• Le monde est un arbre

     

    un arbre dressé

    qui regarde les veines du ciel

    un arbre perdu

    qui pousse au centre du monde

    un arbre éperdu

    qui se couche lentement sur le lit du vent

     

    le monde est un arbre

    le monde est un arbre

    et nous sommes les feuilles

    de ses branches

     

    c'est l'arbre étoilé d'anges

    que vit un jour

    le tout jeune William Blake

    au milieu d'un champ

    ....

    ce sont les arbres-poumons d'Amazonie

    qu'il faut défendre pour l'éternité

     

    ce sont 

    avant tout et à jamais

    les oliviers de Giotto

    oliviers bienveillants

    frères arbres

    attentifs à la descente du bleu

    dans l'esprit de Saint François

     

    attentifs à descendre 

    pour mieux s'élever

    descendre

    au plus profond des racines

    pour atteindre le fond du ciel

    ...

    Zéno BIANU

    (le désespoir n'existe pas)

     

     


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    Val des merveilles de Zéno BIANU

     

    VAL DES MERVEILLES

     

    deux noms dans la neige

    où se prosternent les étoiles

     

    le corps du temps

    s'est recourbé

     

    l'instant vibre

    en fragments de foudre

     

    frisson bleu du vivant

     

    Zéno BIANU

    (Infiniment proche et le désespoir n'existe pas)


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  • M pour Mabel

    (photo Alisdair Macdonald)

    Prendre une bonne photo, c'est ce que Henry Cartier Bresson appelle le moment décisif : "votre oeil doit voir une composition ou une expression que la vie elle-même vous offre et vous devez savoir intuitivement à quel moment appuyer sur le déclencheur. Le moment ! Si vous le ratez, il disparaît à tout jamais."

    C'était à l'un de ses moments que je pensais, assise dans cette pièce à attendre que l'autour se nourrisse sur mon poing.

    Une photo en noir et blanc prise par mon père des années auparavant. un vieil éboueur, barbe blanche taillée en bouc, chaussettes tirebouchonnées et chaussures éculées. Vêtu d'un pantalon de travail froissé. Une paire de gants. Une casquette en laine. L'appareil doit être tout proche du trottoir et mon père a dû s'accroupir sur la chaussée pour prendre ce cliché. L'homme se penche, son balai de bouleau appuyé sur son flanc. Il a enlevé le gant de sa main droite et, entre le pouce et l'index, il tend une miette de pain à un moineau sur le bord du trottoir.

    L'oiseau est surpris en plein envol, au moment même où il attrape la miette, et l'expression de l'homme est inondée de joie. C'est le visage d'un ange.

     

    Helen Macdonald

    M pour Mabel

     

    Helen est fauconnière, Helen est poète, Helen vient de perdre son père, Helen se lie avec Mabel, un autour, Helen lie son expérience à celle de l'écrivain White, célèbre pour un de ses romans : Merlin l'enchanteur, qui se passionnera pour l'autour Gos.

     


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  • Au fils des années, Abel a lu et entendu bien des choses concernant "le cas Dieu", son existence ou sa non-existence, ses vies et ses morts, sa toute puissance ou son impuissance. Certaines de ses déclarations l'ont intéressé, quelques unes plus particulièrement touché, beaucoup l'ont laissé dubitatif, voire défiant. Il y a flairé trop souvent des relents d'anthropomorphisme, parfois très lourds. L'homme ne cesse de se mettre au centre - de la Terre, du monde, de tout, même de Dieu.

    Il lui a d'ailleurs semblé que dans la plupart des religions, la place accordée à la nature et aux éléments était nulle, ou alors si réduite, et celle concédée aux animaux, infime, sinon déplorable.

    Ces derniers ont pourtant précédé l'homme sur la Terre, et des liens de filiation, tout lointains et distendus soient-ils, les relient. Tous sont des vivants. La vie, la vie vivante, chair et souffle, mouvement et élan, déploiement de désir, voilà ce qui importe à Abel. Il ne se sent au centre de rien ; d'ailleurs la Terre tourne continûment autour du Soleil, comme toutes les planètes, et lui-même est toujours en mouvement, dans l'espace alentour autant que dans le temps, et le temps aussi bien le traverse, ça bouge en lui, dans son corps dont les cellules, les tissus, les organes sont soumis à un renouvellement permanent. Le seul centre qui vaille se trouve nulle part et partout, il est multiple, variable, itinérant, tout est échange, entrecroisement, circulation. Révolution perpétuelle - en toute chose, toute matière, tout corps, en chaque vivant, et jusqu'en Dieu. Surtout en celui-ci, l'Inconnu.

    Mais cette vie est mise à mal en crescendo, avec des pics d'affolement, comme pendant les années de la vache dite folle et des moutons et des chèvres pris de tremblante ; des ruminants alors exécutés par dizaines de millions pour avoir été gavés de farines carnées produites à partir de chairs, d'abats, d'os et de sang récupérés dans les abattoirs, et aussi de placentas humains.

    Des herbivores changés traîtreusement en carnivores se nourrissant les uns des autres avant d'être à leur tour réduits en partie en farines pour alimenter ceux de leur espèce, et tous finissant dans l'estomac des humains.

    Un cercle fou, une spirale broyeuse et avalante qui fait de tous, bêtes et hommes, des cannibales. Une explosion d'autophagie qui s'est révélée fatale, et que ceux qui l'avaient provoquée, les hommes imbus de leur pouvoir, de leurs besoins, de leur science, ont fait payer à leurs victimes en les assassinant. La mort en hâte, en rage, en vrac.

     

    Sylvie Germain

    A la table des hommes


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