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Par durgalola le 6 Juillet 2022 à 14:00
S'il suffisait
S'il suffisait de prier
pour être entendus
de se contenter du nécessaire
pour chaque être au monde
quelle que soit sa couleur ou sa foi.
S'il suffisait de la foi
pour isoler le bon
et le beau qu'il y a au monde
si l'on comprenait que la haine
est un sentiment malade
et qu'il féconde des fruits vénéneux
il suffirait de donner
aux enfants du pain et non des armes
pour ne pas faire d'eux de nouveaux assassins
et de futures victimes.
Edith BRÜCK
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Par durgalola le 4 Juillet 2022 à 14:00
...
Les fins de soirée étaient pour Nadelmann des instants de grâce. Il se préparait un thé et lisait un poème des grands écrivains allemands. Un seul, jamais deux. Multiplier les plaisirs, c'était les banaliser.
Il le choisissait avec appréhension, comme on hésite devant une boîte de confiseries sachant que toutes sont délicieuses mais qu'on en mettra une seule en bouche.
Nadelmann lisait d'abord le poème dans son entier, à voix haute, pour la joie d'être bercé par la musicalité d'une langue chargée de souvenirs douloureux et pourtant merveilleuse. Il reprenait ensuite le poème, 'arrêtait sur tel ou tel passage, le relisait, toujours à voix haute, à l'affût d'une nouvelle consonance qui pourrait l'aider, par sa mélodie, à en approfondir le sens.
Son choix se porte sur l'un des derniers poèmes de Hölderlin. Il ferma les yeux quelques instants, le lut à voix soufflée comme une confidence, et ferma ses yeux à nouveau.
...
Sa vie avait été un sentier escarpé chargé de ronces sur lesquelles ses illusions s'étaient accrochées, l'une après l'autre. Au moins se trouvait-il à son sommet, débarrassé d'elles, libre, pour le temps qu'il lui restait à vivre, d'écouter le vent siffler, dépouillé de toute illusion. Sans doute avait-il fallu qu'il s'appauvrisse ainsi, pour être heureux come il l'était à cet instant, éperdu de bonheur à la lecture de l'un des plus beaux poèmes du monde, écrit dans une langue où éclataient à la fois, la lumière et le désespoir.
Métin ARDITI
Tu seras mon père
l'homme
Quand de lui-même vit l’homme et quand son reste apparaît,
C’est comme quand s’est un jour des autres jours dissocié,
Que sur son reste concentre l’homme son intérêt,
Coupé de la nature et en rien envié.
C’est comme s’il était seul dans l’autre vie déployée,
Où le printemps verdit, l’été séjourne en ami,
Jusqu’à l’automne où décline l’an qui s’enfuit,
Et planent sans fin autour de nous les nuées.
Friedrich HÖLDERLIN
Traduction Claude Neuman
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Par durgalola le 30 Juin 2022 à 14:00
Qu'est-ce que ça veut dire ?
J'avoue que je suis bouchée,
je ne comprends pas ce que ça veut dire
d'abord les Italiens,
d'abord les Américains
et ainsi de suite... toute nation
peut utiliser le même slogan.
Mais d'abord par rapport à qui ?
Est-ce qu'un Américain vaut plus
qu'un Suédois ou un Français ?
Qui est-ce qui décide ?
Par amour des patries
les cimetières sont pleins.
Une vie vaut l'autre
et elle est chère aussi à ceux
qui comptent moins
que les nations privilégiées
plus armées,
plus avancées
mais ils n'apprennent rien
de leurs propres erreurs
ils en sont restés au b.a.-ba.
Edith BRUCK
Pourquoi aurais-je survécu ?
poèmes
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Par durgalola le 10 Juin 2022 à 14:00
J'apprends à regarder
jusqu'à ce que je ne sache pas
si mon cœur est un soleil
ou un rouge-gorge
Il bat à faire trembler la montagne
Ainsi je regarde à travers ce tremblement
Quelquefois un coquelicot touche le ciel
Quelquefois le ciel tombe dans la paume de ma main
Quelquefois je mets ma main au feu
comme si ma main était une vérité
Quelquefois je demande au jour de rester
pour qu'il n'y ait aucun mort
et qu'aucun fleuve ne s'époumone et file vers la mer
ni pierre qui route à cause de la force de l'eau
emportant une à une ses couleurs
car je ne veux plus trouver une explication au temps qui passe
à ces mouvements qui broient le nom des choses
sachant que c'est le temps qui m'a appris à parler
à faire trembler l'or d'une flaque ou d'un mot
Il n'y a pas là grande philosophie
Il y a vallées collines arbres isolés ou forêt
arbustes murets ou fleurs
tout ce qui pourrait constituer le pourquoi
ou le comment de mes idées
Il y a la manière dont je passe
moi qui demeure immobile
à l'abord d'un pré.
Christian VIGUIE
Ballade du vent et du roseau
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Par durgalola le 6 Juin 2022 à 14:00
OISEAU MINUSCULE
Violent désir d'être un oiseau minuscule
sur une branche minuscule, peut-être
une mésange arlequin
dressée sur ses pattes grêles,
pas ce gros type qui tombe
en faisant un boucan terrible
abîme trottoirs et pâtures,
s'enfonce jusqu'à la taille dans la boue de la rivière.
Si mes jambes étaient des lances je serais descendu
jusqu'à l'une de ces tumultueuses rivières souterraines
qui sont partout, portées par le courant noir de la terre.
Jeune, je pensais mourir avant quarante ans
comme tant de mes poètes préférés.
A soixante-quinze ans je constate que ce n'est pas arrivé.
Je reste pourtant fidèle à mes poèmes et aux oiseaux.
Les oiseaux sont des poèmes
que je n'ai pas encore saisis au vol.
Jim HARRISON
la position du mort flottant
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