•  thème "Revenir, retour"

     

     

    A l'heure où tourne le manège,

    avion se haussant, baissant,

    sans un regard pour le pompon,

    l'homme de la sidérurgie,

    se souvient. Les temps effrénés

    à courir les aciéries.

    Et pleure. Les enfants oubliés

    dans les jupes de la mère.

     

    Agab (06/23)


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  • thème :  entrée dans le mois de l'été, un poème

    ou une chanson évoquant le pouvoir sous toute ses formes

     

    La condamnation numéro 1

     

    La première chose qu'ils ont faite

    a été de nous condamner au silence.

    Ils ont fait taire nos radios avec le sang

    des animateurs.

    Regardez leurs fantômes d'ondes courtes.

    Ils ont muselé nos journaux avec le sang

    des journalistes.

    Regardez leurs fantômes et leurs larmes de linotype.

    Ils  nous ont retiré le chant avec le sang

    de Victor Jara.

    Regardez le fantôme de ses mains.

    Nous vaincrons.

    Ils nous ont pris le printemps avec le sang 

    noyé dans la solitude de Neruda.

    Regardez son fantôme. Une colline parle pour lui.

    Même si tu n'y crois pas, nous vaincrons.

    Ils nous ont mis du fil barbelé sur la langue

    et caché un mouchard entre les dents.

    Vous qui écoutez ma voix depuis le papier :

    criez, criez, criez pour le Chili dans tous les langues !

    Ne laissez pas ma patrie dans le silence !

     

    Luis Sépùlveda

    la graine ardente

     

     


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  • défi 283 avec Papiluc

     

     pour le défi 283,

     Papiluc nous propose pour lundi 29 mai, un texte libre évoquant le cinéma, pourquoi pas ?

    nous sortirons tout juste du Festival de Cannes, avec des calembours bêtes en hommage à Boby Lapointe.

     

     

    Fantaisie (Boby Lapointe) 

    Ce Samedi soir ell' revenait de son usine
    Les bras chargés de billets bleus bien mérités
    Sous les regards concupiscents de ses copines
    Le cœur joyeux vers son foyer
    Ell' se hâtait
    En la voyant sa maman fut bien satisfaite
    Elle lui dit, prenant son air des jours de fête
    Mets un chapeau, lav' toi les mains, faisons toilette
    Ce soir ma fille, nous allons bien nous amuser !

    J'ai fantaisie de mett' dans notre vie
    Un p'tit grain de fantaisie ! Youpi, Youpi'
    Allons au cinéma du quartier
    Ça s'rait folie d'faire les frais d'une entrée
    Mais nous verrons la sortie... Youpi, Youpi !

     

    Youpi, youpi au festival de Cannes, un certain Chameroy s'amuse à trouver les géants ou pas du cinéma dans la foule des badauds. Des palmes il en a mis pour plonger dans l'eau avec Babeth. Et demain, ou après, s'il réalisait un film sur la bonne heure de vivre. Taquinant l'un, ou taquinant l'autre, Patrick Cohen ou l'un des invités. Et les journalistes à courir de film en film, étrange salmigondis de situations dramatiques, hermétiques, comiques, puis s'enfermer pour écrire l'article qui retiendra l'attention, l'article élogieux, pompeux, terreux. 

    Au soleil de Provence, youpi, youpi, certains s'amusent, d'autres s'endorment dans les salles obscures.

    Puis après dans un cinéma du quartier, il en reste quelques rares, les autres rachetés par les grands jojos rêvant de milliards d'entrées et de vente de popcorn. La belle Suzie avec Marion, sa mère, auront choisi un film avec Fernandel, le petit monde de Camillo.

    Youpi, youpi, tant pis si les sièges sont en bois, tant pis si l'écran n'est pas géant, tant pis, si un seul film est à l'affiche, youpi, youpi, si elles ne font pas  les frais d'une entrée. Ici, maintenant, certains feront comme elles et regarderont un film sur Arte, les deux Alfred avec Denis Podalydès  et Sandrine  Kiberlain, une comédie burlesque, jubilatoire et poétique qui n'obtint pas de prix au festival de Cannes en 2020.

     

     

    Sandrine KIBERLAIN (2005) 

     

     

     


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  • thème : un poème ou un chanson évoquant le savoir

     

    A savoir

     

    La petite troupe sillonne

    le jardin habité de fruitiers.

    Savoir s'il s'agit d'un poirier,

    petite forme oblongue qui hier était fleur.

    Le père du propriétaire au cœur doux,

    dit pommier, la mère photographie.

    L'iphone affiche pomme sauvage.

    Savoir, apprendre, découvrir.

    Parcourir ce bout de monde soixantenaire

    longé par une autoroute criarde.

    Aubépines, groseilles, boules de neige.

    Ensemble, les quatre dégustent

    une quiétude nourrissante.

    Savoir que l'on s'aimera

    Même si pas loin, des peines palpitent.

     

    Agab (05/23)


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  • thème : poème de mai

     

    Foisonnement

     

    Ouettes presqu'adolescentes

    barbotent dans l'eau.

    Battements d'ailes du cygne

    chassant l'oie bernache.

    Jeune fille qui court,

    étudiants, sandwich à la main.

    Les soleils jaunes s'étirent,

    grâce des pâquerettes.

    Criaillements des bébés corneilles.

    Faim ! faim ! Douceur bienaimée.

    Clapotement du ru, coassements.

    Les golfeurs promènent leurs chariots. 

    Se réjouir des premiers jours de mai.

     

    Agab (05/23)

     


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