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Défi 202
Aminautes au pied marin, pour ce défi 202, nous chalouperons tous en choeur au rythme du Tango ….
avec le moussaillon Luciole qui a choisi pour thème :
“LE TANGO EST UNE PENSEE TRISTE QUI SE DANSE !” (Enrique Santos Discépolo)
« Est-ce qu'il est nécessaire de se souvenir ? » se dit-il en écoutant Césaria Evora chanter Sentimento.
Une fête de fin d'année où s'étaient retrouvés les mis de côté, les esseulés, les migrants encore mal remis de leurs aventures. Une salle des fêtes. Grande, des bruits d'assiettes, du pétillant pour mettre un sourire sur les lèvres. Il était venu, là, lui le rescapé, aimant les rires, retrouvant sans doute des amis d'hier.
Et l'animatrice, une Burkinabé, majestueuse, joyeuse et festive, belle silhouette habillée toute en rouge et or, sourire large, tintant, oiseau du paradis, invita, invita à danser les femmes, les hommes, les enfants, un tango, un tango : « Sentimento ».
Et lui, Janvier se tourna vers sa voisine, une jeune femme, blonde, slave. « Voulez-vous danser ? ». Il lui montra la piste de danse. Déjà, Nadejda,se leva, envoya un baiser à sa mère, et le suivit tout en disant : «tango, un petit, un petit peu. » Son accent était doux, son regard fier et enjoué. Il l'enlaça et sur la piste, jamais il ne connut un si bon moment, lui toujours si triste, n'oubliant pas le Rwanda, lui qui y souffrit tant qu'il en parlait peu aux hommes de son foyer.
Son corps souple, allait, venait, et le tango, n'était pas un combat entre amants, il était histoire de la vie, les moments faciles, les traversées dangereuses, la solitude et pointait aussi la joie de se connaître. Cinq minutes, ce n'est pas beaucoup, vingt non plus. C'était une série de 4 tangos, plus elle bougeait, plus elle ressemblait à un feu follet, plus il sentait ses peines s'envoler. 4 tangos, ils tournaient, ils marchaient, ils volaient.
Cinq ans durant, Nadejda fut danseuse à Tachkent (Ouzbékistan) au grand théâtre académique, la danse était sa vie, rien ne l'effrayait ni les douleurs, ni les longues heures de répétition, juste comptaient les moments de grâce. Elle était Russe, sa mère aussi, son père Ouzbek musulman. L'ex URSS ne les protégeait plus, plusieurs fois, elles avaient été injuriées en passant la porte de la cathédrale de la Dormition. Elle souriait en lui racontant l'histoire avec son français emplie de son accent russe. Son père, son père les avait quittées, sa mère peinée, découragée. Et un jour, on leur avait intimé de partir et en lui arrachant, sa petite croix d'or, des hommes l'avaient battue, lui criant de porter un voile....
L'avion, les passeurs, Metz, la rencontre avec Soeur Cécilia, femme forte, de caractère, d'un âge à être à la retraite, les cours de Français. Elle souhaitait être professeur de danse. La soirée, passée, janvier aussi, février et mars, et un soir, elle lui annonça son départ pour Lille, où une école avait besoin d'un professeur de danse. Ancienne danseuse étoile, elle convenait au poste, et le 1er avril, ils l'attendaient les gens du Nord. Un appartement pour elle et sa maman, le droit d'asile et l'adresse d'amis de Cécilia.
Janvier était heureux et triste. Elle était partie, il n'avait pas osé lui dire comme il l'aimait, chaque jour un peu plus, son feu follet. Janvier était conducteur de bus, désormais, après bien des aléas pour trouver un travail correct. Décharger les camions, avait usé son dos. Il n'avait pas tout à fait 40 ans. Et il l'avait laissée partir lui souhaitant bon vent.
“LE TANGO EST UNE PENSEE TRISTE QUI SE DANSE !” (Enrique Santos Discépolo)
Il dansait dans la pièce claire, ensoleillée, ses bras tenant une partenaire imaginaire. Et la, la, la,
…
Triste, la sonnette retentit, il courut, il ouvrit : elle était devant lui : « sœur Cécilia nous invite ce soir chez elle, tu sais comme elle cuisine bien et je crois même qu'il y aura de la musique, Césaria Evora ! »
Il rit.
Il prit sa veste, ferma la porte et tous deux descendirent, en courant follement , dans l'escalier.
Le tango, c'est ça, des moment heureux, des moments tristes
de la passion, aussi.
encore, je vous confie
Ils existent tous les deux, lui réfugié du Rwanda, Français aujourd'hui, il habite Nancy
et elle, la danseuse, partie vivre avec sa mère dans le Nord.
Hélas, il n'y a pas eu de tango, ils ne se sont jamais rencontrés.
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Commentaires
Belle histoire qui m'a touchée très bien racontée. On aurait aimé qu'ils se soient rencontrés pour de bon tes deux personnages réels si attachants. Bisous
histoire triste d'aujourd'hui....mais joliment contée, qui sait un jour peut-être il rencontrera une ame soeur...
Bisous, MIAOU !!!!
Bonsoir Andrée. Tu nous contes une belle histoire, entre ces danseurs de tango. Dommage que dans la réalité la rencontre n'ait pas eu lieu. Bonne soirée et bisous
Une fiction à partir de personnages bien réels... c'est un magnifique récit !
Merci !
Bises et douce journée.
Hélas, comme tu le dis, ton histoire était si belle ! Trop peut-être ? Je rêve qu'elle puisse être vraie !
une bien belle et triste histoire. J'aurais aimé qu'elle soit vraie d'un bout à l'autre et que l'histoire se termine bien
bises et belle journée
C'est une belle partici"passion". Tu narres bien, je t'ai suivie avec beaucoup d'intérêt.
Merci beaucoup.
Gros bisous.
Domi.
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Quel dommage qu'ils ne se soient pas rencontrés !
J'avais tellement envie d'y croire à cette belle histoire