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Par durgalola le 21 Juillet 2021 à 14:00
NOTRE MER
Notre mer qui n'es pas au ciel
et qui embrasses les confins de l'île et du monde
béni soit ton sel,
bénis soient tes fonds.
Accueille les bateaux surbondés
sans une route sur tes vagues
les pêcheurs sortis la nuit,
leurs filets parmi tes créatures,
qui reviennent le matin
avec la pêche des naufragés sauvés.
Notre mer qui n'es pas au ciel,
à l'aube tu as la couleur du blé
au couchant du raisin de la vendange,
nous t'avons semée de noyés
plus que tout autre âge de tempêtes.
Notre mer qui n'es pas au ciel,
tu es plus juste que la terre ferme
quand même tu élèves des vgues-murailles
puis les abaisses en tapis.
Garde les vies, les vies tombées
comme des feuilles dans l'allée,
sois pour elles un automne,
une caresse, une étreinte, un baiser au frond,
une mère, un père avant le départ.
Erri de Luca
Aller simple
suivi de l'hôte impénitent
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Par durgalola le 28 Juin 2021 à 14:00
"Tu te rappelles quand tu as lu ta première phrase, tu as dit que certains mots pouvaient vouloir dire des choses importantes ? demanda-t-il un jour, assis sur la berge du ruisseau.
- Oui, je me rappelle, pourquoi ?
- Eh bien, c'est encore plus vrai des poèmes. Dans un poème, les mots font plus que dire des choses. Ils éveillent des émotions. Des fois même, ils te font rire.
...
Ecoute un peu. Il est d'Edward Lear". Il sortit de sa poche une enveloppe pliée et se mit à lire :
Puis Papa-Longues-Jambes
Et Monsieur Ailes-Tombantes
Coururent vers la mer
A grands cris gais et clairs ;
Ils trouvèrent un bateau
Voiles roses et tout beau ;
Et voguèrent loin loin
Vers le ciel de demain.
Tout sourire, elle commenta : "On dirait le rythme des vagues quand elles viennent se briser sur la plage."
De ce jour, elle se mit à composer des poèmes, les inventant alors qu'elle sillonnait le marais dans sa barque ou ramassait des coquillages - des vers simples qui chantaient tout seuls et lui traversaient la tête. "Il était une maman geai, qui réussit à s'envoler, moi aussi je m'envolerais, si seulement je le pouvais." Elle en riait aux éclats, et ils remplissaient pendant quelques minutes solitaires le grand vide de sa longue journée.
Delia OWENS
Là où chantent les écrevisses
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Par durgalola le 22 Juin 2021 à 14:00
je voudrais te dire les bulles d'air les irisations de la nuit et du jour les décolorés du monde les avant de voir pluies dorées dans les yeux de Benjamin les couleurs furieuses et magistrales des objets hindous la danse chavirante des gracieuses brahmanes
le mouvement qui ravit toute nuance toute couleur
la beauté du monde
le rire avec ses colliers de perles dans les bouches des enfants
les vieux enfants que nous sommes
je voudrais plaider pour ce qui reste de parole
si nous courons autour du mot utile
nous courons autour
la margelle du puits où s'évanouit le mot utile
avec autour les mots de trop
le trop de mots
si nous plaidons pour dessaouler ce monde alors il nous faudra
le courage
le cou rage
le court âge
le coeur rage
le corazon
l'espoir fou le courage
SAPHO
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Par durgalola le 5 Juin 2021 à 14:00
Cherche la sauvagerie capable
de déchirer les pierres.
Ne passe pas ton temps dans les ailes, les nuages
dans l'illusion de légèreté
c'est confus, les mots, c'est dur
ça bouillonne et ça coupe
ça pèse son poids de mémoire et de douleur
ça noircit, ça empêche, ça nourrit la nuit
et ça ne remonte pas et ça ne fait pas son petite poème, ça ne fait pas de bulle
ça ne germe pas, ça ne fleurit pas, ça grossit,
jusqu'à tendre la peau de l'intérieur,
la peau trop étroite de ce corps sans forme
cherche la sauvagerie capable de mordre
du serpent caché dans les hautes herbes,
surtout pas un oiseau
les oiseaux sont des proies, les serpents
sont lisses comme des dagues
les serpents savent écrire des poèmes qu'ils abandonnent
sur les pierres, au plein jour, au soleil
avec l'ancienne peau.
Cécile A. HOLDBAN
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Par durgalola le 16 Mai 2021 à 14:00
CHOEUR
De toute distance nous arriverons, à millions de pas
ceux qui vont à pied ne peuvent être arrêtés.
De nos flancs naît votre nouveau monde,
elle est nôtre la rupture des eaux, la montée du lait.
Vous êtes le cou de la planète, la tête coiffée,
le nez délicat, sommet de sable de l'humanité.
Nous sommes les pieds en marche pour vous rejoindre,
nous soutiendrons votre corps, tout frais de nos forces.
Nous déblaierons la neige, nous lisserons les prés, nous battrons les tapis
nous sommes les pieds et nous connaissons le sol pas à pas.
L'un de nous a dit au nom de tous :
"D'accord, je meurs, mais dans trois jours je ressuscite et je reviens."
Erri de Luca
Aller Simple
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