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l'homme joie (3) de Christian BOBIN
La guerre n'a rien d'énigmatique - mais l'oiseau que j'ai vu s'enfuir dans le sous-bois, volant entre les troncs serrés, m'a ébloui.
J'essaie de vous dire une chose si petite que je crains de la blesser en la disant. Il y a des papillons dont on ne peut effleurer les ailes sans qu'elles cassent comme du verre. L'oiseau allait entre les arbres comme un serviteur glissant entre les colonnes d'un palais. Il ne faisait aucun bruit. Il était aussi simplement vêtu d'or qu'un poème.
Voici, je me rapproche de ce que je voulais vous dire, de ce presque rien que j'ai vu aujourd'hui et qui a ouvert toutes les portes de la mort : il y a une vie qui ne s'arrête jamais. Elle est impossible à saisir. Elle fuit devant nous comme l'oiseau entre les piliers qui sont dans notre coeur. Nous ne sommes que rarement à la hauteur de cette vie. Elle ne s'en soucie pas. Elle ne cesse pas une seconde de combler de ses bienfaits les assassins que nous sommes.
Christian BOBIN
L'homme-joie
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Commentaires
La vie est pleine de beautés, pleine de surprises, on peut la vivre en noir ou en rose ... à nous de choisir ...
Bel écrit ...
Bisous du soir
Jolie page de nouveau.
Le jour où l'homme cessera de tout détruire, le monde sera beau pour tous.
La vie est sans prix! Arrétons de vouloir lui en donner un. Forcément, on se trompe à tous les coups.
Superbe! Une lecture pleine de profondeur
Bises
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Je suis tout à fait d'accord sur le fait que nous sommes très rarement à la hauteur de cette vie.
L'humain est beaucoup trop centré sur lui-même pour parvenir a admirer tout le reste.
Merci pour ce partage Andrée.
Bises et bonne soirée