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  • Sur les cent milliards d'êtres humains qui ont successivement peuplé le monde avant nous, combien ont laissé une trace, un nom, une oeuvre qui ait subsisté jusqu'à nos jours? Une proportion infinitésimale.

    Le destin de l'être humain est d'être oublié.

    Pas même ceux qui se sont distingués de façon exceptionnelle à un titre ou à un autre ne survivront indéfiniment dans la mémoire collective. Combien seront encore connus dans cinq siècles ? Ils ne sont guère nombreux. La mémoire n'a jamais été aussi courte dans l'histoire humaine.

    Nous avons beau être assaillis en permanence par une tempête d'informations, nous en savons de moins en moins. Métaphoriquement parlant, notre cerveau est menacé d’explosion. Pour assimiler les informations nouvelles, il doit se débarrasser des anciennes et les consigner à la décharge. Si notre palais de la mémoire était un lieu réel, ses salles seraient remplies à ras bord depuis longtemps. 

     

    Henning Mankell

    Sable mouvant 

    Fragments de ma vie


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    Le mois de décembre approche, et le partage photos aussi. Ce mois-ci le thème est : 

     AUTOMNE en ville ou à la campagne, avec des animaux ou sans.  Les arbres se sont bien déplumés et de grands tapis se déroulent à leurs pieds. 

    Je remercie déjà les aminautes qui ont envoyé des photos. 

    Mais il est encore temps de participer, et vous pourrez envoyer vos photos jusqu'au 27 novembre à agab57070@yahoo.fr (maxi 4 photos) en indiquant également le nom de votre blog. Merci d'avance.

     

     

     


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    Matelôt Josette à la vigie pour le  Défi 195 à l’horizon

    Elle nous présente Edmond ! A partir de ce tableau (vu dans une brocante) racontez une histoire courte avec les mots incorporés : « Ciel, chaussure, coq, couronne et crapaud. »

    Elle nous attend pour le lundi 20 novembre

     

     

     

    Il me regarde, me demandant de l'aider un peu, rien qu'un peu.

    « Ils ne me comprennent pas » yeux perçants, d'un bleu polaire, moue renfermée.

    Ses parents, braves gens, l'implorent de leur parler, de leur confier, ce qui lui fait si mal.

    Edmond revient de l'école mutuelle, il termine en étant le premier . Il voudrait tant aller au lycée Saint-Vincent, y apprendre encore, lire François-René de Chateaubriand, réciter André Chénier, apprendre, passer ses soirs sur les devoirs.

    « Ils ne comprendront pas » « sauvez-moi » «je ferai tout ce que vous voudrez ! J'irai chercher le bois, je recopierai vos écrits avec ma belle écriture ».

    Les parents, sont inquiets, leur enfant, à qui ils proposent de faire un apprentissage chez un menuisier ébéniste, plus qu'un simple apprentissage, un tour de France complet, leur fils, leur Edmond, leur seul garçon. Emilie est à Lyon, dans une famille bourgeoise, chambrière de Madame.

    Edmond se renferme, il oublie, tout, la maison chaude qu'il aimait tant, les chants de sa mère, les objets en bois sculptés par son père ; le chien Barbiche, les vaches, les champs de blés, les courses à travers bois et vallons. Edmond me supplie encore davantage.

    Et moi, Amantine Dupin, qui lui ai ouvert la porte aux secrets des mots, à leur ineffable saveur, à leur goût de liberté, vais-je le laisser devenir ébéniste ? Lui dont les mains fines ne sont guère destinés à créer la beauté dans le bois.

    Edmond se fait encore plus silencieux, son regard plus acéré et ses parents se recroquevillent. Ils pourraient ordonner, tempéter. Ils pourraient frapper bien à l'abri chez eux. Non, ils sont simplement malheureux et tristes. Pour eux, le sacrifice était déjà grand de le laisser aller sur les routes des compagnons.

    Je sais que je vais changer une vie, il ne sera pas de ce monde bourgeois, il ne sera plus du monde paysan. Il chantera les alexandrins, il apprendra le latin et conjuguera nominatif, datif etc.

    Et dans un silence pesant, je mesure mes mots : « M et Mme Bonlevain, Edmond a réussi si facilement son certificat d'études que je vous offre de lui payer ses études au Lycée Saint-Vincent. Il reviendra durant les vacances chez vous. En échange, cher Edmond, je vous demande de m'aider à ranger mes documents et à lire des livres à Maurice et Solange. »

    Edmond se déplie tel un pantin, une marionnette et me saute au cou «Vous me sauvez, je vous remercie Madame et vous serai à jamais dévoué ! »

    Ses parents, immobiles, des statues, savent que la séparation est inévitable ! Leur enfant, enjoué, empressé va entrer dans un nouveau monde d'où ils se sentent bien loin. Pourtant, résignés, non pas amers, ils bougent enfin. Une larme coule des yeux de la mère, bien vite essuyée. Edmond ne boudera plus jamais, n'appellera plus au secours. Il apprendra, survivra aux moqueries des élèves mieux nés, arpentera les ministères, visitera Venise et reviendra toujours chez ses parents et Madame Amantine Dupin.

     

     

     

    Si tu sais méditer, observer et connaître

    Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;

    Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître, 
    Penser sans n'être qu'un penseur; 

     

    Si tu peux être dur sans jamais être en rage, 
    Si tu peux être brave et jamais imprudent, 
    Si tu sais être bon, si tu sais être sage 
    Sans être moral ni pédant ; 

    ..

    Tu seras un homme, mon fils.



    Georges SAND

     

    adieu, ciel, chaussure, coq, couronne et crapaud, adieu mots obligés, je vous rendrai grâce un autre jour. 


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