• défi 173 des croqueurs de mots

    défi 173 des croqueurs de mots

    Défi 173 

    Voici le défi proposé par notre capitaine Josette de la communauté des croqueurs de mots

    Après les beaux voyages vous vous êtes désaltérés… d’un drôle de breuvage, on vous a servi une boisson qui vous a statufié sur un banc public ! Racontez ce que vous voyez ou entendez ou même ce qui se passe dans votre tête…pour retrouver la réalité pour ce lundi 7 novembre 2016

     

    défi 173 des croqueurs de mots

     

    Jamais, cela ne lui était arrivé. D’habitude, il s’asseyait, jetait un vague coup d’œil, fumait une cigarette, se levait, partait.

    Là, il était immobile, statufié, son souffle s’était suspendu, ses mains toujours actives, posées tranquillement. La sensation étrange d’être retenu dans une carapace de tortue. Pierre sentit une présence sur son épaule, un rouge queue lançait quelques trilles, sa queue écarlate battait la mesure ;  ses pattes faisaient une sorte de tapotis. Un deuxième oiseau atterrit sur sa tête, piaillait, répondant à son partenaire.

    Deux enfants arrivèrent, trois ans à peu près, coururent après un ballon. Ils le dépassèrent tout à leur jeu. Une jeune femme, au visage fatigué, leur mère, s’assit tout à ses côtés, lui partageant l’amour de ses enfants, Lucas et Mario, son compagnon et la dureté de son emploi. Elle travaillait dans une usine de chocolat. Le contrôle était permanent, le froid abimait ses mains, la tâche rude. Elle rêvait d’un emploi meilleur et aussi d’un week-end à la campagne.

    Et l’homme statufié se faisait réceptacle, laissant dans le brouillard ses activités, réunions, compte-rendu, entretiens d’embauche, décisions, licenciements, caquetage d’hommes affairés, ambitieux, indispensables. La pluie se mit à tomber, des gouttes perlaient, le bousculaient comme dans un jeu de quilles, créant des ruisseaux, des rivières.

    En marchant, ses congénères émettaient des ploufs, des shhhs, des splahes dans les flaques nombreuses. L’escargot s’étirait, réveillé par l’humide ambiance.

    Etrange sensation d’être ouvert, bienheureux des vies multiples l’entourant ; un corbeau avait laissé tomber sur lui une noix qui s’était brisée à son contact.

    Sur ce banc, dans un parc urbain, il oubliait ce qu’étaient les minutes, les heures, les pies voleuses de notre vie émiettée. Cependant, il n’eut pas le temps d’être vêtu de l’or des feuilles automnales ; son souffle revint, timidement puis plus assuré ; il s’étira, posa son haut de forme et marcha vers le roi soleil.

    Nadia lui avait jeté un sort en lui offrant ce breuvage au goût de centaurée ! Et bien, c’était pour le mieux. Il donnerait sa démission dès le lendemain, acceptant l’héritage de l’oncle Jean, reprenant ses ruches, ses lavandes. Il vivrait, peinerait au milieu des oliviers, jouant à quelque jeu inutile, pétanque ou autre, aidant ses voisins, apprenant à lire à un enfant aux pieds nus.


  • Commentaires

    1
    Lundi 7 Novembre 2016 à 08:48

    J'aime beaucoup ton récit.

    Je ne sais pas ce que je ferais si j'étais ainsi statufiée, mais si je revivais ensuite, je crois que j'essaierai aussi de profiter a mieux de chaque instant...

    Belle décision pour cet homme, il saura aider autour de lui.

    Passe une douce journée. Bises.

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    Lundi 7 Novembre 2016 à 08:50

    très beau texte reflétant ne triste réalité actuelle

    tu as vraiment trouvé les mots justes pour décrire l'état d'esprit ce ces malheureux qui travaillent dur...

    Tout en y mêlant ne petite fantaisie qi fait du bien dans ces moment.. parfois l'olivier  est mieux....

    3
    Lundi 7 Novembre 2016 à 09:33

    J'ai beaucoup aimé ton texte. Une belle fin, il va enfin trouver le bonheur. Les difficultés qu'on peut rencontrer nous changent bien souvent. Ton personnage me fait penser au héros d'un livre de Gounelle que j'ai beaucoup aimé "le jour où j'ai appris à être heureux". Bisous

    4
    Lundi 7 Novembre 2016 à 09:55

    Merveilleuse idée, que ce conte de fées où le fait d'être figé sur place a valeur d'initiation ! Et tu écris bien en plus.

    5
    josette
    Lundi 7 Novembre 2016 à 17:25
    josette

    ah comme j'aime cet homme là ! vivre auprès de ses abeilles et s'occupant  pour le bien de tous !

    merci et bravo pour cette belle page

    6
    Lundi 7 Novembre 2016 à 18:50

    Bonsoir,

    Joliment écrit comme toujours.

    J’aime ta plume, ce texte est sage, Je pense qu'il sera plus heureux.

    Un joli conte.

    Bonne soirée, bisous.

     

    7
    Lundi 7 Novembre 2016 à 18:52

    un beau texte et un sortilège bienvenu puisqu'il a fait des choix qui semblent être les bons

    belle soirée

    8
    Lundi 7 Novembre 2016 à 18:58

    J'aime beaucoup l'atmosphère de ton récit , tout semble conférer à  enclencher chez cet homme une prise de conscience , un déclic salutaire .

    Bravo pour ce tres beau texte

    Bonne soirée

    bises  

    9
    Mardi 8 Novembre 2016 à 08:56

    J'ai beaucoup aimé lire ton récit, tu as parfaitement relevé ce défi.
    Une sacrée expérience que celle-ci.
    Bise et bonne journée Andrée

    10
    Mardi 8 Novembre 2016 à 11:55
    marie chevalier

    je trouve ce texte plein de poésie et  vivant et surtout  plein d'optimisme  ! bien dans le thème  bravo !yes

     

    11
    Mercredi 9 Novembre 2016 à 17:22

    Une bien jolie histoire et une bien belle écriture. il y a des sortilèges heureux. celui ci lui a permis de prendre le recul nécessaire et au réveil les bonnes décisions. 

    12
    Mercredi 9 Novembre 2016 à 17:36

    Ah sans le sort de Nadia... il serait tjs le même homme, à présent les affaires de l'oncle Jean lui tendent les mains dans une seconde vie... ;-) merci, bises

    13
    Mercredi 9 Novembre 2016 à 19:42

    C'est un joli conte avec une belle fin : un homme qui se réveille et s'éveille aux autres. Bonne soirée

    14
    Jeudi 10 Novembre 2016 à 00:01

    Finalement tu as inversé le thème de Josette, de statue il redevient vivant yes

    On ne se rend pas toujours compte que toute une vie on vit comme une statue jusqu'au jour où on a envie de retrouver goût à la vie.

    Bravo et merci pour ton partage.

    Bisous.

    Domi.

    15
    Jeudi 10 Novembre 2016 à 11:46

    Cette période immobile lui a permis de réfléchir à sa vie future. Donc finalement il a eu une expérience positive ! Bonne journée

    16
    Jeudi 10 Novembre 2016 à 17:20

    Une statue qui devient vivante... quelle joyeuse fin !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :