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Par durgalola le 27 Février 2023 à 10:36
Jazzy vous propose pour ce défi 278 d’inventer une histoire à partir de ce tableau
"Fuyant la critique" de Pere Borrel del Caso.
1874
Cela se passa une fin d'après midi d'été, au musée du Prado durant l'exposition consacrée aux œuvres de Pere Borrel del Caso et de ses enfants. Monique l'apprit par Joachim, alors gardien de musée.
Les visiteurs étaient partis, plus aucun bruit ne régnait dans la salle, le soleil pas encore à son crépuscule, dardait ses rayons d'or dans la pièce au plancher de bois. Une odeur d'encaustique, le volètement de quelques abeilles perdues dans cette salle tentant d'entrer dans un tableau de Cerdagne. Joachim avait choisi de rester pour admirer toutes les œuvres de cet artiste, de ses enfants aussi. N'était-il pas le père de 10 enfants dont plusieurs étaient devenus peintres ?
Il somnolait, le gardien, assis sur sa chaise, heureux d'être là. Il regardait avec curiosité cet enfant à l'expression si vivante, si vivante, mais, fait incroyable, l'enfant Juan bougeait, tournant la tête à droite, la tête à gauche, hésitant à traverser le cadre de bois doré. Il craignait de sortir de son connu pour un ailleurs imprévisible. A sa droite, des voies douces lui susurraient de ne pas avoir peur, ici, il serait un enfant choyé, jouant à des jeux extraordinaires, Nintendo, Switch, Mario. Les enfants étaient des rois, les corrections n'existaient plus, être enfermé dans sa chambre avec un bol de soupe abhorré ne serait pas possible. Des restaurants spéciaux, Mac Donald, Burger King ou autre Quick, lui offriraient des frites, des hamburgers, un cadeau. Les voix susurraient, devenant brume irisée.
Il semblait hésiter, et tournait sa tête vers Joachim, dans son costume noir, un homme ressemblant à Yannick Noah, même dent du bonheur, même sourire, même sympathie. Il n'avait pas de petites ailes. Le soleil le pailletait, l'ennuageait, et l'enfant le prit pour un ange. Joachim ne pouvait qu'acquiescer. Aujourd'hui les enfants restaient enfants longtemps. Plus d'apprentissage très jeune, plus d'enfants dans les mines. Plus d'enfants mendiants, enfin presque plus. Oui, des jeux, des tableaux vivants comme ce peintre aurait rêvé. Des images sur d'immenses écrans, le cinéma, les parcs d'attractions, mais toujours des guerres, toujours des malheurs, toujours des parents en proie à des soucis, de tous jeunes enfants de migrants, se noyant.
Joachim voyait un rêve se réaliser, celui du peintre, la liberté d'être dans ses tableaux . Il songeait à ce que l'enfant risquait de faire, de rencontrer, les bruits, les immeubles, les voitures, les odeurs fétides des villes. Et certainement plus ses parents, sa maison d'ocre dans les collines.
De l'autre côté, du tableau des "deux enfants" assez proche, un rire, une invitation à venir. Une enfant blonde, coquine, et son jeune frère l'appelèrent. " Juan, Viens, la voie est libre. Viens que nous allions courir dans les champs".
"Estrellita, Paquito, j'arrive !". En quelques secondes, il atterrit sur le sol, courut deux enjambées et sauta dans la toile, accueilli en frère, en ami.
Le gardien, médusé, entendit des rires d'enfants, dans le lointain, l'angélus, une odeur de fleurs et d'herbes mêlées.
Et le silence reprit sa place.
Pere Borrel del Caso
deux enfants
1880
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Par durgalola le 23 Février 2023 à 08:00
(Eric Fleury)
Le thème de la peur en poésie
Sentir son ventre se tendre
au réveil matinal du jeudi.
Des yeux qui ne s'ouvrent pas,
Des jambes paralysées, lourdes.
Les secondes s'égrènent
pesantes, angoissantes.
Se lever, se déplier,
avec juste ce besoin
d'être avant,
avant l'appel, la supplique
"Jeudi à 15 h devant l'étoile"
qui déquille ma vie urbaine.
Je blêmis, submergée par la trouille.
La porte hurle de m'y rendre.
Agab (02/23)
18 commentaires -
Par durgalola le 2 Février 2023 à 08:00
Jeudi poésie du 02 février
La bouteille à la mer inversée
Déclarez votre désir de vivre sur une île déserte en déclamant un poème à un naufragé inconnula bouteille
La bouteille ouverte,
la fille de l'île déserte
se gratte la tête.
Dedans une lettre en Français,
Allemand, Anglais, grosses
lettres bleues, signée Andrée.
Une de plus, sa collection s'agrandit et tapisse
sa cabane. Caractères chinois,
suédois, malgaches, cyrilliques.
Comment les hommes ne l'ont-ils
pas découverte ?
Alors qu'ils connaissent tout
de la Lune.
Elle ne saurait accueillir
personne sauf chien, oiseau
et poisson. Sa tête brûlée dans les nuages.
Agab (01/23)
15 commentaires -
Par durgalola le 30 Janvier 2023 à 08:00
Les Cabardouche prennent la barre de la coquille pour cette quinzaine et vous proposent pour le
Défi n° 276 du lundi 30 janvier
Les niveaux de langue.
Faites dialoguer des personnages qui n'ont pas le même niveau de langue, exemple :- niveau de langue courant : Je n'ai pas lu ce livre.
- niveau de langue familier Ce bouquin, je l'ai pas lu, moi.
- niveau de langue soutenu Je n'ai point lu cet ouvrage.
Ah la vache !
Ah la vache !
distille la fillette à sa mamie.
Dans sa bouche ronde l'interjection surprend.
La première fois, elle la prononce comme
on suce un bonbon.
Ah la vache !
La répétition se fait une, se fait deux
éclot machinalement tel un
point en fin de phrase.
Ah la vache !
argue-t-elle pour une femme obèse,
pour une vache dans un pré émeraude.
Ah la vache ! et dans le cru hivernal
se dessine la tête d'un vieux paysan, mégot
à la bouche, jurant avec ses potes d'antan.
La fillette aux trois A a retrouvé son home.
Dans l'air dansent ces mots ordinaires.
Oh la vache ! compatit l'amie bourguignonne
en apprenant la disparition de souvenirs
heures, minutes chez ma belle maman bien-aimée.
15 commentaires -
Par durgalola le 26 Janvier 2023 à 08:00
Premier vers
Ouvrez un recueil de poésie, choisissez un poème qui résonne en vous, transcrivez-en le premier verset continuez le poème à votre façon en vous laissant la liberté d’écrire un texte bref ou plus long.
dans le recueil de poésie
Une heure de jour en moins
de Jim Harrison
Eau
Avant ma naissance j'étais de l'eau.
Je m'en souviens encore,
quand le torrent repu file, file, entre mes jambes.
Je m'en souviens encore davantage
lorsque sous l'eau, respiration retenue,
me frôlent les menus poissons, truites.
me laisse entrer en elle, sirène joyeuse.
L'eau, l'eau, l'eau.
Je plonge, temps de silence,
Sentir qu'elle s'écarte, me caresse,
l'eau, l'eau, l'eau.
J'étais l'eau.
Agab (01/23)
le poème original
Eau
Avant ma naissance j'étais de l'eau.
J'y pensais, assis sur une chaise
bleue entouré de roses trémières
roses, rouges et blanches dans le jardin
devant mon studio vert. Il y a des conclusions à
en tirer, mais j'en suis désormais incapable.
Né homme, enfant d'humain, homme chantant
homme dansant, amant, vieillard,
mourant. C'est une rivière circulaire
et nous sommes ses poissons devenus eau.
Jim HARRISSON
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