remplacée par l'Etat - un Etat paternaliste face auquel les citoyens sont déresponsabilisés et, du coup, passent leur temps à se plaindre quand "papa" n'a pas répondu à leurs attentes. Cela engendre beaucoup de frustration et de souffrance. J'ai le sentiment que l'inconscient collectif des Français devrait évoluer vers plus de responsabilité, moins de discours, plus d'action, moins de revendications, plus de propositions.

    Loin de moi de dire qu'individuellement  les Français ont tous un rapport assez infantile à l'autorité, mais je crois que, collectivement, c'est une question qui devrait être posée.

     

    Frédéric LENOIR et Leili Anvar

    Oser l'émerveillement

    (avec Bruno Giuliani, Thierry JAnssen, Alexandre Jollien, Jacqueline Kelen,

    Edgar Morin, Marion Muller-Colard, Christiane Rancé)


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