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défi 212
Voici à la barre du navire pour ce défi 212, Lénaïg qui nous présente deux photos de Street Art,
ou Art de la rue, dont nous pourrons disposer à notre guise, ou en choisir une autre,
ou ne pas mettre d’image du tout MAIS le défi va consister à écrire une petite histoire
en y incluant au moins l’une des propositions suivantes :
- un regard bizarre,
- les murs ont de grandes oreilles,
- la chance me sourit.
La rue, longue et encore éclairée, rue de quartier tranquille, bordée d'immeubles ouvriers, la rue attend son passant.
Les arbres feuillus somnolent, là haut, les étoiles et quelque avion venant des îles Canaries, donnent du piquant au ciel. A cette heure presque tardive, les volets baissés, les habitants regardent une série Westworld, ce monde fabriqué. D'autres sont accrochés à leurs écrans. La rue "Eugène Sue" patiente. Un homme ordinaire, jean et casquette vissée sur la tête, fume une cigarette. La dernière de la journée, et remonte rejoindre son amante. Un chat miaule, crie même, poursuivant une grisette pas du tout énamourée. La rue s'assoupit, laisse échapper quelque brume. Seulement les murs ont de grandes oreilles et ronronnent "une silhouette, une femme, une demoiselle, une arpette".
Elle avance à pas rapides, la nuit est fraîche, elle s'emmitoufle dans son écharpe rousse. Vite, rejoindre sa voiture, garée dans une rue voisine. Tard, elle est restée trop tard dans ce café à échanger avec ses copains d'avant, rire des blagues idiotes, bref, oublier les heures à rallonge dans son travail de graphiste. Dessiner des arbres aux ramures délicates, cela prend des heures et la revue "Herbages" la presse, comme toujours, de terminer au plus vite pour la publication. Elle marche, court presque lorsque soudain elle se trouve en face du mur. Un immense chat, peint sur le mur par un grapheur pas très talentueux. Elle pense déjà à ce qu'elle aurait dessiné.
La rue retient sa respiration, les murs n'en croient pas leurs oreilles. Après la surprise, elle (Ermandine), passe à travers le mur. Les yeux du chat ont cligné. Comme d'habitude, seulement, la peur n'a pas rendu la passante héberluée, affolée, se sauvant comme les autres, ou s'évanouissant. Les yeux du chat ont cligné, une fois deux fois après son passage. Sa jambe arrière, non gainée de soie, non chaussée d'escarpin, enfin disparaît.
La nuit noire s'est évaporée, limbes roses de début d'aurore, et les yeux du chat ont perdu leur brillant. Les enfants avec leur sac à dos, se hâtent de rejoindre l'école, un petit chien brun et blanc, oreilles dressées renifle, les arbres dont les feuilles bruissent, allongent leurs branches. La rue silencieuse et les murs qui ont des oreilles attendent la nuit. Reviendra-t-elle ? Reviendra-t-elle ? A moins que, ... ou .. chut, intime la rue, patientons !
De l'autre côté,
du sable,
du sable et la mer,
le chat entraîne l'humaine
loin, loin, loin
vers l'oasis, palmiers et glouglous des fontaines.
La-bas, des chats, seuls, à deux, en groupe
des chats !
et quelques humains attirés au hasard des villes. Elle reconnaît Colette, aussi Chateaubriand et son chat Micetto,
Elle s'avance, sourire aux lèvres ....
petit clin d'oeil au passe-muraille de Marcel Aimé
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Commentaires
Je l'imagine dessinant sa propre escapade à travers le mur pour échapper à la nuit, au travail pressant et ne s'adonner qu'à sa passion pour le street art qui la dévore complètement !!!!!
Bravo Andrée ! Comme c'est bien dit, que tout cela ! Superbe participation ! J'♥ beaucoup !
Bonne fin d'après-midi et agréable soirée,
Bises♥
Superbe participation , j'aime beaucoup le fantastique que tu instilles dans ton histoire .
Bonne soirée
Bisous
Bonsoir Andrée. J'ai apprécié ton texte clin d'oeil au Passe Muraille de Marcel Aymé. Bonne soirée et bisous
12Eglantine lilasMercredi 21 Novembre 2018 à 16:04Quel beau texte, je me suis vue dans la rue avec mon cartable sur le dos, au petit matin...J'ai adoré ! Bonne journée
Bonjour Andrée, quelle merveilleuse nouvelle en légende à ce mur au chat ! Prose poétique délicieuse qui nous fait passer de l'atmosphère d'une rue en fin de nuit à un univers onirique. J'espère que l'arpette réapparaîtra pour rassurer son entourage, en gardant son secret peut-être ? Merci beaucoup, bises.
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Comme tu décris bien les petits matins en ville quand la ville s'éveille. Un bonheur de te lire. Bisous