• Les gouttes de pluie sur la vitre ont un bombement argenté et une bordure laiteuse.

    La pluie s'arrête.

    Les gouttelettes ne partent pas tout de suite. Elles forment une voie lactée cloutée. Elles semblent figées comme parfois nos vies.

    Puis l'une se met en route. Il est difficile de ne pas penser qu'elle va vers sa mort. La jeune élue, poussée par le vent, s'éloigne de ses soeurs idôlatres, crispées dans une fausse immortalité.

    La petite vivante avec sa joie muette glisse en oblique vers l'abîme, dans l'angle de la vitre encadrée d'acier froid. Voilà. C'est fini.

    Vivre n'est rien d'autre que donner sa lumière, traverser la voie lactée des épreuves, disparaître - et continuer, car telle était la parole qui ce matin se fracassait en dizaines de gouttes d'eau sur la vitre insensible d'un train entre Paris et Genève : aucune lumière donnée ne se perd.

    Nous sommes des paillettes d'or détachées d'une statue vivante. Nous sommes des instants de son souffle, des pollens de sa voix, des petites gouttes de pluie qui prennent le train sans billet jusqu'à l'éternel qui est ceci, ici, maintenant.

    Christian BOBIN

    Un bruit de balançoire


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  • Cette nuit-là Valodia m'enlaça étroitement tandis que les doux ronflements de Tatiana résonnaient dans le tipi.

    Notre union fut aussi harmonieuse que celle du poisson et de l'eau, celle des fleurs et de la rosée, celle de la brise et des chants d'oiseaux, celle de la lune et de la Voie lactée.

    CHI Zijian

    Le dernier quartier de lune 


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  • Vivre en harmonie dans un couple est en soi une épreuve parce qu'il est un perpétuel ajustement à l'autre. Il faut évacuer toute hypocrisie et toute illusion, les relations sont souvent complexes et difficiles parce que l'on se met mutuellement à l'épreuve et que la tentation de la rupture peut facilement s'installer. 

    Mais sauf s'il y a défaillance de l'amour, j'y vois une forme d'initiation et un catalyseur du changement personnel. Le mariage, la vie à deux - quel qu'en soit le genre -, où s'affirme l'amour, c'est l'intime de l'intime puisque les corps s'assemblent. Chacun est évidemment libre de choisir sa voie mais l'ascèse du couple, qui permet d'établir l'harmonie entre deux êtres et de perpétuer l'amour, est, à mon sens, fondatrice du vrai changement humain.

    Au-delà des grands principes, c'est en effet le quotidien de la vie à deux qui est difficile. On doit souvent restaurer l'entente sans choir dans le diktat de l'un sur l'autre. Comment vais-je renoncer et faire des divergences une harmonie nouvelle ? C'est l'épreuve majeure, et aujourd'hui si les divorces se multiplient c'est aussi parce que la convergence de cœur à cœur devient difficile, que nous avons du mal à accepter la contrainte et qu'un mal-être général se répand.

    Les attaques portées contre telle ou telle communauté humaine, telle ou telle orientation sexuelle, sont des violences inutiles. Tous les hommes doivent être libres de leurs initiatives sans avoir à supporter le regard ou la réprobation d'autrui. A cet égard, je pense qu'il ne faut pas porter de jugement moral ni édicter de censure. Je crois au contraire qu'il y a des espaces de vie où le respect doit seul l’emporter. Il en va de la liberté et de la responsabilité de chacun et, pour moi, le bonheur prime. 

     

    Pierre Rabhi

    La convergence des consciences


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  • Gorbatchev imaginait deux planètes se rencontrant dans l'espace. L'une d'elles s'adresse à l'autre en lui disant : "Oh ma pauvre, comme tu es dépenaillée !" Et l'autre de lui répondre  : "Ne m'en parle pas, j'ai attrapé l'humanité !"...

    La planète est une oasis perdue dans une immensité désertique. Elle est d'une rareté inouïe, pour ne pas dire une exception puisque nous n'en connaissons pas de similaire. En bonne logique, nous devrions veiller sur elle comme sur le plus grand des trésors mais nous préférons la considérer comme un gisement de ressources à consommer sans retenue et la transformons en un espace de mort.

    J'ai maintes fois évoqué l'incongruité d'imaginer le principe d'une croissance indéfinie dans une oasis limitée. Plus absurde encore, l'insatiable boulimie qui nous caractérise est source de frustration pour les nantis et de pénurie mortelle pour les plus démunis ce qui engendre révoltes et violence.

    Sobriété et modération sont à l'évidence deux dispositions à prôner si l'on veut prévenir toute disparition prématurée de notre oasis.

    Pierre Rahbi

    La convergence des consciences


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  • Tout ce qui vit est unique :

    Ce lieu, ce feu, cet instant,

    Ce soleil buvant rosée,

    Cette bise hélant écho,

    Ces gestes nôtres, ce regard...

    Quel dieu donc, sinon unique,

     

    Peut-il répondre à nos cris ?

     

     

    François CHENG

    La vraie gloire est ici


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