• Le mieux que nous puissions faire, avec la souffrance, c'est de l'accepter. En la reconnaissant, simplement, même si cela semble une mise au point mineure, on fait un grand pas en avant.

    Un ami m'a dit que sa mère était morte quand il avait cinq ans. Un matin son père lui avait annoncé qu'elle était partie et qu'elle ne reviendrait jamais ; et puis, il n'en avait plus jamais parlé. Quoique extrême, cette réponse est emblématique de nos instincts naturels. Nous voudrions prétendre que tout va bien, que la mort ne nous touche pas, que nous ne sommes pas la proie d'agonies primitives aux origines ténébreuses, que nous sommes d'une manière ou d'une autre immunisés contre les insupportables vicissitudes de l'existence.

    Mais le trauma fait partie de notre définition en tant qu'êtres humains. Il est inextricablement lié à la structure de notre vie. Personne n'y échappe. Le reconnaître, comme la Vision réaliste nous y encourage, nous rapproche de l'incompréhensible réalité de notre propre mort. Et, quant à la mort, la seule façon de s'en sortir est, en définitive, de la traverser.

     

    Mark Epstein 

    Se libérer de la souffrance


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  • Jusqu'où irons-nous dans la détestation du monde qu'on nous a fait et que nous bien contraints d'habiter ?

    Notre amour du monde, qui ne peut que grandir, ne se résigne pas à la décomposition.

    L'argent, par exemple. Dieu maudit.

     

    Qu'est-ce qu'on ne peut ni acheter ni payer, parce que c'est irréparablement gratuit ?

    L'amour.

    L'amitié.

    La confiance.

    La foi.

    La grâce.

    Les sacrements.

    L'intelligence.

    Le ciel.

    La terre.

    L'air (... jusqu'à nouvel ordre).

    La paix de l'âme.

    Le goût de vivre.

     

    Qu'est ce qu'il faut généralement payer et qui pourtant ne s'achète pas, parce que ça n'a pas de prix ?

    Le soin du médecin. 

    La parole de l'enseignant.

    L'écoute du thérapeute.

    Bach, Schubert, Ravel, Rembrandt, Vermeer, Shakespeare, Molière, Descartes, Kant ; Bergson, Saint Augustin, Thomas d'Aquin, la Bible... et tous les autres !

    Les rencontres.

    Les groupements, associations, œuvres communes.

     

    Qu'est-ce qu'on paie et qui s'achète mais qui, sans un peu ou beaucoup de ce qui ne s'achète pas, vire à l'inhumain ?

    La nourriture.

    Le logement.

    Le vêtement.

    Tous les objets, et spécialement les instruments de communication.

     

    Qu'est-ce qui s'achète avec de l'argent, sans états d'âme, parce que payer suffit ?

    Tout ce qui se prostitue.

    L'argent pur, c'est le pouvoir de dire à l'autre : fais ça, viens, donne ; c'est-à-dire le pouvoir d'être enfin seul au monde, avec ses envies.

    Il est vrai que toute gratuité menace la croissance et crée du chômage.

    Logique de fous.

    Ah ! que notre pensée ait déjà le tranchant de la lame ! L'action suivra.

     

    Maurice Bellet 

    La traversée de l'en-bas


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  • Un merle

    était passé dans le petit jardin.

     

    Un écureuil roux

    avait filé près de l'homme assis

    à la table de travail.

     

    Un couple de moineaux était apparu.

    Des mésanges.

     

    C'était une fin d'automne,

    tout était paix et agrément.

     

    Serge Nunez Tolin

    L'exercice du silence


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  • petite poétesse

    il semble que plus tu écris de mots

    plus tu penses

    que c'est toi qui les écris

    pourquoi crois-tu contrôler les choses

    les mots ne sont-ils pas venus se répandre

    hors de toi la première fois

    se déverser sans ta permission

    et maintenant tu essaies de

    les mettre à ton service

    mais la magie n'opère pas comme ça

    ta précipitation

    étouffe les chefs-d'œuvre

    qui cuisent à l'intérieur de toi

    ton travail consiste à

    te rendre disponible à ce qui se passe

    sois patiente et quand ce sera l'heure

    l'univers te sollicitera à nouveau

     

     

    - l'inspiration

     

    Rupi Kaur

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  •  

    être ceux qui parlent le plus fort sur le terrain de jeu de la terre

    ne nous rend pas plus importants que

    la boue que nous écrasons sous nos pieds

    nous ne sommes rien excepté de l'air

    et du feu et de l'eau et de la terre

    nous sommes un peuple

    qui oublie de quoi il est fait

    un peuple qui parle du temps qu'il fait

    comme si c'était banal et non magique

    comme si les océans

    n'étaient pas de l'eau bénite

    comme si le ciel

    n'était pas une vision 

    comme si les animaux

    n'étaient pas nos frères et sœurs

    comme si la nature n'était pas dieu

    et la pluie les larmes de dieu

    et nous les enfants de dieu

    comme si dieu n'était pas la terre elle-même.

     

    Rupi Kaur

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