• Epauler (Remise de peines - Anne Bragance)

    Épauler est un verbe que je n'ai pas l'habitude d'employer mais depuis que mon amie l'a prononcé, je l'examine sous toutes les coutures, je le presse comme un citron pour en exprimer tout le sens. C'est un verbe généreux qui suggère des liens et ouvre de belles perspectives ; il me plaît de plus en plus. J'aimerais connaître sa traduction dans toutes les langues. En espagnol on dit echar una mano, qui signifie aider, littéralement : donner la main. Il faudra que je demande à Mathilde de me le traduire en italien et en croate.

    Le mot épaule est lui aussi très évocateur et plein de résonances. Il suscite quantité d'images et de visions réconfortantes : on pose sa tête sur l'épaule d'une personne aimée, on peut s'appuyer contre une épaule. Dans la langue de Cervantès que j'utilise en classe comme tu sais déjà, épaule se dit hombro que l'étymologie rapporte à hombre, le substantif qui signifie homme. Je trouve la relation entre ces deux termes très édifiante.

    J'en ai une belle illustration dans une histoire que Mathilde m'a racontée il y a longtemps. Un jour, alors qu'elle devait avoir quatre ou cinq ans, grand-père Jules l'a emmenée à Paris pour assiter au défilé du 14 juillet. Sa soeur et mémé Colette n'étaient pas du voyage, elles avaient refusé de les accompagner. Après deux heures de train et un trajet en métro, lorsqu'ils sont arrivés sur les Champs-Elysées, grand-père a joué des coudes pour fendre la foule qui se pressait le long de l'avenue. Là, comme il n'avait pas réussi à atteindre la première ligne au bord du trottoir, il a attrapé Mathilde et l'a juchée sur ses épaules. Ainsi placée sur les hombros d'un hombre, elle n'a rien manqué du spectacle. A en croire ma mère, c'est le meilleur souvenir qu'elle garde de son enfance. 

    En anglais, épaule se dit shoulder. Mathilde possède quelques vieux disques qui datent des années cinquante, je les ai écoutés il y a quelques années quand je commençais l'apprentissage de l'anglais. Parmi eux, une chanson ringarde d'un crooner à la guimauve, Paul Anka, qui s'intitule : Put your head on my Shoulder. Non, tu ne connais pas, ça ne te dit rien ? Dommage.

     

    Anne BRAGANCE

    Remise de peines

     


  • Commentaires

    1
    Jeudi 15 Octobre 2015 à 20:28

    C'est un bel exercice que d'attraper un mot et de le décliner comme un bonbon fondant :-) Bisous

    2
    Jeudi 15 Octobre 2015 à 21:12

    Paul Anka, bien sûr que je me souviens...
    Bel exercice sur un mot, merci pour ce texte partagé.
    Bisous et bonne soirée Andrée

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    3
    Jeudi 15 Octobre 2015 à 21:33

    J'aime beaucoup... et pourtant, dans ce mot "épauler", je vois aussi, malgré moi, celui qui tient une arme et qui va tirer.

    4
    Jeudi 15 Octobre 2015 à 21:55

    Les épaules sont un symbole puissant de la Force ; on dit aussi "avoir les épaules solides" , "tout porter sur ses épaules"... Mais porter un enfant sur les épaules, c'est toujours très sympa et très gai... Je ne connais pas cette chanson, et ton lecteur ne fonctionne pas (dur dur l'informatique !)...

    5
    Vendredi 16 Octobre 2015 à 08:02

    Je vais rester sur la lecture du commentaire de Aloysia !

    Bises et bon week end!

    6
    Vendredi 16 Octobre 2015 à 21:02

    Coucou, Durgalola. Tu ne réponds pas sur ton blog et peut-être as-tu raison, car on n'est sans doute pas prévenu des réponses obtenues! Pour cela Over-blog était le champion de l'avertissement - autrefois ; maintenant hélas il te rappelle pour tout sauf pour une réponse. De même que OB mettait le lien direct vers l'article sur ses newsletters, alors qu'eklablog ne met de lien qu'avec le blog concerné ce qui est faible. Mais bon : quand on voit où en est arrivé maintenant OB c'est une véritable calamité !!
    Donc je venais te parler du lecteur de musique. Il me semble qu'eklablog n'héberge pas les fichiers audio ; en tous cas j'ai pris l'habitude de les héberger sur le site "archive-host", qui est gratuit pour un espace disque pas trop important ; et là, tu peux choisir un lecteur et ensuite exporter l'ensemble (un code complet comme pour exporter une vidéo de youtube par exemple)  ; bien sûr cela ne doit pas entrer dans la commande "url du fichier" alors il est possible que la dernière fois j'aie ouvert le "code source" (de vieilles habitudes contractées chez OB) : c'est un signe comme ceci < > qui est le 2e en haut en partant de la droite dans l'éditeur "normal" ou "expert" et j'ai collé mon code là à l'emplacement désiré (leur code source est assez clair, avec des couleurs).

    Bisous.

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