• Une communauté se noie parfois en elle-même,

    puis ressuscite. Chaque mètre semble

    avoir ses fleurs, chaque rue ses pies en résidence.

    Dans le champ extérieur du terrain de base-ball

    poussent de merveilleuses petites fleurs blanches qui,

    selon un jardinier, sont du "liseron insidieux". 

    Toute ma vie j'ai aimé les mauvaises herbes.

    Ce sont des poètes botaniques, indésirables. 

    Elles ne vous font pas gagner un dollar.

    Les gens détruisent le répugnant pissenlit

    que depuis le début de l'enfance je trouve splendide,

    en soufflant les graines duveteuses après leur mort,

    propulsant tous ces bébés dans le sombre univers, 

    mais j'ai aussi un faible pour les passereaux vachers

    et les corneilles, ces passereaux et les poètes pondent

    leurs oeufs pour que d'autres les couvent,

    avant de s'en aller sans raison.

     

    JIM HARRISON

    une heure de jour en moins 

    poèmes


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  • La mousse fluorescente des vieux murs parle la langue des disparus.

    C'est une langue sourdement lumineuse, un serpent émeraude qui monte au cœur.

    Noireclaire de Christian BOBIN

     Pourquoi aimons-nous tant les feuilles mortes alors qu'elles sont le signe de notre fin, sinon parce que nous avons profondément besoin d'être menés loin du monde ?

    Noireclaire de Christian BOBIN 

    Quand une joie monte du papier blanc jusqu'à ma main, j'ai la certitude que personne n'est perdu. 

    Noireclaire de Christian BOBIN

     

    Christian BOBIN

    Noireclaire


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  • Petites ombres dans les yeux et dans la voix, vous êtes glacées, petites ombres.

    C'est la porte de l'enfer qu'on a oublié de fermer.

    Noireclaire de Christian Bobin

     

    Assistant à ton propre enterrement, tu te tiens de bout à ton cercueil, une main appuyée au bois de chêne clair.

     

    Noireclaire de Christian Bobin

     

    Un livre dans une brocante c'est parfois un mort qui me tend la main et qui me dit : ne me laisse pas, s'il te plaît.

     

    Noireclaire de Christian Bobin

     

    Christian BOBIN

    Noireclaire

     

    dans les poussières infimes dansant dans l'espace de ma chambre, je sens ceux qui sont partis,

    les parents, les amis, d'autres aussi, des innocents, des vieillards, des poètes

    et leur légèreté palpable, à peine dorée, encourage mon âme à attendre patiemment des retrouvailles sensibles.

    AG


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  • Pourquoi ce livre plutôt qu'un autre ?

    c'est un livre offert à mon mari car j'aime beaucoup cet auteur. Il a fini de le lire et maintenant, ce fut mon tour.

    Pourquoi vous offrir ces mots au lieu d'autres ?

    C'est une histoire d'un adolescent qui se retrouve au Canada, dans une région peu hospitalière, le Saskatchewan (rivière rapide) , où la poussière, la chaleur sont là en été et l'hiver des moyennes de -10/-13 degrés. Il a dû quitter ses parents emprisonnés pour avoir braqué une banque et sa soeur s'est enfuie, ne voulant pas de la solution offerte par sa mère. Une solution pour éviter l'orphelinat. Là, il vit dans des conditions rudes et il travaille tous les jours. Son tuteur, le frère de l'amie de sa mère, est un personnage étrange, fuyant ou chaleureux qui va encore l'entraîner dans une situation impossible. La première partie décrit l'avant : ses parents, ce qui les entraîne fatalement vers cet acte délictueux. C'est un récit long dont le but pour moi était de nous faire entrer dans la peau de cette famille, de ce jeune et sa soeur, entrer dans la ronde de leur vie. La deuxième partie décrit son séjour au Canada. La troisième, très courte, l'histoire d'aujourd'hui, de cet adolescent devenu soixantenaire.

    Et j'ai choisi le dernier paragraphe du livre.

    ... Je crois que ce qu'on voit c'est l'essentiel, comme je l'ai enseigné à mes élèves, et que la vie est une forme qu'on nous présente vide. Alors si la signifiance des choses nous pèse, elle ne fait rien de plus. Le sens caché en est quasi absent. 

    Ma mère disait que j'aurais tous les matins du monde pour y réfléchir au réveil, et qu'alors il n'y aurait personne pour me dire quoi penser. J'en ai eu des matins, en effet.

    Ce que je sais, c'est qu'on a plus de chances dans la vie, plus de chances de survivre, quand on tolère bien la perte et le deuil et qu'on réussit à ne pas devenir cynique pour autant ; quand on parvient à hiérarchiser, comme le sous-en Ruskin, à garder la juste mesure des choses, à assembler des éléments disparates pour les intégrer en un tout où le bien ait sa place, même si avouons-le, le bien ne se laisse pas trouver facilement. On essaie comme dit ma sœur. On essaie, tous tant que nous sommes. On essaie.

     

     


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  •  

    deuxième extrait de l'article paru sur psychologie de février 2016

    à l'occasion de la sortie du livre :  3 amis en quête de sagesse

    (Matthieu Ricard, Alexandre Jollien et Christophe André)

     

    Vous abordez la question de la cohérence. Mais comment être cohérent dans un monde chaotique ?

     

    Le dalai lama disait : « si quelqu’un se jette sur moi avec une arme, je commence par lui tirer dans les pieds s’il le faut, puis après je vais lui caresser la tête. »

    Alexandre Jollien : tout à fait, ce n’est pas : « entrez chez moi et tabassez moi » au contraire, c’est s’ajuster au réel. Tous ces préjugés ont la vie dure. L’acceptation réclame une force et un courage inouï.

    Christophe André : c’est drôle comme ce mot « acceptation » peut, en Occident, hérisser certains ! l’acceptation est ce temps durant lequel on se met en contact avec le réel. « Que se passe-t-il et que puis-je faire ? » L’acceptation précède l’action juste, réfléchie et adaptée. Elle ne consiste pas à dire « c’est bien », mais « c’est là. »


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