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Encore vivant de Pierre Souchon
- Hue, Coquet !
Mon oncle travaillait avec son cheval du matin au soir.
- Quand est-ce que tu es passé au tracteur ?
- En 1970, mon premier. Mais la mécanisation, c'était un piège. Je pensais que j'irais plus vite, que j'aurais du temps... En fait j'étais rentré dans ce truc infernal de l'industrialisation. Il fallait toujours produire davantage, acheter des terres... C'était délirant. Tout le long de ma vie de paysan, je croyais avancer, et j'étais doublé par l'évolution. Il fallait avoir le diable au corps pour rester ici. Tous mes copains se tiraient en ville ! ça faisaient des gendarmes, des mécanos, des maçons, des cheminots... Pour ne pas se flinguer, il fallait être solide. Et les jeunes qui revenaient au pays nous snobaient parce qu'on chiait avec le cheval, qu'on n'avait pas de salle de bains... Du coup je bossais encore plus, pour financer la modernisation de la maison... Je sortais pas de la spirale.
Il avait construit des gîtes ruraux, bientôt, parce que le pays, son agriculture et son industrie moribondes basculaient dans le tourisme, "les gorges de l'Ardèche et toutes ces conneries..."
Mon oncle pose son béret.
Attends... Là. dix... Ici, ils étaient bien... Je vais te dire... Vingt-cinq.. Et ceux de Elze... Les trois frères des coteaux... Et sur le bord du Chassezac... La famille... Comment ils s'appelaient...
- Oui, juste après-guerre, tu vois, il y avait 80 fermes sur la commune.
- Combien il en reste ?
- Trois. On est trois. Et tu as vu mes cheveux blancs....
Pierre SOUCHON
Encore vivant
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Commentaires
Quand j'ai vu le titre, je pensais que tu allais parler de son homonyme (Fils d'Alain) et au final, je découvre cet auteur.
Ton extrait choisi ne me parles pas spécialement sur l'ensemble de l'ouvrage, mais montre bien comme la vie rurale a bien changé.
Bises et bonne soirée Andrée..je découvre cet auteur et je sens que je vais aimer son livre...
Bises du jour,
Mireille du Sablon
C'est pas beau le progrès !! On passe beaucoup de temps à essayer de gagner sa vie alors qu'une seconde suffit pour la perdre !!
J'aimais passer du temps dans la ferme de mon Pépé qui prenait soin de ses bêtes, les brosser, les traire… Il les aimait, mais maintenant tout à bien changé, rien n'est plus comme avant, et c'est bien triste.
Belle semaine Durgalola, je t'embrasse.
Ton extrait donne envie d'en savoir plus. La vie des paysans a bien changé en un siècle. Bonne soirée et bisous
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Très bel extrait de texte du livre de Pierre Souchon. J'ai adoré ce livre Jeanne, qui nous fait rentrer dans le monde des milieux psychiatriques. Un très beau livre à lire dans tous les cas.
Bises et bon dimanche