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Par durgalola le 21 Août 2022 à 14:06
Transfiguration
Je suis
adossé à une meule
de foin bronzé
Un âcre spasme
éclate et grouille
des sillons gras
Je me sens vraiment né
des gens de cette terre
Je me sens dans les yeux
attentifs aux changements
du ciel
de l'homme rugueux
comme l'écorce
des mûriers qu'il émonde.
Je me sens
dans les visages des enfants
comme un fruit rose
brûlant
parmi les arbres dépouillés
Comme un nuage
Je me filtre
au soleil
Je me sens épandu
dans un baiser
qui me consume
et m'apaise.
Versa 16/02/1917
Guiseppe UNGARETTI
Vie d'un homme
(poésie 1914/1970)
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Par durgalola le 12 Juillet 2022 à 14:00
Après
Même les rares survivants
des camps nazis
s'en vont,
et après ?
Qui pourra jamais
continuer
à témoigner
au nom de ceux qui ont vécu
l'indicible ?
Leurs enfants ?
Souvent ils ont été
épargnés par leurs parents.
Les petits-fils fuient presque
l'expérience de leurs grands-parents
pour vivre affranchis
de cette éternelle cage
de tamponnés chiffrés.
Et une fois disparus,
les mystificateurs
et les nouveaux haïsseurs,
les négationnistes
se multiplieront,
"Tu te rends compte,
ils nient déjà",
me disait Primo Levi,
"avec nous encore en vie !"
Je m'en suis rendu compte oui,
plus que jamais aujourd'hui!
Edith BRUCK
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Par durgalola le 6 Juillet 2022 à 14:00
S'il suffisait
S'il suffisait de prier
pour être entendus
de se contenter du nécessaire
pour chaque être au monde
quelle que soit sa couleur ou sa foi.
S'il suffisait de la foi
pour isoler le bon
et le beau qu'il y a au monde
si l'on comprenait que la haine
est un sentiment malade
et qu'il féconde des fruits vénéneux
il suffirait de donner
aux enfants du pain et non des armes
pour ne pas faire d'eux de nouveaux assassins
et de futures victimes.
Edith BRÜCK
14 commentaires -
Par durgalola le 4 Juillet 2022 à 14:00
...
Les fins de soirée étaient pour Nadelmann des instants de grâce. Il se préparait un thé et lisait un poème des grands écrivains allemands. Un seul, jamais deux. Multiplier les plaisirs, c'était les banaliser.
Il le choisissait avec appréhension, comme on hésite devant une boîte de confiseries sachant que toutes sont délicieuses mais qu'on en mettra une seule en bouche.
Nadelmann lisait d'abord le poème dans son entier, à voix haute, pour la joie d'être bercé par la musicalité d'une langue chargée de souvenirs douloureux et pourtant merveilleuse. Il reprenait ensuite le poème, 'arrêtait sur tel ou tel passage, le relisait, toujours à voix haute, à l'affût d'une nouvelle consonance qui pourrait l'aider, par sa mélodie, à en approfondir le sens.
Son choix se porte sur l'un des derniers poèmes de Hölderlin. Il ferma les yeux quelques instants, le lut à voix soufflée comme une confidence, et ferma ses yeux à nouveau.
...
Sa vie avait été un sentier escarpé chargé de ronces sur lesquelles ses illusions s'étaient accrochées, l'une après l'autre. Au moins se trouvait-il à son sommet, débarrassé d'elles, libre, pour le temps qu'il lui restait à vivre, d'écouter le vent siffler, dépouillé de toute illusion. Sans doute avait-il fallu qu'il s'appauvrisse ainsi, pour être heureux come il l'était à cet instant, éperdu de bonheur à la lecture de l'un des plus beaux poèmes du monde, écrit dans une langue où éclataient à la fois, la lumière et le désespoir.
Métin ARDITI
Tu seras mon père
l'homme
Quand de lui-même vit l’homme et quand son reste apparaît,
C’est comme quand s’est un jour des autres jours dissocié,
Que sur son reste concentre l’homme son intérêt,
Coupé de la nature et en rien envié.
C’est comme s’il était seul dans l’autre vie déployée,
Où le printemps verdit, l’été séjourne en ami,
Jusqu’à l’automne où décline l’an qui s’enfuit,
Et planent sans fin autour de nous les nuées.
Friedrich HÖLDERLIN
Traduction Claude Neuman
12 commentaires -
Par durgalola le 30 Juin 2022 à 14:00
Qu'est-ce que ça veut dire ?
J'avoue que je suis bouchée,
je ne comprends pas ce que ça veut dire
d'abord les Italiens,
d'abord les Américains
et ainsi de suite... toute nation
peut utiliser le même slogan.
Mais d'abord par rapport à qui ?
Est-ce qu'un Américain vaut plus
qu'un Suédois ou un Français ?
Qui est-ce qui décide ?
Par amour des patries
les cimetières sont pleins.
Une vie vaut l'autre
et elle est chère aussi à ceux
qui comptent moins
que les nations privilégiées
plus armées,
plus avancées
mais ils n'apprennent rien
de leurs propres erreurs
ils en sont restés au b.a.-ba.
Edith BRUCK
Pourquoi aurais-je survécu ?
poèmes
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