• défi 234 avec les croqueurs de mots

    défi 234 avec les croqueurs de mots

    Avec les Croqueurs de mots 

     défi 234 du lundi 30 mars

    Avec le coronavirus, nous sommes contraints à limiter nos déplacements.

    J'en connais qui devaient découvrir Milan, d'autres New York et d'autres peut être Vesoul,

    alors je vous propose d'écrire une courte histoire (30 lignes maxi) sur une ville, une région, une montagne, tout simplement un endroit que vous connaissez ou que vous souhaiteriez connaître.

    Seule contrainte, vous mentionnerez  le nom d'un poète ou d'une poétesse dans votre texte.

     

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    Les habitudes sont affaires de transmission familiale, bien souvent. Quand il descend (déjà le terme descendre qui implique aller vers le sud est révélateur) en voiture tout le long des autoroutes, Dijon, Lyon, Valence, Aix en Provence, il roule à pleine vitesse et ne s'arrête que pour l'arrêt pipi, essence, café pour avaler au plus vite, les 900 kilomètres le séparant de la mer Méditerranée et du petit logement face au bleu et à l'arrière, vue sur l'Esterel. (du bleu, (azur, prusse, russe, pas porcelaine ni de Saxe et du rouge, avec cet or du soleil, à en devenir pierre lui-même, facile lorsque l'on se prénomme Pierre). 3 semaines à marcher le long du rivage, nager, lire Thomas Vinau,  et aimer Myriam, aimer avec Myriam. Et ensuite, le retour d'une traite, se séparer pour un an du logement chéri,  au lever du soleil et arriver à 19 heures si près du Luxembourg. 

    Seulement, cette fois-ci sa femme a demandé, souhaité, prié de dormir à Murat, de découvrir le Puy Mary. Pierre a hésité, son séjour sera réduit d'un jour de rendez-vous avec l'eau cristalline. Oh, il n'a pas maugréé, juste, enfin ... accepté. Le couple est parti tout doré, en bermuda clair et tee-shirt bleu. A l'arrière, le chien, aux longs poils dort. Après avoir longé la méditerranée, la route les attire vers le Massif Central. Ils sont assez nombreux. Puis dizaine de kilomètres après dizaine de kilomètres, un nuage blanc, deux et le bleu se rétrécit, gris souris et immenses ouates noires. Sur l'aire d'autoroute, les vacanciers revêtent des vêtements chauds. Trois gouttes de pluie, clapotent , les essuies-glaces font leur travail, hop et hop, puis hop, hop, hop.

    La chambre à Murat est coquette, rose, sous les toits, l'hôtesse, accueillante, souriante. Des baskets, un parapluie, un k-way et ils parcourent la ville. La pluie s'égoutte sur les lauzes noires. La ville est recroquevillée. Même, les escargots sont absents. 20 degrés de moins que dans le Sud, Pierre et Myriam sont transis. Ils découvrent un restaurant et ils commandent un pâté de pommes de terre et une salade. Le matin, il est désagréable de remettre les vêtements chauds. La pluie tombe toujours. Grise mine !

    Pierre espère une accalmie prochaine, Myriam également ! Après une heure de route, le temps ne s'améliore pas, un brouillard de plus en plus épais les enveloppe. Le paysage n'existe plus, seule règne la puissance de Water Music de Haendel. De plus en plus, le rien remplace l'arbre, les maisons. Ils suivent bien les panneaux de la route, Myriam raconte les vols en parapente de son frère Olivier, les photos de France, un ciel bleu, du vert, la montagne qui stupéfie. Paradis, éden, liberté, joie...

    Prudemment, Myriam aborde les virages, 30 kilomètres/heure. L'ascension est lente, mais où sont-ils ? Ils arrivent enfin près d'un café restaurant office de tourisme. Quelques flocons de neige accrochés sur les petites fleurs montagnardes. Pierre suit un peu le chemin, au bout de quelques mètres, il s'arrête, le café commence à disparaître. Tout est d'une telle platitude. Mais où est le panorama ? La petite chienne grelotte, les gouttelettes traversent sa fourrure blanche. Ils ont l'impression d'être en Bretagne, un jour d'août près de la pointe de Pen-Hir, à part les embruns parfumés les maltraitant. Ou en Normandie, sur la plage de Cabourg en avril. Ils se réfugient dans le café, l'atmosphère est celle d'hiver, le poêle chauffe, ils choisissent chocolat et thé bien chauds. La brume de leurs tasses s'entrecroisent. Le chien essuyé sèche. Et Myriam, toujours curieuse se rend vers la boutique, une immense carte est affichée. Elle n'en croit pas ses yeux, le paysage est époustouflant, les couleurs éclatantes, l'été, les voiles, les gens, les vaches. Cette réalité est à l'opposée de celle d'aujourd'hui. Les quelques rares touristes s'engouffrent dans la pièce, fermant rapidement la porte. 

    Elle prendra un dépliant pour s'imprégner d'un autre paysage. Pierre quelques années plus tard se souvient toujours de cet étrange lieu, si proche de l'Irlande ou du pays de Galles. Il n'oublie pas le rendez-vous manqué avec le Puy Mary bleuté, en ces moments de confinements, il y pensera avec tendresse. Toutes les beautés ne se dévoilent pas. Jamais il n'oubliera.

     

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 30 Mars 2020 à 08:20

    De bons souvenirs tout de même de ce détour comparé à la pluie qui tombe en Bretagne ou en Normandie !

    Bisous, bon début de semaine et surtout prend soin de toi

    2
    Lundi 30 Mars 2020 à 08:28

    quel talent de conteuse !

    ivre du soleil absorbé, avec eux j'ose entreprendre le périple qui les conduit à ce non pouvoir voir ... que tu décris si bien !

    amitié .

    3
    Lundi 30 Mars 2020 à 08:42

    Bonjour Andrée, sûr que Murat sous la pluie...  sans soleil, c'est pas le meilleur des souvenirs, mais  une prochaine fois... qui sait... merci, bon lundi Croqueurs, jill

    4
    Lundi 30 Mars 2020 à 09:37

    Tu es une grande voyageuse et tu nous en mets plein les mirettes. A la chaleur intense de la côte on peut y  préférer le Puy Mary où nous sommes allés un automne. Il y faisait très beau, la montagne était rousse piquetée de vaches encore plus rousses, j'en garde un très bon souvenir. Bon lundi

    5
    Lundi 30 Mars 2020 à 10:17

    Je t'ai suivi avec beaucoup de plaisir  dans ce périple dans le massif central . J'ai connu aussi ces journées où la terre et le ciel semblent se rejoindre dans un no man's land incroyable rien de tel en effet de s’arrêter et manger une bonne truffade pour se réchauffer . Mais j'ai aussi connu de superbes journées à Murat et dans les environs .

    Bonne journée 

    Bises 

    6
    Lundi 30 Mars 2020 à 10:19

    Quel joli texte, qui me rappelle tant de souvenirs ! En effet nous ne sommes pas loin du Massif Central et avons pris l'habitude, il y a quelques années, quand notre grand chien Mulder était encore là, de louer un studio à la station Super Lioran, au-dessus de Murat ; c'était généralement en février, mais nous y sommes allées une fois pour la Toussaint, alors qu'il faisait très beau, et peut-être aussi en avril, car j'ai de beaux souvenirs de moments assez doux et de belles balades. Mais ce que tu racontes me rappelle cette année de forte neige (2007), où nous avons voulu monter au Puy Mary avons été arrêtées en contre-bas : la route avait été transformée en piste de ski de fond !!

    C'est là : http://www.l-instant-secret.fr/hiver-dans-le-cantal-a112459206

    9 mars 2007 au pied du Puy Mary

    Cela dit, ton texte est captivant et bien écrit, on te suit vraiment dans cette aventure. Mais tu ne dis pas en quelle saison... C'était l'été ?

    7
    Lundi 30 Mars 2020 à 10:27

    Et pourtant, c'est si beau sous le soleil... J'espère qu'ils auront l'occasion et le courage de remettre ça une autre fois...

    C'est tout comme chez nous aujourd'hui, froid et neige, tout ce que nous n'avons pas eu cet hiver !!!!

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    8
    Lundi 30 Mars 2020 à 10:39
    marie chevalier

    moi aussi je connais cette superbe région sauvage encore un peu! je m'y voyais et c'est cela  le but  nous emmener  ailleurs et tu as réussi  bonne journée 

    9
    Lundi 30 Mars 2020 à 13:22

    J'ai aimé te lire. Je n'ai pas le temps de faire un commentaire personnalisé sur les blogs pendant le confinement. Je m'occupe de faire faire les devoirs à mes trois petites filles via skype et cela m'occupe toute la journée plus le soir et le matin l'écriture de mon livre mais je passe vous lire.  Bisous

    10
    Lundi 30 Mars 2020 à 15:12

    La beauté du monde ne se dévoile qu'à ceux qui ont de la patience.........un peu comme la panthère des neiges chère à Sylvain Tesson  Bises

    NB Mon commentaire est raturé va savoir pourquoi ?

    11
    Lundi 30 Mars 2020 à 15:51
    Renée

     m'as happée complètement tu raconte très bien ce qui ne c'est au final jamais dévoilé mais qui laisse un souvenir impérissable bravo. Bisous

    12
    Lundi 30 Mars 2020 à 15:57

    C'est important d'avoir des lieux, des moment, des sourires à ne pas oublier.

    Merci pour ce très beau partage.

    Je t'embrasse très fort.

    13
    Lundi 30 Mars 2020 à 22:05
    colettedc

    C'est magnifiquement décrit, Andrée et c'est tout à fait agréable de lecture ! Bravo ! Bonne soirée ! Bises♥

    14
    Anne
    Dimanche 5 Avril 2020 à 16:59

    Le temps n’est pas toujours au rendez-vous. Je pense que pour vraiment apprécier un lieu, une ville il faut y vivre un certain temps et partager des moments d’observation ou de convivialité.

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