• Défi 196

     

    Défi 196 des croqueurs de mots 

    Ohé Matelôts !!!

     A la barre pour cette quinzaine, notre amie Colette qui nous propose

    deux môts en toute simplicité … Nuit et Jour


     

     

    Pour l'inconnu témoin de sa nuit après les années de jour

    pour Céline qui aussi ne voit plus

     

    Il y eut un jour

     

    Merveille de l'arc-en-ciel

    Acuité des regards échangés

    Chatoiement des paysages

    Bleus multiples des océans

    Humilité des fleurettes tapies

     

     

    Il y eut ma nuit

     

     

    Et la douceur des voix

    Et la caresse du soleil

    Et le velours de l'obscur

     

     

    Je caressai le chat roux

    Sa beauté me traversa.

     

     

     

     

     

     

     


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    Matelôt Josette à la vigie pour le  Défi 195 à l’horizon

    Elle nous présente Edmond ! A partir de ce tableau (vu dans une brocante) racontez une histoire courte avec les mots incorporés : « Ciel, chaussure, coq, couronne et crapaud. »

    Elle nous attend pour le lundi 20 novembre

     

     

     

    Il me regarde, me demandant de l'aider un peu, rien qu'un peu.

    « Ils ne me comprennent pas » yeux perçants, d'un bleu polaire, moue renfermée.

    Ses parents, braves gens, l'implorent de leur parler, de leur confier, ce qui lui fait si mal.

    Edmond revient de l'école mutuelle, il termine en étant le premier . Il voudrait tant aller au lycée Saint-Vincent, y apprendre encore, lire François-René de Chateaubriand, réciter André Chénier, apprendre, passer ses soirs sur les devoirs.

    « Ils ne comprendront pas » « sauvez-moi » «je ferai tout ce que vous voudrez ! J'irai chercher le bois, je recopierai vos écrits avec ma belle écriture ».

    Les parents, sont inquiets, leur enfant, à qui ils proposent de faire un apprentissage chez un menuisier ébéniste, plus qu'un simple apprentissage, un tour de France complet, leur fils, leur Edmond, leur seul garçon. Emilie est à Lyon, dans une famille bourgeoise, chambrière de Madame.

    Edmond se renferme, il oublie, tout, la maison chaude qu'il aimait tant, les chants de sa mère, les objets en bois sculptés par son père ; le chien Barbiche, les vaches, les champs de blés, les courses à travers bois et vallons. Edmond me supplie encore davantage.

    Et moi, Amantine Dupin, qui lui ai ouvert la porte aux secrets des mots, à leur ineffable saveur, à leur goût de liberté, vais-je le laisser devenir ébéniste ? Lui dont les mains fines ne sont guère destinés à créer la beauté dans le bois.

    Edmond se fait encore plus silencieux, son regard plus acéré et ses parents se recroquevillent. Ils pourraient ordonner, tempéter. Ils pourraient frapper bien à l'abri chez eux. Non, ils sont simplement malheureux et tristes. Pour eux, le sacrifice était déjà grand de le laisser aller sur les routes des compagnons.

    Je sais que je vais changer une vie, il ne sera pas de ce monde bourgeois, il ne sera plus du monde paysan. Il chantera les alexandrins, il apprendra le latin et conjuguera nominatif, datif etc.

    Et dans un silence pesant, je mesure mes mots : « M et Mme Bonlevain, Edmond a réussi si facilement son certificat d'études que je vous offre de lui payer ses études au Lycée Saint-Vincent. Il reviendra durant les vacances chez vous. En échange, cher Edmond, je vous demande de m'aider à ranger mes documents et à lire des livres à Maurice et Solange. »

    Edmond se déplie tel un pantin, une marionnette et me saute au cou «Vous me sauvez, je vous remercie Madame et vous serai à jamais dévoué ! »

    Ses parents, immobiles, des statues, savent que la séparation est inévitable ! Leur enfant, enjoué, empressé va entrer dans un nouveau monde d'où ils se sentent bien loin. Pourtant, résignés, non pas amers, ils bougent enfin. Une larme coule des yeux de la mère, bien vite essuyée. Edmond ne boudera plus jamais, n'appellera plus au secours. Il apprendra, survivra aux moqueries des élèves mieux nés, arpentera les ministères, visitera Venise et reviendra toujours chez ses parents et Madame Amantine Dupin.

     

     

     

    Si tu sais méditer, observer et connaître

    Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;

    Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître, 
    Penser sans n'être qu'un penseur; 

     

    Si tu peux être dur sans jamais être en rage, 
    Si tu peux être brave et jamais imprudent, 
    Si tu sais être bon, si tu sais être sage 
    Sans être moral ni pédant ; 

    ..

    Tu seras un homme, mon fils.



    Georges SAND

     

    adieu, ciel, chaussure, coq, couronne et crapaud, adieu mots obligés, je vous rendrai grâce un autre jour. 


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    Lénaïg capitaine du défi n°194 demande pour le lundi 6 novembre de nous inspirer de cette étonnante photo de sa coloc Eliane.

    A nous d’apporter à la photo une belle légende, en prose ou en vers avec pour seule contrainte de jouer sur les homonymes cygne et signe. Inclure dans notre page l’une des trois citations que voici, extraites du Dicocitations du Monde.

    Les difficultés commencent : c’est le signe de la réussite. Le Schpountz (1938) Marcel Pagnol

    A quoi bon avoir un ami, s’il faut lui faire signe pour qu’il regarde, et tout lui dire pour qu’il comprenne ?

    La Lumière qui s’éteint (1900) Rudyard Kipling

    La mémoire est faite de tiroirs pratiques qui s’ouvrent ou se ferment pour simplifier notre vie.C’est un signe de médiocrité de vouloir se souvenir de tout. René-Jean Clot Les Larmes de Lucifer (1989)

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    Ils ont vu Tokyo et ses quartiers lumineux, où la nuit tout clignote, les jeunes gens habillés en personnage de mangas, les temples dans les parcs verts et ombragés, mangé chez Mac Do. Léda et Peter ont pris le train. Et maintenant abordent une région moins habitée. Ils se rendent au temple Suwa-Taisha du 12ème siècle.

    Un arbre séculaire, le soir, lorsque la nuit s'installe, rabat ses branches et se met à ronfler. 

    Et là, ils se trouvent devant le lac ; s'y trouvent amarrés des bateaux en forme de cygne. Peter pousse Leda de son coude et rit franchement : "un vrai bateau pour le monde de Disney". 

    Leda rit aux éclats "un signe, ce cygne !" et elle prend la main de Peter et enferme dans sa main, un petit objet. En l'ouvrant, il regarde sa si douce Leda ... "un bébé, lui souffle-t-elle, un bébé , mon chéri !".

    Alors 25 ans plus tard, lorsque Kasumi (belle harmonie) souhaitera annoncer à son compagnon, sa proche maternité, elle demandera à sa mère le cygne-signe.

    La mémoire est faite de tiroirs pratiques qui s’ouvrent ou se ferment pour simplifier notre vie.C’est un signe de médiocrité de vouloir se souvenir de tout. René-Jean Clot Les Larmes de Lucifer (1989)

     


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    Martine (Quai des Rimes)  propose pour les jeudis en poésie des 19 et 26 octobre 2017 :

    Le corps humain (dans son intégralité ou en partie).

    Si le thème ne vous inspire pas : quartier libre

     

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    Yeux verts, jaunes aussi

    bien en place

    dans sa tête féline.

    Elle me regarde.

    Yeux verts, gris aussi

    Enfoncés

    Bien aidés par les lunettes.

    Je la regarde.

     

    Qui regarde l'autre ?

    Je dirai nous nous entre-regardons

    Fixité de sa pose

    de la mienne

    un rien, une lassitude, une hésitation

    pourrait lâcher ce regard tricoté.

     

    Nos yeux mélangés

    ouvrent la porte de nos âmes.

    Un silence s'ouate

    paix, bruits dénoués

    un silence, soir paisible

    …..

    D'un bond, énergique,

    précis,

    elle enjambe la distance

    et me rejoint.

    …..

    L'une contre l'autre.

    Amour partagé.

     


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  • défi du lundi 193

    Ohé Matelots, pour le défi 193

     Martine (Quai des Rimes) nous propose avec plaisir d'écrire en prose, ou en vers, un texte ayant pour titre : 

    «Ça me fait une belle jambe »

    au sens propre ou celui de l’expression dont l’origine est surprenante.

    ____

     

    Ça me fait une belle jambe

     

    Un matin, en me rendant à l'école, sac au dos, dans le ciel, où naviguaient des nuages-poèmes, des haïkus effilés, je vis une bande, fort large, d'oiseaux migrateurs regagnant le Sud.

    Ils volaient fièrement, densément, rapidement.

     

    Vous connaissez cette sensation, à la vue d'un spectacle naturel : une libellule, un papillon, un enfant souriant à sa mère. Alors, votre cœur vibre à l'unisson du monde.

     

    Cela m'impressionna toute la journée.

    Et le soir, j'embrassais mon père qui rentrait de son travail (il se démenait à faire fonctionner un programme informatique regroupant ceux de deux entreprises qui venaient de fusionner. Il appelait cela la  « mutualisation »).

     

    Papa, les oiseaux descendent vers le Sud !

    Ca me fait une belle jambe ! me répondit-il.

     

    Seulement, nous étions en juin ;

    le lendemain, il pleuvait ;

    le surlendemain, maman remettait le chauffage en route.

    Nos chats reprirent leurs fourrures hivernales.

    A la télé, ils promettaient un retour de l'anti-cyclone, ils promettaient.

    « Ca me fait une belle jambe !» m'avait asséné papa. Bientôt, il pestait car il avait froid. Il se mit à porter des caleçons longs.

     

    L'hiver s'incrusta, persista bien longtemps mais les hirondelles, vous le savez bien, font toujours le printemps !

     


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