• Défi n° 139 des croqueurs de mots

     

    Avis à tous les croqueurs...Pom,pom,pom,pom...Les Croqueurs parlent aux Croqueurs...

    Défi n°139 Résistance

     

    Pour le Lundi 23 Février

    Vous vous souvenez des paroles de la chanson "Résiste" de France Gall

    "Résiste! Prouve que tu existes, cherche ton bonheur partout, va, refuse ce monde égoïste! Résiste! Suis ton coeur qui insiste, ce monde n'est pas le tien, viens, bats-toi, signe et persiste. Résiste!" 

     


     

    Résistance

     

    Ses talons hauts et étonnament fins, tapaient, tap, tap, tip, tap sur le macadam parisien. Sa joie se faisait musique. La jeune femme brillait par son élégance, escarpins, tailleur ébène, cheveux d'un blond mirabelle. 

    Après ses études de commerce, elle avait rejoint un poste de commerciale junior chez Lesueur, le grand fournisseur d'épices de la région Est. Les journées étaient longues et elle commençait matitunalement, à l'heure des boulangers, pour garnir les rayons avec ses pots de cannelle, poivre blanc ou fleur de sel.  Puis un jour, dans un grand Lechan, la photographe phare de Bellesphotos et compagnie remarqua ses belles, interminables jambes. Aussitôt, la professionnelle lui proposa de poser pour Voilfin, la marque réputée de collants et bas. 2 ans déjà et elle appréciait de voguer au milieu des "chiffons" et des colifichets.

    Elle venait aujourd'hui de porter des fourrures s'accordant si bien à sa peau, douces comme les mains de son amant (pour les copines, en réalité son futur mari).

    La vie était favorable. 

    Ereintée par ses heures de shooting, Mona prit un bain chaud parfumé aux pétales de rose, un bol de thé lupsang souchong et s'endormit.  Seulement, là, les cauchemars commencèrent. La jeune femme se voyait poser dans une pelisse ; soudain, impressionnants, les renards qui composaient la fourrure, se réveillaient, se contorsionnaient, glapissaient, hurlaient. Ils criaient leur innocence, leurs morts infâmes (l'électrocution anale). Mona se réveilla, hagarde, effarée, pleura et se rendormit avec difficulté.

    Le lendemain, elle enfilait pour Mesbopulls, un gilet en angora lavande... elle sourit, virevolta, prit les poses favorables et le soir retourna chez elle, éreintée ... Après le coucher des lunes blanches, Mona entendit vite des cris perçants, des cris de douleur intense, mettre en miette son sommeil. Les lapins décrivaient les éplucheurs de duvet, ils tiraient leurs poils, fort, vite , à vif et quand les poils avaient repoussé, la torture recommençait.

    Quelques jours plus tard, la nuit après avoir posé pour Ben et Tony dans des tricots pure laine, les moutons se mirent à semer la pagaille dans son sommeil. Eux, ils vivaient dans de grandes fermes australiennes où les ouvriers pressés par le temps, les tourmentaient puis un jour, quelques mois ou quelques années plus tard, les ovins étaient envoyés dans le Moyen Orient pour les sacrifices rituels.

    Le charmant  mannequin très rapidement avait compris leur message. Tant qu'elle poursuivrait sa carrière de cette façon, les renards, les moutons, les lapins, les chinchillas ...se manifesteraient aussi violemment.

    Elle essaya de résister, un jour, puis un autre et encore un autre.

    Les photos étaient bien payées et Mona était enchantée d'évoluer dans ce monde luxueux.  Ses nuits furent tourmentées, elle en sortait écoeurée, désolée puis en colère. 

    Elle résista à en perdre sa grâce joyeuse.

    Simplement, en elle, ce souvenir qui remontait précis : à dix ans, elle souhaitait devenir vétérinaire ; hélas, ses résultats minables en mathématiques et en physique l'empêchèrent de poursuivre cette voix. Alors,  ne résistant plus, Mona écrivit à Brigitte Bardot, lui décrivant les souffrances du chien viverrin (élevé pour  sa fourrure, plutôt entassé dans des cages). Elle écrivit à Nicolas Hulot, Franz-Olivier Giesbert, Pierre Rahbi et même Jean-Marie Pelt et aussi Sylvain Tesson.

    Tous lui répondirent, tous vinrent la voir ; et elle répondit à l'appel au secours des animaux .

    Aujourd'hui, après sa campagne fulgurante, où elle posa, vêtue de lin, avec les mignons viverrins, les doux moutons, et le renard flamboyant, la loi  changea un peu, toujours pas assez, exigeant de meilleures conditions de vie pour les animaux élevés pour la fourrure et même, Mona se rendit en Chine où elle rencontra des soutiens.

    Aujourd'hui, elle résiste aux tentations qui lui sont proposées, être l'égérie de grands parfums si elle abandonne son combat.

    Demain, elle rencontre John Patrick Gaulier et ses amis couturiers. Ils ont l'idée de lancer un vêtement chaud, à défaut d'être beau, très original et à un prix élevé (ah oui, car pour les grandes acheteuses,  le prix est nécessairement élevé), et avec la marque bien visible des plus grands couturiers du monde. La moitié des bénéfices sera versée pour la protection des animaux.

    Et l'an prochain ....

     

    note :

    informations sur le commerce de la fourrure dans la Voix des Bêtes - nov/déc 2014.

     

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 23 Février 2015 à 08:26

    Bonjour,


    Tout ce qui peut être fait pour le respect les animaux est bienvenus.

    2
    Janine
    Lundi 23 Février 2015 à 08:39

    Du même avis que Pierre!

    bonne journée, bisous

    3
    gazou
    Lundi 23 Février 2015 à 08:56

    en voilà une qui a trouvé sa vocation et qui a su y répondre!

    4
    Lundi 23 Février 2015 à 11:56

    Merci pour ta participation qui évoque un beau et noble combat ainsi qu'une femme très courageuse.

    5
    Lundi 23 Février 2015 à 14:48

    Finalement, un beau plaidoyer pour le respect dû aux animaux.

    Bravo !

    Passe une douce journée. Bises.

    6
    Lundi 23 Février 2015 à 15:44

    Il n'est pas toujours facile de résister, et pourtant, cela aide vraiment à être en accord avec sa conscience et c'est déjà beaucoup.
    Mais parfois quelle galère d'éplucher les étiquettes en tous genres pour connaître les compositions, mais oui, résister, encore, toujours....
    Merci pour ce texte Andrée.
    Bises et bonne journée

    7
    Lundi 23 Février 2015 à 16:52

    Une  belle histoire !

    8
    Lundi 23 Février 2015 à 20:54

    Je suis de ton avis

    A bientôt

    9
    Lundi 23 Février 2015 à 21:17

    On élève et tue assez d'animaux pour la boucherie, l'élevage pour les peaux je suis contre.... les mannequins qui n'acceptent pas ce genre de vêtements sont courageux, car en effet ça leur rapporte aussi... merci, jill

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    10
    Mardi 24 Février 2015 à 06:52

    J'aime beaucoup ton écriture, je t'ai lu avec beaucoup de plaisir. Au delà de la forme, c'est un très beau plaidoyer pour le respect des animaux. Je frémis dans la rue dès que je vois des femmes avec des manteaux de fourrure.  Merci et belle journée

    11
    Mardi 24 Février 2015 à 10:13
    Josette

    devenue végan  ?

    12
    Mardi 24 Février 2015 à 16:56

    Ah.....  MERCI de tout coeur pour ce beau pladoyer très touchant pour la cause animal.... Remarquablement bien écrit !

    J'aime bcp...

    Bises retournées

    13
    Mardi 24 Février 2015 à 19:00

    Bonsoir,


    Je suis ravie de cette belle initiative en faveur des animaux,


    Bravo pour ce texte touchant qui m'a ému.


    Je défends la cause des animaux, je suis contre les fourrures !


    De plus ça fait très mémé. Je trouve cela vulgaire.


    Il y a d'autres matières qui tiennent chaud !


    Bonne soirée, bisous.

    14
    Mercredi 25 Février 2015 à 10:41

    A faire lire et réfléchir...! joli texte!

    15
    Mercredi 25 Février 2015 à 21:14

    Il n'y a pas de newsletter sur mon blog.

    16
    Samedi 28 Février 2015 à 12:25

    Je me demande quel sort réserve le monde dans le futur, respecter les animaux et considérer nos modes actuels comme des actes barbares ou généraliser à tous les humains dominés le même traitement ...

    17
    Samedi 28 Février 2015 à 19:12

    Coucou

    Je lis La Voix des Bêtes et je suis particulièrement sensible à la cause animale alors j'apprécie beaucoup ton texte.

    Merci de ton passage chez moi.

    Bises du samedi

    Béa kimcat

    18
    Dimanche 1er Mars 2015 à 11:13

    coucou Durgalola. J'en profite pour signaler que pour le défi 140, je prends la barre avec une image et le feu vert de dômi contactée vendredi après-midi. rendez-vous sur mon blog Fadosi continue lundi matin (http://fadosicontinue.blogspot.fr/)

    bises et belle fin de semaine

    19
    Dimanche 1er Mars 2015 à 18:20

    Il faut dire  que résister cette société de consommation est bien difficile, et pourtant quand on y réfléchit , la seule fonction d'un manteau est de tenir chaud, il y a tant de bons matériaux synthétiques. Une belle  histoire, captivante!

    20
    Jeudi 23 Novembre 2017 à 20:16

    Bonsoir Andrée. Ton texte est touchant. Je n'ai jamais apprécié la fourrure. Elle est tellement mieux sur le dos des animaux ! Bonne soirée et bisous

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